MAISONS D'ARTISTES
La Nicotière - La Villa Saint El
Jean Nicot - Charles Delort

Nicotiere
Armand Charnay : La Nicotière (1873)

LA NICOTIÈRE ou MAISON NICOT
158, rue du Général-Leclerc
Une tradition bien établie voudrait que Jean Nicot 1530-1600) ait vécu dans cette maison. Au vu de toutes les recherches effectuées et restées infructueuses jusque là, il semble peu probable que l'homme que l'on crédite d'avoir amené le tabac en France eut habité Bourron ! Il est cependant avéré qu'une branche de la famille Nicot s'était fixée à Marlotte dès le XVIe siècle et qu'un certain Charles Nicot y mourut en 1649 et fut inhumé dans l'église de Bourron.

Mais, comme je vous l'ai dit, nous aimons les belles légendes et nous imaginons volontiers Jean Nicot, le seigneur de Villemain, une paroisse proche de Brie-Comte-Robert, séjournant dans notre village, dans son jardin planté de plantes aromatiques et de petun, œuvrant dans une bibliothèque pleine de livres savants, revisant avec amour les notices patiemment amassées par son ami Aymar de Rançonnet, en vue de la publication du Thresor de la langue françoyse tant ancienne que moderne notre premier dictionnaire. En somme, un Jean Nicot établi dans notre "Nicotière" !

Qui était ce personnage de légende ?

Jean Nicot
Jean Nicot
Fils de notaire, très érudit maître de requêtes au Conseil du roi, Jean Nicot s'était vu confier par Henri II l'Ambassade de Lisbonne, en 1559.

Un marchand flamand avec qui il correspondait, lui ayant envoyé quelques graines de petun, (tabac) dont il lui vantait les remarquables propriétés médicinales, Son Excellence en planta dans les jardins de son ambassade pour le vérifier par lui-même.

En 1560, informé des effroyables maux de tête du jeune roi François II, il fait parvenir à Catherine de Médicis de la poudre de ce tabac dont il avait reconnu les vertus analgésiques, pour soigner son fils. Les chroniques de l'époque affirment que les migraines du prince furent enrayées par ces prises de petun, adoucissant ses derniers jours.

Pour récompenser le jeune diplomate, la reine-mère lui fit octroyer par le roi des lettres de noblesse et le fief de la terre de Villemain, située près de Brie-Comte-Robert (Seine-et-Marne).

Dès lors, le tabac fut voué à un grand succès. Appelé d'abord «herbe à la reine» par les courtisans, «herbe à Nicot» dans le populaire, Nicotiane par les savants (Linné), «la France pétuna à tout vat!»

Or il semble que si la plante fut découverte en 1492 par Christophe Colomb lors de son premier voyage aux Amériques, le véritable introducteur du tabac en France fut en réalité André Thévet*, un voyageur Franciscain originaire d'Angoulême, qui devait affirmer :

« Je puis me vanter avoir esté le premier en France qui a apporté la graine de cette plante et pareillement semé et nommé la dicte plante l'herbe angoumoisine, écrira-t-il plus tard. Depuis, un quidam qui ne fit jamais le voyage, après quelque dix ans après que je fusse de retour de ce pays, lui donna son nom. »

petun
Le "petun" d'André Thévet
M. Vigneul de Marville, parlant du tabac dans ses Mélanges d'histoire et de littérature recueillis vers 1700, nous dit : «qu'on pourrait l'appeler aujourd'hui plus justement planta regalis, ou l'herbe des partisans, d'autant qu'elle attire dans les coffres du roi plus d'or et d'argent qu'il n'en pourrait tirer des mines les plus riches ». Remarque encore valable de nos jours !

L'Ambassade de Jean Nicot dura deux ans. Il revint en France en 1561. Jouissant après son retour des modestes revenus de sa terre, il vécut à l'écart des affaires, se consacrant entièrement à la culture des belles lettres.

En 1567, il publiait une édition de l'histoire d'Aimoin, moine bénédictin de l'Abbaye de Fleury.

Il a laissé bien d'autres de ses écrits à l'état de manuscrit. Le plus important est un Traité de la marine, où figurent tous les termes utilisés par les marins dans l'art de la navigation.

