Michel Valette
Maître-Jacques de la chanson poétique française
Michel Valette
1928-2016

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Son parcours est atypique. Sa formation éclectique : Après un bac maths, il fait des études d'art dramatique et d'art déco à Strasbourg puis à Paris. Il gagne sa vie en faisant la plonge, en donnant des cours de maths, en vendant des journaux, des livres ou des montres, en créant des affiches, en écrivant des billets (d'humour ou critiques théâtrales) illustrés par ses dessins pour un journal d'étudiant (Quartier-Latin).

Il se présente à des concours de chansons de variétés dans des imitations de Dudan, Montand, Ulmer, Bourvil, Sablon, Trenet etc… (et il lui arrive de gagner !). Il fait du théâtre dans des tournées avec de petites compagnies jouant Labiche ou Feydeau.

Après ses études, il est engagé comme animateur publicitaire dans une tournée pour ROJA puis il décore des stands de foires-expositions, s'associe avec son ami FRED, le dessinateur de BD avec qui il orne les murs de quelques brasseries parisiennes. Parallèlement, Pierre Dac le fait débuter dans un tour de chant au BIDULE. Il y chante les chansons d'un débutant du nom de Georges Brassens.

En 1954, il se marie avec Beleine et ils créent tous deux le «Cabaret de la COLOMBE» dans un vieux bistrot de l'Île de la Cité au rez-de-chaussée d'un immeuble du XIIIe siècle que la Ville de Paris avait acheté pour le démolir. Ils le sauvent de la destruction, en le restaurant avec amour, de leurs mains et de leurs deniers.

Colombe
Michel Valette sera le premier à y chanter avant d'y faire débuter, pendant dix ans, un grand nombre d'auteurs-compositeurs et interprètes : Guy Béart, Hélène Martin, Jean Ferrat, Anne Sylvestre, Pierre Perret, Francesca Solleville, Maurice Fanon, Jean Vasca, des comédiens comme Avron et Evrard, Bernard Haller, Romain Bouteille, Muller et Guybet et cent autres artistes, précédant la mode des cafés-theâtres.

Il délaisse alors son propre tour de chant pendant plusieurs années pour se consacrer aux autres artistes.

En 1965, directeur artistique à «MILORD L'ARSOUILLE», il y programme notamment Catherine Sauvage, Serge Gainsbourg, Guy Béart, Maurice Fanon, Hélène Martin, Avron et Evrard, Paul Louka, Louise Roblin. De 1969 à 1974, administrateur et animateur du vieux THEÂTRE MOUFFETARD, il y crée un Service de Diffusion Artistique (SDA) qui envoie des petits spectacles de chanteurs «à textes» dans des associations culturelles de tout l'hexagone.

L'envie de jouer et de chanter lui-même le chatouillent. Il reprend alors pendant trois ans des cours de chant avec Anton Valery et s'inscrit dans les stages d'Andréas Voutsinas, introducteur en France des méthodes de l'Actor' Studio. Il y reste cinq ans, devient, de 79 à 93, membre du Théâtre des Cinquante.

Dès 1974 et jusqu'à nos jours, on le voit au cinéma dans des films de Claude Chabrol, Jean Delannoy ou Georges Trillat, au théâtre dirigé par Jacques Bocquet, Jean-Luc Terrade, Armand Vallin, Bernard Sobel et Jérôme Savary. À la télévision aussi, avec Charles Paolini, Jean-Marie Goldefy, Nina Campaneez, Patrick de Wolff.

En 1982, il assure la production artistique d'une émission de télévision-souvenir sur Antenne 2 : «Il y a vingt cinq ans la Colombe» programmée à 20h 30 avec le concours de 14 vedettes qu'il a fait débuter dans les années 60.

De mai 93 à décembre 99, il dirige l'Association Culturelle «Chant'Essonne» à Briis-sous-Forges (91) qu'il a crée dans une grange de sa propriété aménagée en lieu de spectacles.

Puis il donne un peu partout des récitals de chansons et de poésie, en tant qu'auteur-compositeur-interprète et enregistre trois CD avant de se mettre à écrire des livres.

Le 1er «De Verdun à Cayenne» préfacé par Albert Jacquart sort en 2008 aux Editions Les Indes Savantes.

Le second «Jean FERRAT tout simplement» est paru le 2 juin 2010 aux Editions Guy Trédaniel.

Infatigable, Michel Valette nous offre en 2013 un nouveau cadeau somptueux : Le joli temps de la Colombe qui retrace toute l'histoire du cabaret, de ses artistes et des gens qui l'ont fréquenté. Un livre qu'accompagne un DVD.

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Michel Valette : J'ai Rêvé


  J'ai rêvé ne jamais vouloir porter de chaînes
Rêvé de rester libre dans ma vie et mon cœur
J'ai rêvé d'une femme au doux nom de Beleine
Et rêvé qu'avec elle j'inventais le bonheur
Rêvé que peu à peu, elle s'incrustait en moi
Comme une certitude, une sereine évidence
J'ai rêvé qu'elle voulait faire de moi son Roi
J'ai rêvé toute une vie si poétique et dense
J'ai rêvé des baisers, j'ai rêvé des caresses
Que l'on se donnerait sans jamais se lasser
J'ai rêvé notre amour plus fort que la tendresse
Franchissant les années sans jamais s'effacer

J'ai rêvé vivre ainsi de si belles années
À ne jamais souffrir du défilé des heures
Et j'ai rêvé aussi que deux enfants venaient
Deux beaux garçons solides très tendres et rieurs
J'ai rêvé que nos fils fondaient une famille
Que leurs petits enfants viendraient nous entourer
Si gais et si aimants, deux garçons et deux filles
Que pour les accueillir une maison on aurait
Une grande maison, un jardin, une mare
Où un héron viendrait saluer nos canards
J'ai rêvé toute une vie ouverte à plein d'amis
Qui tels des colombes viendraient de tous pays

Oui j'ai rêvé comme Brel un impossible rêve
Et pourtant aujourd'hui je continue encore
De rêver avec toi, de toi toujours je rêve
Et je te rêverai ma reine, jusqu'à ma mort

15 novembre 2013

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SOURCES :

Michel Valette


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