JACQUES ARNAL

 

LE COSMOS VIVANT
Brève histoire de la Vie

 


Livre IV
SOUVERAINETÉ DE L'HOMME

 
"L'homme n'est qu'un roseau,
le plus faible de la nature
mais c'est un roseau pensant.
Il ne faut pas que l'Univers entier s'arme pour l'écraser.
Une vapeur, une goutte d'eau suffisent pour le tuer.
Mais, quand l'Univers l'écraserait,
l'Homme serait encore plus noble que ce qui le tue,
parce qu'il sait qu'il meurt,
et l'avantage que l'Univers a sur lui,
l'Univers n'en sait rien." ( Pascal)

 
Alors, si l'Homme est seul dans un Cosmos dont il arrache quelques lambeaux, s'il n'y a personne autour de lui, au-dessus et au-dessous de lui dans cet humain voyage, si la ou les divinités sont seulement sorties de son imagination inquiète, c'est qu'il est, lui, une sorte de dieu, en tous cas le seul à s'asseoir à la place qu'ils auraient occupée.

 
Ne donnons pas à ce vocable la valeur absolue de la toute puissance qui n'appartient qu'au principe créateur, c'est-à-dire aux forces du Cosmos. Comme le principe créateur, en dehors de l'acte de création dont la matière est issue, n'a jamais et ne pouvait pas en tant que principe, manifester quelque sollicitude aux produits vivants de cette création, force est bien de considérer que l'Homme, dans sa relativité, dans ses imperfections, dans sa dérision parfois, dans sa grandeur toujours, ne peut attendre de salut que de lui-même.

 
"Ne peut attendre de salut que de lui-même". Seul pour se réjouir, seul pour souffrir, seul pour trouver les solutions de ses problèmes, seul pour se condamner ou s'absoudre, ainsi en ont décidé les lois impénétrables du Cosmos. Cependant toute souveraineté comporte des dangers et engendre des devoirs.

 
Les dangers? C'est d'être ébloui par sa puissance et de ne pas savoir s'arrêter à temps. L'humanité tient aujourd'hui entre ses mains la possibilité de sa destruction, elle n'a que le choix des moyens. Pour la première fois dans son histoire le vivant peut se donner la mort, opérer son propre suicide, total, définitif. Le danger est immense et réel car les lois morales de la civilisation actuelle sont bien loin du degré technologique de cette civilisation. Le monde marche avec des jambes inégales, une courte pour l'éthique, une longue pour la technique. Il boite grotesquement et risque de choir au bas du ravin sans même avoir eu conscience de son infirmité.

 
La technologie envahit aujourd'hui notre vie, nous sépare de plus en plus des valeurs naturelles. Nous aurons accompli un progrès décisif lorsque nous dirigerons la technologie en fonction de nos besoins au lieu d'être dirigés par elle en fonction de nos profits.

 
La Loi absolue

Le Troisième millénaire sera spiritualiste ou il ne sera pas, il reviendra aux valeurs morales ou il disparaîtra.

Les devoirs?

Les devoirs les plus simples sont les plus efficaces. Dans les siècles qui viennent, si rien d'irréparable n'est commis, l'éthique, science de la morale, science du Bien, la règle d'or des nations comme des individus, se résumera en deux commandements, non seulement acceptés mais désirés:

 
- La Bonne Volonté.
- Le Respect des autres.

Qu'on ne juge pas trop vite, qu'on ne taxe pas de puérilité ces deux commandements qui semblent aller de soi et paraissent même être appliqués depuis longtemps. Ce serait une grave erreur. Non, ils ne sont pas appliqués et nous n'enfonçons pas de porte ouverte. Effectivement, condenser l'immensité d'un code moral, ses règles, ses enseignements, ses contraintes en deux petites propositions qui ne chantent même pas à l'oreille, peut passer pour une plaisanterie d'intellectuels blasés.

 
Rappelez-vous que dans un autre domaine d'une dimension aussi grande, la fameuse formule permettant de transformer l'énergie en matière, c'est-à-dire de jouer ni plus ni moins au créateur, est d'une impressionnante simplicité.

 
La Bonne Volonté et le Respect des autres.

Un prince de l'esprit, Emmanuel Kant, a parlé de la Bonne Volonté avec des mots de son idéalisme. Lisons et méditons: "De toutes les choses que l'on peut concevoir en ce monde et même hors de ce monde, il n'en est qu'une qui puisse être tenue pour absolument bonne, bonne sans restriction, c'est une bonne volonté." (Fondements de la métaphysique des mœurs).

 
Tout est dit sans phraséologie inutile, l'idée s'impose d'elle-même car on comprend immédiatement qu'il ne s'agit pas d'une volonté quelconque, d'une pulsion ordinaire dirigée vers la réalisation d'un but passager, d'un de ces bons sentiments individuels ou mondains qui hantent les salons et donnent bonne conscience à ceux qui s'en réclament. C'est autre chose d'infiniment plus complet, plus vaste et plus actif qui n'entrera dans aucun cadre, aucun carcan mais touchera tous les aspects, sans exception, de la vie personnelle, familiale et sociale.

 
Cette Bonne Volonté est en quelque sorte la somme, l'addition de toutes les volontés orientées vers le Bon et vers le Bien, sans limitation d'aucune sorte, sans calcul ni arrière pensée, dans une disponibilité permanente.

