BOURRON-MARLOTTE
Artistes en marge : Nino Busetto, Josef Szulc

JOSEF SZULC
(1875-1956)

Joseph Szulc

Joseph Szulc (on prononce "Choultz") est né Josef Zygmunt Szulc en Pologne, en 1875. En 1899, il est à Paris pour parfaire ses études musicales (composition et direction d'orchestre). Il sera formé notamment par Massenet, avant de s'installer, en 1903 à Bruxelles où il est, à vingt-huit ans, nommé chef d'orchestre au Théâtre de la Monnaie.

Sa carrière s'annonçait brillante - elle a débuté d'ailleurs, par un ballet Ispahan très bien accueilli et diverses mélodies dites sérieuses - mais Szulc a d'autres idées en tête : il a l'ambition de devenir un compositeur populaire.

Son épouse, la ravissante Suzy Delsart, divette d'opérette qui interprêta le rôle de la Veuve Joyeuse de Franz Lehar dans sa présentation française, n'est sans doute pas étrangère à ce désir.

Suzy Delsart
Suzy Delsart
En 1908, il adapte une comédie de Pierre Veber, Loute puis, en 1914, il se lance dans Flup ! sur un livret de Gaston Dumestre. Les deux œuvres, plus particulièrement la première, sont dans le plus pur style viennois. «Mais Flup ! contient un tango, ce qui lui donne un parfum d'opérettte moderne avant l'heure!» précise Didier Roumilhac.

Flup! qui triompha en 1920 avec Dranem dans le rôle-titre, est aujourd'hui considérée comme la première vraie comédie musicale française.

La même année, ce sera au tour de Titin (avec Polin, cette fois) - livret de Gaston Dumestre encore mais aussi de Roger Ferréol - d'éblouir Paris. - Szulc sera alors lancé.

Entre 1922 et 1938, Joseph Szulc composera la musique de pas moins de dix-sept comédies musicales qui comptent parmi les plus applaudies de l'époque.

Un de ses grands succès fut Mannequins (1925) - livret de Jacques Bousquet et d'Henri Falk - dont on a tiré un film en 1933 avec Noël Noël dans le rôle principal.

Quant à Flossie elle compte dans sa distribution deux futures vedettes en les personnes de Jean Gabin et de Mireille.

Flossiet
Charpini fit partie de la distribution de Divin Mensonge de Szulc (en 1926).

Depuis le début du XXe siècle, les Szulc passaient tous leurs étés à Marlotte notamment à la Villa Suzon (8, rue Cicéri), puis, au N° 14 de la même rue, aux Fauvettes surnommée L'Atre après que leur ami Buzzetto y eut sculpté une monumentale cheminée en plâtre. Durant la dernière guerre, ils séjournèrent aux Violettes, 7 rue Palezzi. Mme Lalance* nous dit que recherché par les Allemands, Josf Szulc fut hébergé durant quelques mois par le baron Le Guay dans l'ancien atelier d'Héseltine, à la Bastie.

Mais c'est sans doute grâce à la célébrité de son épouse très prisée en Allemagne que Josef Szulk ne fut pas déporté durant la Seconde Guerre Mondiale et put achever Pantoufle (1945) sur un livret de Willemetz.

Joseph Szulc est décédé en 1956.

AGOSTINO BUZZETTO
alias NINO BUSETTO
(1887-1940)
Nino
Nino Busetto : Portrait

Agostino Buzzetto (Nino) nous est davantage connu par la petite histoire que par son œuvre.

Voici la vie anecdotique de ce personnage attachant, telle que j'ai pu la reconstituer, trop belle pour être vraie !

Peintre et sculpteur originaire de Savone en Italie. (Certaines sources disent : Gênes. De toute façon la biographie de cet artiste reste à établir). Sa famille produisait depuis des générations un petit vin blanc élégant, recherché par les gastronomes.

Dès le plus jeune âge Nino aimait dessiner, peindre et sculpter, si bien que son père désespérait de le retenir sur le domaine familial ou de lui faire poursuivre des études plus sérieuses.

