OLIVIER DE PENNE
(1831-1897)


Olivier de Penne
Olivier de Penne

Peintre animalier et de scènes de chasse
Né à Paris, d'un père naturaliste, passionné par la nature et appréciant les arts, le jeune homme ne fut pas découragé dans sa vocation artistique, bien au contraire.

Formé dans l'atelier de Léon Cogniet puis dans celui de Charles Jacquard, il s'est d'abord fait connaître comme illustrateur.

Ses débuts comme ceux de bien d'autres artistes furent laborieux et difficiles. Il courut la pige et le cacheton dans des revues spécialisées comme la Revue d'Agriculture pratique, où il se fit la main en croquant de gras animaux de ferme, poules, taureaux et cochons.

Taureau
Olivier de Penne : Taureau du Limousin
C'est en effectuant ces travaux mercenaires que de Penne croisa la route du peintre Charles Jacque, son aîné, qui gagnait péniblement sa vie et celle de sa famille dans le même domaine (lui, c'était le peintre des moutons !).

Jacque l'entraîna à Barbizon, le présenta à ses amis aussi impécunieux que lui, l'encouragea de ses conseils. "II n'y a pas de peintres de chiens, la place est à prendre" lui suggéra-t-il !

Chien
Olivier de Penne : Chien de chasse
Persévérant, perfectionniste, son talent lui valut un 2e Grand prix de Rome en 1857.

Au retour de son séjour à la Villa Médicis, vers 1861, son père ayant acquis une maison à Barbizon, le jeune peintre fréquenta assidûment l'auberge du père Ganne et ses rapins. Il se fit de l'argent de poche à peindre des enseignes, et collabora occasionnellement à L'Illustration, la belle revue de référence, sans que cela lui apportât la fortune.

Paysage
Olivier de Penne : Paysage
Comme la plupart des peintres du temps élèves des ateliers traditionnels, il jouissait d'une bonne formation académique, enrichie au contact de la nature, par sa vocation de paysagiste.

Dans un tableau de 1859, Olivier de Penne dépeint l'ambiance festive de l'Auberge lors du mariage de Louise Ganne, la fille de la maison, avec Eugène Cuvelier, futur photographe. Corot est le témoin de la mariée et parmi les assistants figurent Millet et Rousseau. (Le tableau se trouve aujourd'hui au musée de Barbizon).

Mariage Louise Ganne
Olivier de Penne : Mariage de Louise Ganne
Dégagé peu à peu de ses travaux mercenaires, de Penne se lança derechef dans les représentations cynégétiques où il excelle, acquérant au fil des ans une parfaite maîtrise de la peinture des chiens de chasse.

La guerre de 1870 surprit Olivier de Penne qui, bien qu'il frisât la quarantaine, s'engagea aussitôt dans un régiment de zouaves. Participant au siège de Paris, il croupit dans le froid et l'humidité d'une tranchée, avant de tomber malade et de regagner Barbizon.

Là l'attendaient d'autres épreuves. Il retrouva sa maison dévastée, un père ruiné par des investissements imprudents. Il mourut peu après son retour, laissant son fils dans la gêne.

En 1872, Olivier de Penne est donc installé à Marlotte où à force de ténacité et de volonté il acquit une belle notoriété et put enfin jouir d'une renommée méritée. Réussissant à s'imposer, il devint, comme le dit Olivier Fanica : «le peintre passionné des chasses et des chiens».

Chasse
Olivier de Penne : Scène de chasse
Anecdotes
« Le bon peintre animalier Olivier de Penne adorait les bêtes féroces, qu'il s'ingéniait à apprivoiser en liberté dans sa propriété de Marlotte. Il avait capturé un jeune louveteau dans la forêt de Fontainebleau, dont il vantait à ses amis la douceur et la docilité. L'artiste affectionnait tellement son nourrisson qu'il ne craignait point, dès l'âge adulte même, de le mettre au lit à ses côtés. Une nuit qu'advint-il ? Olivier de Penne est réveillé par une douleur cuisante à la jambe. C'était son loup apprivoisé qui commençait à le dévorer. » (Émile Bayard L'Art en anecdotes Albin Michel - 1892.)