 
Déjà, il y a bien longtemps, le Digeste avait ainsi défini le Droit: l'art du bien et du juste. La Bonne Volonté est encore plus que cela puisqu'elle n'a pas besoin d'un cadre juridique pour se manifester. Elle est la Loi, l'unique loi d'où découleront toutes les autres. A vrai dire, puisque nous manions des idées absolues, il ne nous est pas interdit d'aller jusqu'au bout et de penser que la conscience humaine n'aura même plus besoin d'aucune loi si elle fait de ce commandement la base de ses résolutions.

 
Utopie?

 
Pour l'instant utopie complète, rayon de soleil qui essaie de percer les nuages de la médiocrité, de l'égoïsme et de la petitesse. Ce n'est qu'une sorte de panneau indicateur planté au milieu du désert montrant la direction que doit suivre l'humanité. Mais c'est déjà beaucoup de savoir que ce panneau existe même si personne ne le regarde.

 
La Bonne volonté, le besoin profond, le désir ardent du Bien, l'altruisme devenant un réflexe conditionné de l'esprit, est donc dans ce monde et sans doute aussi dans l'autre la seule chose qui soit totalement et parfaitement bonne.

 
Le second volet de la règle d'or, le Respect des autres, plus immédiatement saisissable, n'en constitue pas moins le prolongement. Il est évidemment compris dans les dispositions du premier mais ajoute la précision qui pouvait encore lui manquer, complément nécessaire autant sur le plan des principes que sur le plan pratique des relations humaines.

 
Pourrait-il se suffire à lui-même? Presque. Le respect de la personne physique et morale des autres étant déjà un facteur de sérénité, de calme et de progrès. C'est une reconnaissance et une affirmation des droits réciproques de tous ceux qui vivent, espèrent, agissent en ce monde, quelles que soient leur couleur, leurs convictions, leurs habitudes.

 
Le respect des autres est donc fait de tolérance, de générosité, de patience.

 
Ce sentiment ne doit pas s'appliquer seulement à la famille de l'Homme, il doit s'étendre à tout le règne du vivant, à tout ce qui témoigne humblement ou superbement d'un essai de la matière organisée.

 
Les écologistes vont donc dans le bon sens lorsqu'ils s'opposent courageusement aux destructions aveugles et aux dangers de toutes sortes qui menacent nos existences.

 
La valeur de l'Homme se mesure à son respect de la Vie

Cependant le respect des autres, si admirable et souhaitable qu'il soit, ne constituerait qu'un sentiment statique, une perfection immobile qui ne prendrait pas en charge l'incessante fluidité de cette vie. C'est alors que le premier volet, la Bonne Volonté, lui insufflera le dynamisme nécessaire à son affirmation.

 
Les sceptiques, les pessimistes, ce qui revient au même, les étriqués, les apathiques, les incapables d'enthousiasme, ont beau jeu de sourire et de hausser les épaules en estimant que tout cela n'est que songe creux, fumée, vue de l'esprit irréalisable et dangereuse. C'est vrai pour les courtes vues. C'est vrai pour ceux qui ne pensent pas. C'est vrai pour ceux qui ne peuvent vivre qu'au présent alors que par définition le présent est instabilité et que rien n'apparaît plus insaisissable que la seconde qui passe. Le présent n'est que le passage galopant d'un avenir cherchant son identité dans un mouvement perpétuel. Ceux qui veulent construire l'avenir savent qu'aucun songe n'est creux, irréalisable ou dangereux quand on veut améliorer la condition humaine.

 
Faudra-t-il beaucoup de temps? Enormément de temps? pour adapter les deux béquilles de la Bonne Volonté et du Respect des autres au corps vulnérable et boiteux de l'Homme? Peu importe, l'essentiel est d'en avoir conçu les plans et déposé le brevet. Le reste viendra tout seul dans l'accomplissement d'une évolution morale irréversible. Irréversible même si l'Homme retourne parfois aux cavernes de son enfance comme pour se soulager d'une lointaine obsession de férocité.

 
Au départ de cette futurologie bouillonnante on trouve de doux rêveurs perdus au milieu de penseurs chevelus qui se crèvent les yeux à sonder les horizons pour y déceler la lueur pâlotte de l'aurore.

 
Ils s'expriment les uns et les autres avec des mots différents, ils jouent d'instruments divers qui n'ont pas les mêmes claviers, mais ils sont animés par la même foi, par la même ferveur que celle qui soulevait les premiers apôtres. Ceux-ci, les apôtres des Catacombes, découvraient le message du Christ, l'amour du prochain, comme les disciples de Pythagore avaient, sept cents ans plus tôt, découvert les Rythmes de l'harmonie et de la beauté.

 
Aujourd'hui que le monde, malade de la vitesse, s'est rapetissé comme une peau de chagrin, que les hommes ont parcouru montagnes, continents et forêts, qu'ils ont plongé au tréfonds de la matière jusqu'aux limites de l'invisible, il reste à placer celui qui bénéficie de tous les acquis: l'Homme du Troisième Millénaire, à sa véritable place dans le Cosmos éternel.

 
"D'aucuns aiment à répéter que nous vivons une révolution de l'intelligence. Incomparablement plus extraordinaire sera demain une civilisation de la conscience." Albert Ducrocq

 
Dieu et l'Homme

Puisque nous sommes là sur cette Terre que quelques optimistes ont qualifiée de "vallée de larmes", il est bien certain et bien évident qu'un "Grand Architecte", un "Subtil Ingénieur des choses", une "Cause Première", un "Fabricateur souverain", selon les vocables des uns et des autres, a présidé à notre naissance. Sinon directement, au moins indirectement en promulguant les lois qui ont rendu possible l'éclosion de la Vie et de l'Intelligence. Rémy Chauvin n'a-t-il pas écrit "notre esprit ne peut fonctionner qu'entre certaines limites logiques et, notamment, l'obligation de ne pas se nier soi-même."