La grande œuvre de Jean Nicot restera l'achèvement du Thresor de la langue francoise tant ancienne que moderne, l'un des tout premiers dictionnaires modernes de notre langue, d'après les notes assemblées par son ami Aimar de Rançonnet* (1498-1559), mort prématurément. Il appelait cet ouvrage : le baume de la langue française et le compléta jusqu'à sa mort. Il fut imprimé à Paris en 1606, chez David Douceur, avec privilège, du roi et de l'empereur.

thresor
« Thresor de la langue francoise »
Jean Nicot mourut à Paris en 1600 et fut inhumé dans l'église Saint-Paul, dans la chapelle Notre-Dame. Sur sa tombe, son épitaphe porte, outre les titres d'Ambassadeur en Portugal et de Maître des requêtes, celui de «Conseiller du roi en ses Conseils d'État et privé».

Il avait été marié et laissa postérité. Son fils, Jean Nicot, seigneur de Villemain, posséda une charge de «secrétaire du roi, maison et couronne de France et de ses finances». Il épousa Catherine Bochard dont il eut, entre autres, deux enfants mâles, savoir François, seigneur de Villemain, et Jean qui fut trésorier des menus plaisirs du roi.

Ces Nicot ont-ils un rapport de parenté avec ceux de la Nicotière ? On le saura sans doute un jour ! En attendant, plus près de nous, la Maison Nicot reçut entre ses vieux murs aujourd'hui rénovés quelques artistes de grand talent et leurs descendants !

* André Thévet (1516-1590) «André Thévet»

**Aimar de Rançonnet ou Aymar de Ranconnet, ami de Jean Nicot, dont la vie tragique nous est racontée par Pierre Driout, mérite d'être mieux connue. «Aymar de Rançonnet»

Nicotiere
La Nicotière (2003)
La légende de la Maison Nicot prétend que deux des vieilles poutres de chêne que l'on voit encore au plafond de la salle à manger provenant du Mathusalem le plus gros arbre de la forêt, auraient été offertes à Jean Nicot lors de la construction de sa maison pour le «remercier d'avoir apporté le tabac en France !»

Les premiers cadastres de la commune montrent que La Nicotière et Les Marronniers faisaient partie de la même propriété, qu'elles étaient reliées entre elles par d'impressionnantes caves voûtées d'où partait un réseau de galeries souterraines.

Un document des archives paroissiales de Bourron auquel fait allusion Isidore Lenoble, affirme «qu'un réseau souterrain datant du Moyen-Age, en partie éboulé, reliait Bourron et Marlotte de la même façon que la plupart des communes avoisinantes communiquaient entre elles afin de permettre le ravitaillement ou la fuite de leurs habitants en temps de guerres, fréquentes en ce temps-là !»

Charles Edmond Edouard Delort
(1841-1895)

Delort
Charles Delort (à droite)
au bras de son jeune frère Théophile (Photo DR)
Né à Nîmes, le 4 février 1841, Charles Delort a passé une partie de son enfance dans les environs de Bordeaux. A l'âge de 12 ans, il entra à l'École navale. Mais la rude discipline du marin ne lui convenant pas, il quitta rapidement cette carrière.

Des amis de la famille lui présentèrent M. Duhousset, un professeur de dessin de Lorient qui lui donna quelques leçons, mais le jeune Charles sentit très vite que ses parents avaient donné pour mission à Duhousset d'instruire leur fils non pas en vue d'entrer aux Beaux-Arts mais pour préparer son admission à l'École militaire.

Charles abandonna alors ses études pour rejoindre Paris.

Il arriva dans la capitale en 1859, et grâce à la recommandation du peintre Jean-Léon Gérôme, un ami de la famille, le jeune homme fut admis dans l'atelier de Gleyre où selon le critique Georges Pradel, il acquit «cette délicate, chaude et vigoureuse harmonie de couleurs qui caractérisera les œuvres de sa maturité.»

Gérôme, lui fait connaître Barbizon et Marlotte où ils rencontrent des peintres sans le sou peignant "sur le motif" pour la gloire... Imbus de leur tradition académique et de leur aisance bourgeoise, ils considèraient ces rapins comme de vulgaires barbouilleurs !