Armand Charnay, en 1905, dans ses souvenirs sur de Penne se souvient : « Longtemps nous vîmes en un confortable enclos, à la porte de son atelier, un loup dont l'œil ne disait rien de bon, et qui paraissait peu sensible aux charmes de la civilisation. A sa mort, il fut remplacé par un sanglier, trop apprivoisé celui-là » (La Chasse illustrée, 1905).

Chateau
Olivier de Penne : Chasse dans le parc de Bourron
D'autres familiers de Marlotte, tel Dominique Isengrain, se souviennent de ce « facétieux sanglier qui faisait peur aux familiers du peintre Olivier de Penne, un artiste pince sans rire et farceur. Il aimait beaucoup scandaliser les bourgeoises en chapeau en incitant son cochon à soulever leurs robes de son groin. » (Le Gibus 1902)

Marie-Claude Lalance dans son ouvrage incontournable (réédité en 2012) : Bourron-Marlotte, si les maisons racontaient, écrit :

« C'est à ce moment qu'il [de Penne] devint pensionnaire de l'hôtel Mallet à Marlotte et installa en face son refuge d'animaux qui sert d'atelier aux peintres. Le succès venant, il acheta "Le Verger" [aujourd'hui 168, rue du Général-Leclerc] qu'il transforma en véritable arche de Noé où il vécut les plus belles années de sa vie avec sa femme, en compagnie de ses animaux: loups, renards, sangliers, singes, écureuils, ânes, perroquets, canards, oies, poules, pigeons, lapins, sansonnets, corbeaux et surtout les chiens... les épagneuls... "ceux dont la représentation était inimitable". »

Chasse
Olivier de Penne : L'Hallali
Enfin à son aise, Olivier de Penne épousa en 1882 Victorine Bogréau.

Selon Mme Lalance, « Le registre de l'état civil de la mairie révèle les témoins des mariés: le peintre Georges Gassies, de Chailly-en-Bière et le marchand de tableaux Louis Beugniet, amis de Palizzi. La noce fut joyeusement fêtée à l'hôtel Mallet. Quant à la ménagerie du "Verger", il y aurait une anecdocte à raconter sur chaque pensionnaire !

Buste de Penne
Monument Olivier de Penne devant sa maison
Charles Moreau-Vauthier dans son article sur Olivier de Penne dans L'Abeille de Fontainebleau du 26 janvier 1912, rapporte quelques souvenirs que lui a confia Mme de Penne.

« Les sangliers, il y en avait deux, un mâle et une laie. Celle-ci était douce, comme il convenait à son sexe, mais le mâle, quel caractère violent; quand on le lâchait dans une pièce il bouleversait tout! les jours de dîner il venait se fourrer dans les jambes des convives à la grande frayeur de ceux-ci et à la grande jubilation de l'amphitryon et ne consentait à se retirer qu'après avoir croqué un compotier de noisettes! Et les singes... nous rentrâmes à Marlotte avec deux bêtes achetées au Havre. Devant le tonneau, ils s'arrêtaient, intrigués de se voir refléter dans l'eau, et ils s'y flanquaient des calottes, croyant avoir affaire à d'autres singes. Bientôt la femelle maigrit, son ventre enfla nous la crûmes malade mais une nuit, le domestique vint avertir mon mari :

- Monsieur, Tata est en train de devenir mère.
Nous accourûmes, mon mari bouleversé disait :
- On ne peut pas la laisser comme ça, courez chercher un médecin, oui le docteur Durand !
- Vos singes s'arrangeront bien tout seuls ! répondit le médecin, furieux... et il alla se recoucher.

(Mme Marie-Claude Lalance opus cit.)

Olivier de Penne repose au cimetière de Bourron. Une rue de Marlotte porte son nom, quant au monument érigé en son honneur, il subit, comme tant d'autres, l'outrage de vandales.

Olivier de Penne
Olivier de Penne vers 1890

Bourron-Marlotte: Un Village qui se raconte

 
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