 
Mais il faut revenir à G. Weil qui ne mâche pas ses mots quand il maugrée "Si l'on fait appel à un créateur, son intervention se borne à fixer les règles du jeu".

 
Voilà le problème posé en un minimum de mots.

 
L'idée d'un Dieu créateur est inévitable, et inévitable aussi que ce Dieu des origines soit l'auteur de toutes les lois d'où la Vie est sortie. Mais ensuite, du fond de leur solitude infinie, les hommes ont rêvé que ce Dieu des origines pouvait descendre de son Cosmos pour prendre part à leurs joies, à leurs espoirs, à leur misère. Ils lui ont élevé des églises, des temples, des mosquées, des synagogues et allumé des cierges.

 
Hélas, notre voyage dans le temps nous a enlevé tout faux espoir et conforté au contraire dans cette constatation glorieuse, à défaut d'autre chose, que le vivant s'était débrouillé tout seul sans l'aide d'une puissance extérieure et qu'il continue à se débrouiller tout seul. D'où le mot de Laborit "Dieu est une expression valise" où l'on jette pêle mêle le Maître incontestable du Cosmos et toutes les divinités plus ou moins dérisoires issues de notre imagination.

 
Ce n'est pas d'aujourd'hui. Montaigne s'esbaudissait à l'idée que Xénophane "faict Dieu rond, voyant, non respirant, n'ayant rien de commun avec l'humaine nature, alors qu'Epicurus faict les dieux luisants, transparents et perstables..." tandis que Cléanthe s'arrache les cheveux pour savoir si Dieu n'est pas tout simplement la Raison, ou le Monde ou l'âme de la Nature, ou la Chaleur suprême... alors que Diagoras ou Théodorus nient tout sec qu'il y eut des dieux. Dans la mythologie babylonienne certains dieux déchus étaient relégués dans quelques prisons obscures du cosmos.

 
Ces divinités au rabais ont eu au moins le mérite de préparer l'avènement d'une autre divinité, précaire, fragile, transitoire mais ascendante: celle de l'Homme.

 
Il est d'ailleurs parfaitement vain de vouloir donner une description quelconque du Dieu-des-origines. Il échappe à notre entendement. On sait qu'il existe puisque nous existons. Un point c'est tout. L'image anthropomorphe que dépeignent certaines religions avec ses deux jambes, ses deux bras, ses oreilles, ses yeux, sa bouche et à l'occasion sa grande barbe, est puérile et dérisoire. La meilleure image-définition a jailli du cerveau de Malebranche, l'auteur de "la vision de Dieu" quand il dit "dieu est le lieu des esprits comme l'espace est le lieu des corps."

 
Des philosophes ésotériques ont alors émis l'idée que l'Architecte suprême pouvait être une gigantesque structure d'une énergie particulière engendrant les réactions que nous nommons à notre échelle Intelligence et Volonté, les deux leviers de la Vie. Cette structure engloberait tout l'Univers de sorte que nous ne serions plus que des particules infimes à l'intérieur de la divinité, participant à tous les moments de son activité et de sa pensée. L'Univers entier présent à tout instant dans chacune de ses parties. Voilà qui expliquerait peut-être le fameux paradoxe Einstein-Podolsky-Rosen où deux particules issues d'une même source restent en rapports constants quel que soit leur éloignement l'une de l'autre et s'influencent mutuellement. Mystère qui ne reçut jamais d'explication et désespéra Einstein lui-même.

 
*

Jacques Brel disait un jour "Nous sommes des créateurs et par conséquent nous sommes des Dieux." Jacques Brel avait raison. Nous sommes assis sur un trône que nous avons fabriqué nous-mêmes, d'où nous pouvons nous payer le luxe d'interpeller le vrai Dieu, celui des origines, pour lui demander les raisons de ses silences, pour lui demander les raisons de nos souffrances. Mais puisque rien n'est dû au hasard, l'émergence du vivant, et spécialement de l'Homme, correspond bien à un plan, à une idée précise inscrite dans la matière dès avant sa naissance. Le Cosmos, illimité et indéterminé, s'est divisé et individualisé dans les êtres vivants. Sans doute que le Dieu des origines l'a voulu ainsi et sans doute aussi que ses silences et son abstention correspondent à la volonté de voir l'Homme mériter lui-même le trône sur lequel il est assis aujourd'hui. Ceci est une première vérité. Il en est une autre beaucoup plus importante qui donnera la valeur exacte que nous devons attribuer à la Vie. Pour cela il faut faire du catastrophisme, regarder la fin des temps au fond des yeux.

 
La fin des Temps

"Monsieur le curé m'a dit qu'un déluge de feu s'abattra sur le monde pour punir les méchants", m'a confié Séverine.

 
M. le curé a dit vrai mais le déluge de feu annonçant la fin du monde punira aussi bien les méchants que les autres.

 
Aucun auteur ne s'est délecté autant des avatars ultimes de l'Univers que Trinh Xuan Thuan, savant astro physicien de l'Université de Virginie. C'est important, non pas dans l'immédiat puisque les cataclysmes prédits ne se produiront que dans des milliards d'années, mais pour la valeur même que nous devons attribuer à la matière.

 
Pensons d'abord à nous, pauvres Terriens à qui la Terre offre l'aspect rassurant de l'éternité. Et pas seulement la Terre mais le Soleil qui, pense-t-on, ne s'éteindra jamais.

