Mireille Havet
(1898-1932)

Mireille Havet
Elle est la fille du peintre Henri Havet (1862-1913), petit maître figuratif de l'époque symboliste qui fréquenta dès sa création, le phalanstère du peintre Armand Point à Bourron-Marlotte, côtoya Oscar Wilde et fricota avec les Rose+Croix du sâr Péladan.

Artiste propret, touche à tout sans génie, Henri Havet inocula sans doute à sa fille Mireille son trop-plein d'ambitions avortées, et déversa en elle son aspiration refoulée vers la réussite.

Ce fut par son père, familier de Haute-Claire, qu'adolescente précoce Mireille connut Philippe et Hélène Berthelot, un couple hors-normes, qui allait la prendre sous son aile. Ce milieu très libre joua un rôle déterminant dans l'initiation de sa vie artistique, mondaine et… lesbienne. Ce fut dans le brillant salon de cet éminent diplomate du Quai d'Orsay, que Mireille rencontra de nombreuses personnalités du Tout-Paris littéraire.

Guillaume Apollinaire, qui avait correspondu avec Léontine Havet, appelait Mireille « la petite poyétesse ». Elle fit la connaissance de Jean Cocteau, qui en 1926 lui confiera le rôle de la Mort dans « Orphée » et Colette, dont la jeune fille avait dévoré la série des Claudine, et qui, en 1916, accepta gentiment de préfacer son premier conte La Maison dans l'œil du chat.

Par Colette et les Berthelot, Mireille Havet entra en relation, en 1917, avec l'une des plus grandes figures du Paris libertin de l'époque, l'Américaine Natalie Clifford Barney, dont elle fréquenta quelque temps le salon de la rue Jacob. Elle s'y lia avec plusieurs lesbiennes du grand monde, telles la poétesse Lucie Delarue-Mardrus, la comtesse Marie Murat ou la duchesse Élisabeth de Clermont-Tonnerre.

Mireille Havet serait bien oubliée aujourd'hui si, avant de mourir en 1932, abandonnée de tous, elle n'avait confié ses papiers intimes à Ludmila Savitzky, sa dernière amie.

Soixante ans plus tard, en 1995, son héritière retrouvait par hasard, dans le grenier de la maison familiale, le Journal intime qu'écrivit de 1913 à 1929 la camarade de son aïeule. « Quelques milliers de pages incandescentes et crues, écrites au pistolet, que se chargea aussitôt d'éditer Claire Paulhan, goûteuse de textes rares. » Ce fut une révélation.

Mireille Havet

 


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