EUGÈNE THIRION Un père explorateur et un fils artiste peintre |
Le père, Eugène (Eugenio) Thirion (1813-1879), commerçant, explorateur des sources de l'Orénoque, puis des Iles de la Sonde.Le fils, Eugène-Romain Thirion, peintre (1839-1910), né à Paris en 1839. Il est le fils d'Eugène Thirion (Eugenio) (1813-1879), qui s'expatria aux Amériques, pour devenir un commerçant mi-aventurier, mi-explorateur et vice-consul de France à Ciudad Bolívar.
Cette petite cité tropicale était au XIXe siècle le port d'entrée sur l'Orénoque, dont Eugenio Thirion fut le premier à explorer les sources.
Eugène Thirion, son fils, « notre » Eugène, qui fut élève des peintres académiques Alexandre Cabanel et François Picot débuta au Salon de 1861 avec un Homère chantant ses poèmes dans les rues d'Athènes.
En 1866, lors d'un voyage en France, Eugenio (le père) acquit une propriété à Montigny-sur-Loing, près de la place de la mairie où son fils s'établit pour peindre.1867. Exposition Universelle. Eugène Thirion (Eugenio) est consul du Venezuela à Paris.
L'artiste, lui, résidait à Montigny une grande partie de l'année dans cette maison acquise par son père, qu'il fit agrandir et où il disposait d'un grand et confortable atelier.
Il y travailla durant un demi-siècle entouré d'amis artistes ou de gens du voisinage, qu'il dessinait sur le vif, esquissant leur portrait, celui de leurs enfants.
Chaleureux et bienveillant lorsqu'un jeune artiste lui demandait conseil, il était sévère et rigoureux envers lui-même.Il a peint des paysages de Montigny, de Marlotte, de la forêt de Fontainebleau, qui sont aujourd'hui dispersés dans plusieurs musées de France. Le grand tableau inachevé, que possède la commune de Montigny, était destiné au bureau du Maire. On y reconnaissait très bien d'anciens montignons.
Mais la vocation d'Eugène Thirion n'était pas de devenir un paysagiste à la manière de ces traîne-misère de Barbizon Son ambition à lui c'est de brosser ces « grandes machines » historico-mythologiques qui recueillaient les suffrages des critiques et obtenaient les Grands Prix au Salon !
En 1879, un concours est organisé pour la décoration de l'escalier d'honneur de la mairie du XIIe arrondissement de Paris, construite entre 1874 et 1877. Remporté par Eugène Thirion, le concours imposait de « reproduire des faits se rapportant à l'histoire du quartier ou des scènes empruntées aux diverses industries particulières à chaque arrondissement. »
Le peintre proposa une évocation qui réunit autour du symbole de la Ville de Paris, assise sur un trône élevé, les écoliers de l'école la•que et les malades de l'Assistance publique avec (en bas)?les entrepôts de vin de Bercy. Le XIIe arrondissement étant alors célèbre pour ses entrepôts et son marché du vin, qui se développa grâce aux réseaux de communication fluviale et ferroviaire.Élève des peintres académiques Cabanel et Picot, Thirion, se démarquait ici de ses maîtres férus de références antiques, en faisant appel à l'iconographie du monde contemporain.
« Le joyeux Bercy des vins », avec ses guinguettes et ses magasins sera jusqu'en 1950 le premier marché viticole du monde avant de disparaître laissant la place à un hideux quartier moderne, Bercy Village, avec son centre commercial.Des études et des dessins du Bercy de cette époque, esquissés par Thirion nous en conservent un nostalgique témoignage.
Eugène Thirion se révèle être un excellent ethnographe. Il observe avec soin les multiples modes de vie qu'il rencontre au long de sa navigation et ne craint pas de partager les expériences avec ses hôtes.Ainsi, il décrit les coutumes des Indiens, leurs croyances, les fêtes, la cuisine, les cérémonies religieuses, etc., avec un regard précis et méticuleux. Ses observations géographiques sont également de très grande qualité.
De son récit, il ressort une intéressante photographie de l'Amazonie vénézuélienne de cette moitié du XIXe siècle, dans sa dimension physique autant qu'humaine.
L'auteur n'échappe évidemment pas aux préjugés de son époque, le siècle par excellence des découvertes (ainsi que des conquêtes et colonisations) de grandes parties du monde par les puissances du moment. La science et la connaissance autorisent tout, même les mauvais traitements infligés aux populations.Ainsi, dans la grande tradition des explorateurs de l'époque, il rapporte de son voyage de nombreux objets reçus ou volés, ne s'embarrassant pas de scrupules coupables à ce sujet.
Le 25 février 1837, Eugène Thirion (1813-1879) embarque au Havre sur le trois-mâts Havre-et-Guadeloupe pour un voyage de spéculation et de découverte.
Il doit explorer quelques îles peu connues des Philippines pour y établir des relations commerciales. Enthousiaste, courageux, aventureux, c'est un compagnon recherché.
Ses talents de joueurs de cornet à piston enchantent ses auditeurs à Manille. Au cours des dix «relâches» qu'il décrit, Eugène Thirion se montre curieux des populations rencontrées, des monuments, des spectacles
Vingt ans plus tard, à ParisCurieusement, on retrouve nombre de ces objets une vingtaine d'années plus tard, à l'Exposition universelle de 1867. Eugène Thirion est alors consul du Venezuela à Paris, membre de la Commission impériale qui organise l'exposition et membre du jury international qui attribue les prix.
À ce titre, il rédige la notice de présentation du Venezuela, ainsi que le catalogue des objets exposés représentant ce pays. À nouveau, ses observations sont intéressantes. Il dresse un portrait économique du Venezuela de 1867, qu'il est passionnant (et étonnant) de lire un siècle et demi plus tard, alors que le pays est devenu le producteur de pétrole que l'on sait.
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