 
Pourtant le Soleil, étoile jaune moyenne, à 150 millions de kilomètres de nous, est, comme toutes les étoiles, une bombe thermonucléaire permanente fonctionnant à l'hydrogène. Ce sont les 15 millions de degrés de son cœur qui lui permettent de fusionner l'hydrogène en hélium et d'en tirer son énergie, son rayonnement et sa chaleur.

 
Mais justement parce qu'il y a fusion permanente il y a usure permanente et cela ne saurait durer indéfiniment. Trinh nous le dit sans périphrases inutiles et je cite textuellement ses propos: "Dans 4 milliards et demi d'années le soleil aura brûlé toute sa réserve d'hydrogène. Il entamera alors sa réserve d'hélium. Cette nouvelle source d'énergie fera gonfler l'enveloppe de notre astre jusqu'à 100 fois sa taille actuelle et il deviendra géante rouge. Mercure et Vénus se perdront dans son enveloppe brûlante. Les terrestres verront le Soleil envahir leur ciel de son disque rouge. La géante rouge chauffera notre planète jusqu'à 1 200 degrés. L'atmosphère s'envolera. Les mers s'évaporeront. Les rochers se volatiliseront. Les jungles brûleront..." (La mélodie secrète, Ed. Fayard)

 
Bigre! Nos arrières arrières petits enfants n'auront plus qu'à sauter dans leurs vaisseaux spatiaux pour s'enfuir vers une autre galaxie... qui sera d'ailleurs guettée par les mêmes dangers. Ce ne sera pourtant qu'un répit. Les lois du Dieu des origines poursuivront inexorablement leurs effets. Dans 100 milliards d'années les étoiles s'éteindront les unes après les autres laissant dans le ciel l'angoisse mortelle d'une nuit impénétrable. Puis les galaxies deviendront des trous noirs galactiques.

 
Plus tard encore ce sera le grand enterrement, sans fleurs ni couronnes, tous les protons, base même de la matière, se seront désintégrés. La purée d'électrons, de positons, de neutrinos et de photons préparera alors un nouveau Big Bang dans un Univers revenu à ses origines. Puis tout recommencera et, 15 milliards d'années plus tard, sur une planète quelconque une "quantité négligeable" dressera le tableau de la hiérarchie des choses d'un nouvel Univers, s'émerveillera de la précision des lois fondamentales et posera au Grand Architecte des questions impossibles.

 
*

D'ailleurs à regarder les choses de plus près on est obligé de constater que, si l'Univers est une formidable machine à créer les mondes, il est aussi une formidable machine à les détruire: galaxies en collision, explosion de supernovae libérant l'énergie de cent milliards de soleils, géantes rouges incendiant tous leurs voisins, galaxies cannibales dévorant des étoiles plus petites, trous noirs où disparaît même la lumière... holocaustes gigantesques qui volatilisent les systèmes solaires et leurs planètes en atomes lourds pour le plus grand bien des champs où poussent les étoiles nouvelles. Eternels recommencements.

 
Et l'on se demande si la Vie telle que nous l'entendons a sa place dans ce remue ménage qui semble l'ignorer. Sans doute puisque nous existons et que nous pensons. Il y a sur certaines planètes privilégiées suffisamment de temps pour qu'elle puisse s'épanouir et chercher désespérément l'explication de son existence.

 
Peut-on accepter sans réserve de tels avertissements? Il semble que oui. Les astro-physico-mathématiciens de tous les pays sont d'accord comme larrons en foire et, comme ils ne peuvent pas tous se tromper, force est bien d'accepter les perspectives de leurs calculs.

 
Mais alors qu'est-ce que cela veut dire?

 
Cela veut dire que nous ne sommes rien. Nous le savions déjà mais c'est maintenant beaucoup plus grave parce que la matière, toute la matière de l'Univers, pas seulement notre poussière à nous, est condamnée à l'anéantissement le plus total dans un temps plus ou moins long, mais dans un temps qui arrivera inéluctablement. Assez rapidement pour nous les terriens, et beaucoup plus tard pour le reste de l'Univers. Cette révélation du sort réservé à toute la matière, son anéantissement total est la notion la plus importante de la science et de la philosophie. Elle éclaire la Vie d'un jour nouveau en lui donnant sa véritable valeur. Par conséquent la matière était programmée deux fois dès sa naissance: engendrer la Vie, l'Intelligence et disparaître ensuite de l'Univers. En ce qui concerne l'Homme on en vient à résumer le problème en admettant que la matière n'aura servi qu'à une chose précise: fabriquer des corps cosmiques avant de s'anéantir.

 
*

L'hindouisme et le bouddhisme s'inspirent de cette vérité pour proclamer la "vacuité", le vide universel où tout n'est "rien-que-pensée", identité universelle au sein du monde de l'illusion.

 
Et la voix chevrotante de Marguerite Yourcenar s'élève dans un ciel désolé: "Qu'est l'Homme, que n'est pas l'Homme? L'Homme est le rêve d'une ombre. Ces vers de Pindare suffisent à contenir désormais pour chaque homme la double absurdité de vivre et de mourir."

 
La double absurdité de vivre et de mourir. Comme Marguerite devait être seule quand elle écrivit ces lignes désespérées. Car c'est tout le contraire qui doit sortir d'une saine évaluation des choses.

 
Sans doute la matière est-elle promise au néant. Sans doute ne sommes-nous que du vide mais c'est le destin de la matière, pas de l'esprit, Marguerite n'a pas fait la différence.