Charles Delort et son vieux maître fréquentèrent les auberges Saccault et Antony et participèrent à leurs joyeuses beuveries. Mais, Delort qui n'était pas sans fortune aimait jouir d'un certain confort. «Lassé de trouver dans les traversins des pattes de canard oubliées parmi les plumes...» il s'installa dans une annexe de l'hôtel Mallet puis, selon Mme Lalance, acquit la maison Doyen (actuel N°17, rue Armand Charnay) où avait vécu l'artiste et philanthrope Isidore Justin Taylor*.

De la présence de Charles Delort à l'Auberge Antony, Charles Moreau-Vauthier* relate dans l'Abeille de Fontainebleau du 6 octobre 1911 le texte d'une rengaine qu'on y chantait au cours de soirées bien arrosées : celle des "Trois négociants allant de Paris à Nanteau pour un baptême" dont le refrain reprenait comme une scie "Delort était !" (Voir : Bulletin des ABM N°7).

Delort
Plaisir

En 1862, Gérôme souhaitant visiter l'Égypte, Delort saisit l'opportunité de l'accompagner dans ce voyage pour approfondir ses connaissances et renforcer sa relation personnelle avec son maître. Parcourant à ses côtés l'Égypte, les Syrtes et l'Algérie, Charles Delort acquiert une solide maîtrise du métier, réalise quelques belles études dans le genre dit "orientaliste" alors très en vogue. Il souhaitait en présenter deux au Salon tout en préparant son concours au Prix de Rome auquel il échoua.

Charles Delort passa les années suivantes à Marlotte travaillant d'arrache-pied à parfaire sa technique académique, sans jamais succomber aux tentations modernistes qui fleurissaient autour de lui.

En 1866, il se sentit prêt à exposer sa peinture et commença ses véritables débuts au Salon avec la présentation de Daphnis et Chloe qui obtint un franc succès et se trouve maintenant au Musée de Nîmes.

L'œuvre obtint un franc succès si bien qu'acheteurs et collectionneurs affluèrent à Marlotte pour visiter son atelier.

Manon Lescaut
Embarquement de Manon Lescaut pour la Louisiane

En 1875, son tableau L'embarquement de Manon Lescaut pour la Louisiane fut très remarqué et lui valut une médaille.

Le peintre s'engagea derechef dans cette voie et vit s'ouvrir devant lui une brillante carrière en se spécialisant dans de pompeuses "scènes de genre" anachroniques, grandes machines historiques singeant le XVIIIe siècle. C'est en 1886 qu'il acheta la "Maison Nicot" qui appartenait à la famille Marchand et dont il transforma la grange ouverte sur la rue en atelier.

Devenu spécialiste des scènes à la mode anglaise, ce décor de relais de Poste séduisit le peintre qui y campa une vieille diligence trouvée dans l'écurie. Il reconstitua ainsi dans son jardin «des scènes champêtres avec des villageois costumés en cocher et voyageurs !»

Ces toiles ont été pour la plupart vendues en Angleterre où Charles Delort était très apprécié, ce qui explique que l'on y trouve davantage d'œuvres de ce peintre qu'en France !

Vendanges
Fête de la Vendange

«Spirituel, accueillant, sa table était des plus gaies et des mieux garnies, et l'on trouvait chez Delort bonne et joyeuse compagnie où se rencontraient artistes à la mode, musiciens venus en voisins de Haute-Claire, peintres peu gangrénés par le virus impressionniste, écrivains et hommes politiques de bonne compagnie et de bon ton.»

Dans son Journal de l'année 1885, Edmond de Goncourt nous conte une anecdote mettant en scène le peintre Delort et Daudet, prise sur le vif.

«Aujourd'hui, en sortant de la librairie, je rencontre Charpentier qui monte un moment dans mon coupé. Et Charpentier aussitôt de gausser sur la grossesse de Mme Daudet, ce secret qui est maintenant un vrai secret de Polichinelle, et de rire de l'amusante colère de la pauvre femme, qui regarde cette grossesse de l'arrière-saison comme un maléfice de ce Midi qu'elle détestait déjà tant.

Puis il me dit confidentiellement qu'un peintre, un nommé Delort, le type qui a fourni à Daudet dans son roman le personnage de Potter, un moment empêché de chercher querelle à Daudet par Scholl, qui lui aurait dit que ce serait une lâcheté de se battre avec un homme dans un tel état de santé et si peu équilibré sur ses deux jambes, est remordu du désir de se battre, devant la perspective de voir le monsieur fait d'après lui devenir un personnage de théâtre.»

