Doumer est un homme sobre, austère, il ne fume pas, ne boit pas d'alcool, travaille d'arrache-pied, se contente de plaisirs simples, lecture, jardinage, promenades en forêt, entrecoupés de longues siestes indispenables à son équilibre.

La chronique locale prétend que Madame Doumer ayant une santé fragile passait ses journées allongée sur une chaise-longue tandis qu'André et Armand ses deux derniers garnements de fils, dans l'âge bête de l'adolescence, tiraient au revolver dans les portes du grenier ou du sellier de la maison, n'hésitant pas à viser de leur carabine les pommes, les poires, les tomates ou les poules des voisins.

Quelques années plus tard, André et Armand Doumer tomberont au champ d'honneur ainsi que deux autres de leurs frères, lors de la Guerre de 14/18.

Élu Président de la République en 1931, son mandat fut écourté car il sera assassiné l'année suivante par Paul Gorgulov, lors de la Vente des écrivains combattants organisée par la Société des Gens de Lettres à l'hôtel particulier de la rue Berryer.

Gorgulov, un médecin, émigré russe quelque peu exalté, déclara avoir voulu par son acte, se venger de la France qui refusait d'intervenir contre les Bolchéviks bourreaux de son pays.

Dans le contexte de l'entre-deux-tours des élections législatives de 1932, ce meurtre fut l'objet d'une incroyable guerre médiatique où chacun des partis présents sur l'échiquier politique accusa ses adversaires d'avoir armé le bras de l'assassin pour déstabiliser l'État français.