 
Lorsque nous avons étudié la composition de l'Homme tridimensionnel nous avons isolé un corps mental placé sous l'influence directe du cerveau, un corps viscéral autonome chargé de l'administration du peuple des organes, et un corps cosmique, décalque fidèle des deux premiers. Nous avons vu que le corps cosmique, parfaitement indépendant, était constitué d'une énergie particulière, l'énergie psychique, émanation de l'énergie fondamentale, cinquième force de l'Univers. Etant énergie il ne peut être entraîné dans la débâcle de la matière et n'a rien à craindre de la désintégration définitive du proton.

 
Nous avons vu, à l'évidence, que la matière, dès avant sa naissance, avait été programmée pour produire un jour la Vie et la Conscience. Nous avons vu, comme l'a dit Wheeler, que "la nécessité de produire de la Vie se trouve au cœur même du dessein de la mécanique de l'Univers."

 
En bons logiciens que nous sommes, nous en avons déduit la poursuite d'un but et la réalisation d'un projet. Nous en avons conclu que ce but et ce projet étaient l'apparition de la race humaine dans le développement sans cesse amélioré de son psychisme.

 
Tout cela est bel et bon, dirait M. Jourdain, mais à quoi cela nous mène-t-il? Si nous sommes obligés de vivre, pourquoi nous et toute la matière sommes-nous voués à l'anéantissement le plus total. Cela n'a pas de sens.

 
M. Jourdain raisonne comme Marguerite en oubliant la moitié du problème. Si, effectivement, nous ne sommes que le fruit matériel d'une fantastique accumulation de hasards, Marguerite a raison, c'est une double absurdité. Mais si nous sommes le produit d'une volonté déterminée, évidente malgré les silences du Cosmos-Dieu, alors tout s'éclaire et prend un sens.

 
Tout se passe comme si le Dieu des origines avait voulu peupler son royaume par des esprits issus de corps éphémères dans le grand anéantissement de la matière. Les corps matériels auront servi à fabriquer les corps cosmiques. Et il n'y a plus d'absurdité.

 
Et c'est la réponse à la question lancinante des philosophes autant que des scientifiques: Quelle est la raison d'être de l'Univers? Wheeler, cet immense savant disait: "le plus difficile sera de poser les questions justes" et il ajoutait: "la réponse doit être si simple et si belle que nous nous demanderons pourquoi nous n'y avions pas songé avant."

 
Je dédie cette étude à John Archibald Wheeler en sa prestigieuse Université du Texas avec cette correction que la Vie, étant matière et esprit, intéresse autant la physique que la métaphysique et qu'une question sur la Vie n'obtiendra jamais une réponse uniquement scientifique.

 
"La dernière planète, avant de mourir, demanda: Seigneur Dieu, vois ce qu'il reste de ton royaume. Et le Seigneur Dieu répondit: Mon royaume n'est pas de ce monde."

 
La peinture brutale des fins qui nous attendent a au moins cet avantage de remettre toutes les pendules à l'heure et de fixer la place que le Dieu-des-origines attribue à la matière. Il saute aux yeux dans cette optique que la matière est l'unique matrice périssable d'où sortira le peuple immense des corps cosmiques. Probablement que le Dieu des origines n'a pas voulu les créer lui-même directement.

 
L'autre avantage, personnel celui-là, est de débarrasser l'idée de la mort de son cortège d'épouvantements. Nos écrivains, nos peintres, nos sculpteurs se sont échinés pour faire asseoir à notre table le squelette à la faux qui nous observe de ses yeux vides. Terreurs ancestrales nourries par l'ignorance. Le sage sait que la mort n'est que le principal avatar de la Vie, qu'elle n'est qu'un passage vers un autre Univers où le corps cosmique ne sera pas au bout de ses peines ni de ses surprises. Ainsi le veut la grande loi de l'évolution. Vivre et mourir ne sont plus la double absurdité de Marguerite Yourcenar mais au contraire une confirmation cosmique de la loi des transformations successives par le moyen de la matière et de l'esprit.

 
Ne tenons pas rigueur au Dieu-des-origines de ses silences et de son abandon. Il doit avoir de bonnes raisons pour cela, ne serait-ce que pour obliger la race élue, la race humaine, à prendre conscience de sa valeur, de sa quasi divinité et à ne compter que sur elle-même.

 
Puisse-t-elle s'en rendre compte à temps.

 
*

Et Séverine m'a demandé: "... mais, le Bon Dieu dont parle monsieur le Curé, qui l'a créé, lui ?".

 
Logique impitoyable de l'enfance.

 
Ici la folie du vieil Erasme éclate au fond du ciel car il est évident que tous les dieux de toutes les religions, de toutes les églises, de tous les catéchismes, y compris celui de monsieur le curé, ont été créés par l'imagination des hommes. Les hommes sont devenus de tels dieux qu'ils ont engendré les leurs, à leur image, à leur fantaisie, sans s'en rendre compte, dans l'affolement de leur solitude.

 
Et la boucle est bouclée, et le Serpent se mord la queue joyeusement quand ces mêmes hommes adressent des actions de grâce, motivent des prières, sollicitent l'assistance, la guérison, les faveurs... des puissances fantomatiques qui sont issues de leur esprit.

 
Ici le Dieu-des-origines, le vrai, l'Incontournable, l'Insaisissable, celui qui a créé les forces de la Vie, avait aussi prévu les forces de la conscience dont une facette s'appelle l'humour.

 
En fait la question de Séverine, posée différemment, pourrait déboucher sur l'infini. Si, au lieu de parler du "Bon Dieu de monsieur le curé", elle avait demandé "... mais lui, le Dieu-des-origines, l'auteur de la Vie, qui l'a créé ?"