A l'âge de dix ans, Nino sculptait les vieux ceps des vignes réformées, créait un tire-bouchon très original à l'aide de clous forgés implantés dans le nœud torturé du manchon d'un cep.

A quinze ans, il savait peindre à l'aide de pigments broyés composés par lui-même, sculpter le bois et la pierre avec une facilité déconcertante, sans disposer d'autres outils que ceux qu'il se fabriquait.

Aimant chanter, jouer de la flûte, ayant l'oreille fine, et très adroit de ses mains, il taillait ses propres instruments dans des bois choisis, durcis et imprégnés d'une résine spéciale de sa composition.

Parfaitement autodidacte, doué d'une grande habileté manuelle et d'une imagination créative, tout ce qu'il faisait était original, unique en son genre.

Bohemiens
La caravane des Bohémiens par Van Gogh
Un jour, las des jérémiades d'une famille qui ne reconnaissait aucun de ses talents mais le traitait de fainéant, de propre à rien, il suivit une petite troupe de bohémiens qui l'adopta.

Les forains allaient de village en village, jouant sur les places lorsqu'on les y autorisait ou, au bord des routes, en pleine nature, où des rares passants s'arrêtaient pour les admirer.

Les bohémiens passèrent la frontière, se produisirent sur la Côte d'azur, remontant jusque dans la vallée du Rhône.

Là, Nino les quitta pour gagner Paris à pied, en flânant, chantant et jouant de ses différents instruments afin de recueillir quelques sous.

Dans la capitale, devant le rire de ses amis de rencontre lorsqu'ils essayaient de prononcer son nom "Buzzetto", il le francisa en "Busetto".

Durant quelques mois, le jeune Italien se frotta à la bohême parisienne, vivant parmi des artistes enthousiastes mais comme lui sans le moindre fifrelin.

Qui l'amena un jour à Marlotte et le présenta aux Szulc ? Était-ce sa belle voix, ses talents divers et variés qui séduisirent ce couple de généreux musiciens qui l'admirent dans leur cercle d'amis ?

Les Fauvettes
Les Fauvettes ou L'Atre
On connaît peu de choses sur la vie que mena Agostino dans notre village, encore moins sur ses moyens d'existence.

Il se peut que ce fut grâce à la générosité de ses amis Szulc, artistes déjà célèbres, qu'il parvint à se faire connaître et apprécier dans la colonie de Marlotte. L'épouse du pianiste et compositeur, Suzy Delsart, était en effet devenue une vedette de la scène parisienne et internationale suite à sa création du rôle de La Veuve Joyeuse de Franz Lehar dans l'adpatation de Flers et Cavaillet.

En tout cas on retrouve Nino Busetto à La Métairie, au N° 87 de la rue Murger, lorsqu'il travaillait à la Faïencerie de Marlotte avec Émile Mousseux. Quelques rares objets qu'il réalisa durant cette période sont parvenus jusqu'à nous.

Céramiques signées Busetto
A quelle époque exactement Buzzetto vécut-il à Bourron-Marlotte, quels étaient ses moyens d'existence, avait-il renoué avec sa famille ? autant de questions demeurant jusqu'ici sans réponse.

Nino Busetto ou Buzzetto regagna l'Italie à la veille du conflit de 14-18, s'engagea dans l'armée comme volontaire. Après la guerre, il voyagea beaucoup, peignant des paysages et des portraits de commande à Milan, Venise, Rome puis à Vienne, Budapest, Prague, villes où sa nature généreuse, son caractère impétueux et son charme lui valurent de belles amours, quelques duels et de nombreuses dettes impayées.

On aurait retrouvé en l'an 2000 un Journal écrit de sa main, relatant sa vie aventureuse, digne de celle de Casanova.

signora
Nino Buzzetto : Portrait d'une Signora

Bourron-Marlotte: Un Village qui se raconte

 
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