[Dans la pièce comme dans le roman, le musicien de Potter donne par sa liaison avec Rosa, une fille de l'Hippodrome, l'exemple de l'avilissement où de tels liens font sombrer un grand talent.]

Delort
Charles Delort : Les Noces à Fontainebleau
«A la première des JACOBITES (drame en vers de Coppée donné à l'Odéon le 21 novembre 1885), donc, il a annoncé son intention formelle de gifler Daudet et il a fallu, lors de l'apparition de Daudet au foyer, que Charpentier entraînât le Delort dans un coin et l'empêchât, avec des paroles et presque des appréhensions de mains, de se jeter sur l'auteur de SAPHO (2).

Toutefois, l'homme, qui est rageur et brave et qui se plaint que Daudet se soit servi de confidences intimes, déclare tout haut qu'il ll soufflettera à la répétition générale ou à la première de la pièce du Gymnase et qu'il est prêt à se battre avec lui, s'il ne peut pas tenir une épée, à se battre au pistolet, à l'arme qu'il voudra.

Goncourt poursuit :Je pense à la femme enceinte, je pense à ce pauvre garçon qui, quoique mieux portant, n'est guère en état de se battre n'importe comment... Et ce qu'il y a de triste, c'est qu'il n'y a rien à faire. Prévenir Daudet, il irait au-devant du soufflet!

On ne peut qu'espérer que les deux hommes ne se rencontreront pas ce jour-là... et qu'on persuadera le peintre qu'une provocation de sa part, après un si long temps, pourrait paraître intempestive, presque ridicule.»

Travailleur acharné, Delort fut victime d'une attaque cérébrale qui le paralysa de la main droite. Courageux dans l'adversité il allait désormais peindre de la main gauche, avant de se retrouver totalement paralysé sur la fin de sa vie.

Madame Delort vécut dans cette maison jusqu'à sa mort et ses enfants vendirent la demeure en 1922, au fils du peintre Cézanne qui se prénommait lui aussi Paul ce qui entraîna quelques amusantes confusions chez les touristes béotiens qui croyaient visiter la maison du maître d'Aix-en-Provence.

Nicotiere
La Nicotière dessin de Sophie Lalance

A suivre... Paul Cézanne...

«Les Renoir : Une magnifique famille d'artistes»
VILLA SAINT EL
42, rue Murger
L'histoire de cette belle demeure nous est contée par Mme Marie-Claude Lalance dans son ouvrage Si les maisons racontaient, publié par les Amis de Bourron-Marlotte et par quelques autres mémorialistes dont l'abbé Pougeois

Hippolyte Chachignon, un meunier qui travaillait au moulin de la Fosse à Bourron vivait heureux et sans histoire à Marlotte dans sa maison quelque peu délabrée, jusqu'au jour qu'un jeune baron désespéré d'avoir perdu sa jeune épouse sous le soleil de Grèce, vint à passer par là !

Trouvant que le village lui apporterait une solitude propice à bercer sa mélancolie, il acheta la vieille maison, expulsa le brave meunier et fit édifier à sa place, en souvenir de son bonheur perdu, la maison blanche qu'eût aimé la belle disparue...

C'était en 1860.

Saint-El
Dessin de Sophie Lalance (ABM N°18)

Ludovic de Villée, baron de Saint-El, né en 1837, vécut retiré jusqu'à sa mort dans sa belle villa de Marlotte avec, pour seule compagnie, sa fidèle servante Augustine. Personnage austère et solitaire, le baron exigeait que le grand portail de la demeure restât toujours fermé.

Il s'ouvrit pourtant lors de la troisième invasion prussienne en 1871, pour laisser pénétrer un officier supérieur que le baron dut loger contre son gré...

«Il le traita convenablement mais froidement et refusa de prendre ses repas avec lui. L'officier supporta cette froideur sans rien dire jusqu'au moment de son départ. Prenant congé de M. de Saint-El, il lui dit (selon l'Abbé Pougeois) :

«Monsieur, nous avons l'habitude d'être reçus partout amicalement; votre accueil glacial est une rare exception et je ne m'attendais pas à le trouver chez vous. D'après les instructions qui nous ont été données, nous avons le droit de saisir et d'envoyer captifs en Allemagne les Français qui nous ont fait de semblables réceptions. Adieu Monsieur. En entendant de telles paroles, le baron savourait le plaisir de les avoir méritées.»