 
Alors les étoiles pourront s'éteindre, les protons pourront se dissoudre en toute tranquillité dans les plaines éternelles. Car la réponse n'est pas de ce monde.

 
Argument définitif en faveur de la pérennité du corps cosmique. L'évidence qui crève les yeux.

 
La notion des fins dernières et de l'anéantissement de toute matière a de quoi inquiéter, voire désespérer, ceux qui la découvrent même si ces fins sont reculées dans un lointain futur. La raison se heurte à cette contradiction fondamentale qui semble remettre en question l'idée même du Dieu-des-origines. Car la condamnation de la matière, programmée depuis qu'elle est sortie du néant, échappe à toute logique, à toute analyse rationnelle, à toute compréhension. Elle est comme la négation de la création. C'est pourtant là, dans le paradoxe des paradoxes, que se trouve la solution de l'énigme.

 
Peut-on penser que l'intelligence infinie du Dieu-des-origines, dont nous ne sommes qu'un pâle et méchant reflet, ait pu concevoir avec tant de soin, de précision, d'efficacité une œuvre qu'il condamnait en même temps?

 
Il faut bien qu'un témoin survive à la formidable entreprise, à l'inqualifiable aventure qui a donné naissance à l'Intelligence. Si ce n'est pas la matière ce témoin ne peut être que l'Esprit.

 
La solution de l'énigme est là, sous nos yeux, et nous ne la voyons pas. Le paradoxe des paradoxes accouche d'une solution logique et nous ne la voyons pas. Sans doute qu'elle est trop évidente, trop lumineuse à côté des lois dont la découverte nous a donné, et nous donne toujours tant de mal.

 
Il est pourtant certain, à la lumière de ce que nous connaissons, que le Dieu-des-origines a créé la matière en lui donnant la possibilité de devenir un jour la clé de voûte indispensable de la Vie sous ses deux aspects: matière et esprit. Seul l'esprit puise son énergie dans l'essence même du Dieu-des-origines et ne peut, pour cette raison nécessaire et suffisante, suivre la matière dans son anéantissement.

 
La mort de la matière est donc un signal, une révélation qui permet d'appréhender la Vie sous ses deux aspects, l'un mortel, l'autre immortel. Sans doute le Dieu-des-origines savait-il que le psychisme humain comprendrait un jour ce message et sans doute aussi lui a-t-il laissé sciemment le bénéfice de cette découverte essentielle.

 
Jusqu'au bout de la pensée
L'imaginaire absolu

Ainsi le Chef d'orchestre divin a mis le Programme en marche, sans hasard d'aucune sorte: formation de la matière, éclosion de la Vie, émergence de l'Intelligence, création et transformation des espèces. Jusqu'où se poursuivra-t-il?

 
L'évolution des êtres vivants, l'élargissement de leurs facultés psychiques toujours plus vastes, toujours plus performantes, montrent que cette évolution est sans limite.

 
Pourtant d'un autre côté la matière, support de la Vie et de la Pensée, est assurée de sa destruction totale, définitive, dans un temps plus ou moins long. La conséquence directe et monstrueuse sera la disparition de la Vie dans toutes ses manifestations, directes et indirectes, dans toutes ses réalisations. Tous les chefs d'œuvre qui sont la gloire et l'orgueil de la race humaine brûleront comme de vulgaires allumettes à l'holocauste final, ne laissant plus dans l'obscurité d'un système solaire sans soleil que des cendres anonymes. Fallait-il se battre et s'égorger pour en arriver là?

 
Toutefois l'humanité a encore de beaux jours devant elle, 4 milliards et demi d'années si tout se passe bien.

 
Comment sera cette humanité au bout de ce long ruban de temps, que sera-t-elle devenue physiquement, psychiquement et intellectuellement? Nul ne peut le dire.

 
Mais, lorsqu'on voit les transformations intervenues depuis dix millions d'années, seulement, chez les anthropoïdes, on peut en conclure sans se tromper que l'Homme du lointain futur n'aura plus rien à voir avec nous, ni dans ses structures ni dans la puissance de son psychisme, ni dans la technologie qu'il aura enfantée.

 
Des fonctions nouvelles auront modifié, créé ou atrophié nombre d'organes. Le cerveau, ce formidable ordinateur, travaillant à plein, atteindra des possibilités que nous ne pouvons pas imaginer. Il est probable, par exemple, qu'en dehors du support naturel des sons émis par la voix, les vivants communiqueront entre eux instantanément comme avec le reste de l'univers, et même avec les corps cosmiques des défunts, par des pulsions nerveuses volontaires employant longueurs d'ondes et champs magnétiques appropriés.

 
Depuis longtemps l'homme aura domestiqué la fusion des atomes d'hydrogène qui mettront à sa disposition l'énergie de l'univers et une rapidité de déplacement qui nous paraîtrait aujourd'hui inconcevable, 50 ou 100 000 kilomètres à la seconde, pourquoi pas? Des galaxies entières qui sont des masses compactes, évoluent bien à la vitesse de la lumière.

 
Alors l'Humanité aura conquis la dimension cosmique, réalisant ainsi dans la suite des temps la prédiction de Jacques Brel: L'homme c'est Dieu. Nous avons maintenant la certitude qu'un programme est en marche, que ce programme n'est pas dû au hasard et qu'il ne s'arrêtera pas, sauf si l'humanité met elle-même fin à ses jours.

 
Mais, si l'évolution se poursuit pendant des milliards d'années dans le sang et dans les larmes, l'Homme sortira peu à peu de sa barbarie pour se rapprocher de la perfection. Imaginaire absolu, logique absolue d'une humanité purifiée survivant à l'anéantissement général pour réaliser le dernier acte du Programme: sa fusion dans le Dieu-des-origines.

 
Ainsi finira l'évolution inscrite dans les atomes originels.

 
Sinon rien n'a de sens et cela n'est pas possible.

 
Requiem pour les vivants:
Les trois états de l'Energie Fondamentale

Avant la Vie, pendant la Vie, après la Vie. Le Cosmos est un. Il ne présente aucune solution de continuité et l'Energie Fondamentale étant par définition le Cosmos lui-même ne présente également aucune discontinuité.

 
L'Energie fondamentale est partout avant la Vie puisque c'est en son sein que prolifèrent les particules élémentaires génératrices de la matière. Elle est partout pendant la Vie puisqu'elle rend possible tous les phénomènes du Vivant. Enfin elle est partout après la Vie puisqu'elle en est la continuation. C'est un fleuve dont les eaux viennent de l'infini, tourbillonnent quelque temps et s'évanouissent dans un autre infini, mais ces eaux ne disparaissent jamais et ne changent pas de nature. "L'état de mort" est donc le troisième état de l'Energie Fondamentale, directement issu des deux autres, de sorte que le terme de "néant" ne représente rien.

 
L'état de mort est un état comme les autres, aussi mystérieux que l'état d'avant la Vie mais aussi nécessaire pour l'équilibre et la continuité du Cosmos.

 
Synésios, philosophe et alchimiste d'Alexandrie, eut l'intuition géniale de cette unicité quand il énonça son fameux aphorisme: "De même qu'au début était un être unique, tout, dans cette œuvre vient d'un seul et retourne à un seul".

 
L'Energie Fondamentale dans ses trois états avant, pendant et après la Vie est donc le Dieu-des-Origines.

 
L'homme mort ne disparaît pas dans la trappe du néant, il a simplement changé d'état. Son corps n'est plus le corps mental, ni le corps viscéral qui ont œuvré ensemble pour accomplir les phénomènes du vivant, il est devenu le Corps cosmique, prolongement et conclusion du second état de l'Energie Fondamentale.

 
Les nihilistes ont tort, les matérialistes aussi parce qu'ils veulent s'appuyer sur des constatations dont la portée ne dépasse pas l'imprécision de nos sens. Le fleuve de la Vie dans ses trois états est une évidence lumineuse qui devrait rassurer complètement ceux que la version de totale disparition hante et désespère.

 
Sans doute arrivons-nous ici aux mêmes conclusions qu'une doctrine religieuse mais reconnaissez qu'un raisonnement philosophique, avec ses hésitations, ses interrogations, ses découvertes, est autrement plus solide pour l'esprit qu'une idée qu'on doit accepter sans discussion parce qu'elle est "révélée".

 
Le fleuve de l'Energie venant de l'infini, tourbillonnant en multiples cascades pour engendrer la Vie, puis emportant dans ses flots non seulement les débris du vivant mais son empreinte indélébile, est beaucoup plus qu'une image symbolique, beaucoup plus qu'une parabole. C'est une transcription fidèle de la réalité.

 
Pourquoi le Corps cosmique est-il une empreinte indélébile des deux corps physiques (mental et viscéral)? Mais parce qu'il résulte des transformations que la nécessité de vivre a imposé aux deux corps précités. Que les deux corps disparaissent il restera leur empreinte comme restent encore aujourd'hui les empreintes des organismes fossilisés que la terre a pieusement conservés.

 
Pour reprendre l'image si évocatrice et si juste du fleuve aux eaux fécondes d'avant la Vie, aux eaux tumultueuses de pendant la Vie, aux eaux calmées d'après la Vie, il est bien certain que cette troisième partie aura subi l'influence des deux premières.

 
L'eau des torrents après les cascades n'est plus tout à fait celle du début. Sans doute sa substance est la même, mais des apports plus ou moins importants s'y sont incorporés et ces transformations, ces apports nouveaux, sont dus à l'arrivée des Corps cosmiques des défunts.

 
C'est là, dans ce que le vocabulaire humain appelle la Mort, et qui est en réalité le troisième état du fleuve, que se trouvent entraînées les dépouilles mortelles de ceux qui ont vécu ainsi que leurs empreintes cosmiques. Si les dépouilles coulent à fond et se dissolvent, les Corps cosmiques surnagent dans le flot qui les entraîne.

 
Pourquoi dès lors redouter la mort, puisqu'elle apparaît comme un état particulier, le troisième état du fleuve, puisqu'elle apparaît comme le résultat et la conséquence de l'ordre général des choses.

 
Les Corps cosmiques, libérés des corps matériels, suivront leur destinée dans le courant qui les emporte. Comment? Sous quelle forme? Avec quelles possibilités? Nul ne peut le dire mais c'est déjà beaucoup de savoir que "l'état d'après Vie" existe, qu'il constitue un état aussi évident, sinon aussi palpable que celui de la Vie.

 
Les Corps cosmiques plongés après la mort dans le troisième état de l'Energie fondamentale ont-ils emporté avec eux le souvenir du temps passé dans le second? Sans aucun doute puisque leurs empreintes indélébiles sont la traduction des modifications apportées par la Vie aux deux corps périssables (mental et viscéral), modifications et atteintes qui représentent autant de souvenir.

 
Les Corps cosmiques ont-ils la possibilité de s'identifier les uns les autres? de se reconnaître? Oui, puisque les empreintes ont matérialisé leurs souvenirs. Ceci ressemble fort à l'illustration du paradis et de l'enfer tel que l'imagerie des vivants les conçoivent, selon les rencontres heureuses ou malheureuses qui seront opérées: le méchant, le tortionnaire, l'assassin... retrouvant leurs victimes, l'enfant ou l'homme sauvé retrouvant ses bienfaiteurs...