Le baron mourut à Saint-El le 16 juin 1914. Il avait légué à la Municipalité, par testament, la somme de dix-mille francs-or, à condition de créer un lavoir public et de lui faire une belle sépulture.

Mais chez le notaire, on s'aperçut que le caveau avait déjà été payé par ses héritiers...

Alors, le testament fut contesté. Une action en justice fut même instruite !

Pour que le baron pût dormir en paix au cimetière et que ses neveux et nièces soient rassérénés, la municipalité décida de donner le nom de Villée de Saint-El à la rue ouverte en face de cette maison blanche qui porte toujours son nom.

Lorsque au mois de mai 1922 elle fut mise en vente, un jeune céramiste de Cagnes, fils d'un peintre aujourd'hui célèbre qui avait vécu à Marlotte, la remarqua et en devint l'heureux popriétaire... cet artiste, c'était Jean Renoir.

Grand ami du fils du peintre Paul Cézanne ami de son père qui demeurait au village, il découvrait notre magnifique région avec le regard aiguisé du futur cinéaste qu'il allait devenir.

Alors le grand portail de la Villa St El, va s'ouvrir à nouveau pour accueillir cette illustre famille et leurs amis, dont bon nombre étaient déjà des habitués de La Nicotière (voir à ce nom).

Jean Renoir
Jean Renoir
Jean Renoir, qui était né à Montmartre le 15 septembre 1894, épousa à Cagnes le 17 janvier 1920 le dernier modèle de son père, Andrée Madeleine Heuschling, qui fut l'interprète de ses films jusqu'en 1928 sous le nom de Catherine Hessling.

Le premier, "La fille de l'eau", en 1924, fut presque entièrement réalisé à Marlotte, dans le village, à la Nicotière et plusieurs scènes ont été tournées à Saint-El. Le portail où l'on voit l'actrice sonner la cloche à toute volée, les deux allées montantes entourant l'escalier en pierre sont facilement reconnaissables, sauf les deux grands peupliers sur la rue qui n'existent plus aujourd'hui.

De leur union naquit un fils, Alain, qui grandit dans la maison de Saint-El mais assistera au divorce de ses parents le 18 juillet 1935. «En l'absence des Renoir et des gardiens, nous dit Mme Lalance, M. Emile Hisler, qui fut le fidèle jardinier de Saint-El, passait les nuits dans la maison pour veiller sur les tableaux d'Auguste Renoir, toiles que son fils, le petit Julien, n'eut jamais l'autorisation de regarder car la plupart représentaient les célèbres femmes nues aux formes bien en chair.»

Cinq années plus tard, Saint-El sera remise en vente; c'est en effet en 1940 que Jean Renoir s'embarqua pour les Etats-Unis, se remaria avec la brésilienne Dido Freine avec laquelle il finit ses jours, revenant souvent en France pour y réaliser ses derniers films, après sa période américaine.

La mort l'emporta le 12 février 1979 à Beverley Hills, alors qu'il avait consacré sa vie au cinéma; son corps fut ramené en France pour reposer dans le caveau familial du cimetière d'Essoyes (Aube).

C'est là qu'un autre metteur en scène, Truffaut, lui rendit hommage pendant la cérémonie en déclarant avec beaucoup d'émotion: «Nous continuerons à imiter Jean Renoir sans perdre de vue qu'il est inimitable».

Jean Renoir est reconnu aujourd'hui comme l'un des plus grands metteurs en scène de l'histoire du cinéma, et l'un de ses collaborateurs n'a-t-il pas dit : «Renoir, il ferait jouer une armoire !...»

A la Libération, lorsque l'État major des forces françaises établit le Quartier Général de la Divison Leclerc à Marlotte, la Villa St El hébergea des officiers et le 8 juin 1945, un grand gala y fut organisé.

À cette époque, selon Mme Lalance, la maison appartenait à M. et Mme Paul Martin, "collectionneurs d'art".

 
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