 
Récompenses ou châtiments.

 
La notion du fleuve de l'Energie Fondamentale, fleuve du Temps et de la Vie (le Dieu-des-Origines), étalé sur les trois périodes, avant, pendant et après la Vie, permet d'appréhender plus aisément ce qui troubla les jours et les nuits d'Alan Kardec, pape du spiritisme. En d'autres termes, les Corps cosmiques d'après la Vie, peuvent-ils rencontrer les Corps cosmiques des vivants? C'est-à-dire remonter le courant du fleuve? En sens inverse les Corps cosmiques des vivants peuvent-ils descendre le courant pour rencontrer les Corps cosmiques des défunts? Rien ne s'y oppose puisque c'est le même fleuve, la même substance qui alimente aussi bien la Vie que l'Après Vie.

 
Toutefois il ne pourra pas s'agir d'opérations évidentes et spectaculaires. La liaison accidentelle ou délibérée entre Corps cosmiques des vivants et Corps cosmiques des défunts ne pourra s'effectuer que si le récepteur humain est exceptionnellement doué, c'est-à-dire doté par la nature de pouvoirs particuliers très rares. Pourtant cela se produit de temps en temps puisque, encore une fois, il s'agit d'un fleuve unique et d'une substance unique. On peut même dire que les Corps cosmiques des vivants évoluent déjà dans l'état qui sera le leur après la disparition des corps matériels, mental et viscéral qui les transportent. La Vie est une question de Temps. La mort est aussi une question de temps et il n'y a dans l'infini aucune différence. L'homme vivant est déjà placé en partie dans l'état qui sera celui de sa mort.

 
Le fleuve du Temps n'a ni commencement ni fin. Les vivants ne sont donc ni morts ni vivants, ils sont les éléments d'une chaîne infinie de transformations et de métamorphoses qui ne changent que leur forme. (Voir la métamorphose des Philantes paralysants.)

 
Enfin le Temps, puisqu'il est sans commencement ni fin, peut revenir sur lui-même dans une sorte d'horloge du compte à rebours où se trouve sans doute l'explication des prémonitions lointaines, c'est-à-dire la brusque révélation d'un avenir qui quelque part est déjà passé.

 
Ceux qui seront parvenus à percer l'hermétisme relatif des quatre dernières pages auront trouvé la pierre philosophale, l'explication finale, la paix de l'âme, le plus précieux et le plus rare des biens terrestres.

 
FIN DU COSMOS VIVANT


BIBLIOGRAPHIE
  • ENCYCLOPÉDIES
     
  • La Grande Encyclopédie. (Larousse).
  • La Nouvelle Astronomie. (Hachette).
  • Kohler : Le Ciel. Atlas Guide de l'Univers. (Hachette)
  • La Vie des bêtes.(Larousse).
     
  • LIVRES
     
  • Beisson (Janine) : La génétique. (P.U.F.)
  • Carrel (Alexis) : L'Homme cet inconnu.
  • Changeux (Jean-Pierre) : L'homme neuronal. (Fayard). (Plon).
  • Charon (Jean) : L'esprit, cet inconnu. (Albin Michel).
  • Droscher (Vitus) : Les sens mystérieux des animaux. (Robert Laffont).
  • Ducrocq (Albert) : La chaîne bleue. (Editions N°1).
  • Eccles : Le mystère humain. (Mardaga).
  • Jastrow : Des astres, de la vie et des hommes.(Seuil).
  • Jung (Carl-Gustav) : L'Homme à la découverte de son âme.(Payot).
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  • Louveaux (Jean) : Plantes carnivores et végétaux hostiles. (Hachette).
  • Monod (Jacques) : Le hasard et la nécessité. (Seuil)
  • Reeves (Hubert) : Patience dans l'azur.
  • Rhodes (F.) Zim (H) P. Shaffer (P) : Fossiles. (Hachette).
  • Rousseau (Pierre) : De l'atome à l'étoile. (P.U.F.)
  • Rousseau (Pierre) : L'astronomie sans télescope. (P.U.F.)
  • Sagan (Carl) : Cosmos (Mazarine).
  • Teilhard de Chardin : Accomplir l'Homme. (Grasset).
  • Trinh Xhuan Thuan : La mélodie secrète. (Fayard)

  •  
  • REVUES
     
  • Pour la Science (Edition française de Scientific american):
  •     - L'évolution chimique et l'origine de la vie. (Dickerson).
  •     - L'évolution. (Ernst Mayr).
  •     - Les mécanismes de l'évolution. (F. Ayala).
  •     - L'évolution des premières cellules. (W. Schopf).
  •     - L'évolution des Plantes et des animaux pluricellulaires. (J. Valentine).
  •     - L'évolution des systèmes écologiques. (R. May).
  •     - L'évolution de l'homme. (Sherwood Washburn).
  • La Magie. (Historia).
     
  • TÉLÉVISION
     
  • Les Animaux du Monde. Série télévisée de Marlyse de La Grange et Antoine Reille.
  • Animalia. Marlyse de La Grange et Antoine Reille.
Seconde édition complétée et mise à jour du "Cosmos vivant" (1986).

Ce livre est un message. Il répond à toutes les questions que se posent les "Aventuriers de la pensée" (même les scientifiques) sur l'existence ou la non existence de Dieu, sur la valeur de l'Homme, sur le sens de la Vie, sur la signification de l'Univers.   Jacques Arnal

 

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