Dr HENRI DALMON
(1880-1953)
Médecin et Naturaliste

Dr Dalmon
Dr Henri Dalmon, membre fondateur
de l'Association des Naturalistes de la Vallée du Loing

Né à Paris le 25 juin 1880, élève au lycée Ledru-Rollin, bachelier (philo) en 1899, Henri Dalmon fut titulaire du diplôme de Physique-Chimie-Sciences naturelles en 1900 avec un certificat d'Etudes supérieures de Zoologie.

Il consacra sa thèse de doctorat (1906) au venin des serpents, notamment de la vipère, dont il étudiait depuis 1903 le comportement dans la Forêt de Fontainebleau qu'il parcourait en tous sens. Ce fut ainsi qu'il fit la connaissance d'Edmond Pelletier, le célèbre "chasseur et charmeur de vipères" de Recloses.

Henri Dalmon venin
Henri Dalmon: Thèse de doctorat
La révélation de la richesse de ce massif l'incita, à l'âge de 26 ans, diplôme en poche, à ouvrir son cabinet de médecin, au N° 18 de la rue Parmentier à Bourron.

En 1911, les Artistes de Marlotte épouvantés par la destruction des plus beaux sites de leur forêt par les forestiers, les viandeurs, les carriers, réclamèrent le classement des parties les plus sauvages du massif en Parc National, idée immédiatement reprise par le Dr Dalmon et ses amis, lors de la création de l'Association des Naturalistes de la Vallée de Loing (ANVL) en 1913.

La guerre empêcha le projet d'aboutir et stoppa le classement de ce «Musée vivant de la Nature».

Pendant la guerre de 1914-18 il servit comme Lieutenant-Médecin d'Infanterie coloniale, fut gazé à Craonne, et affecté, une fois rétabli, à l'Hôpital de Verdun, au cœur de la fournaise (1916).

A l'issue du conflit, le Dr Darmon retrouve son cabinet de Bourron et reprend ses explorations du Massif forestier, poursuivant sur le terrain ses études et ses travaux de naturaliste.

En 1925, il cède son cabinet à son gendre le Dr. Pierre Bécue, exerce six ans encore en Val de Loing, à Bagneaux-sur-Loing puis à Montigny, avant de gagner en 1930, La Rochelle, berceau de sa famille. Il y acheva sa carrière, très apprécié par la population. Il s'y retira, affecté par la mort de son fils Jean, licencié ès-Sciences, avec qui il partageait sa passion de naturaliste.

Il décéda le 19 novembre 1953, avant d'avoir publié leur monumental ouvrage sur les Oiseaux qu'il avait écrit en collaboration avec son fils.

Une rue de La Rochelle porte aujourd'hui son nom.

semmelweis02
Étude pour «Les Oiseaux»

HENRI DALMON, le «NATURIEN»
Pierre Doignon rédigea sous ce titre dans le Bulletin des Amis de Bourron-Marlotte N°3 (1978) le portrait de ce naturaliste hors-norme.

«Le docteur Henri Dalmon, exerça de 1906 à 1925 à Bourron, puis jusqu'en 1930, aux portes de ce riche complexe naturel constitué par le Val du Loing et le Massif de Fontainebleau, territoire de recherches inépuisables qu'il aima passionnément en artiste et en poète, qu'il parcourut et étudia en naturaliste perspicace, observa et décrivit à travers une œuvre scientifique qui fait référence et pour la protection duquel il œuvra avec persévérance.

Il dut s'en éloigner après 25 ans de travaux multidisciplinaires importants, mais sans toutefois perdre le contact avec les naturalistes régionaux qu'il retrouva lors d'un dernier séjour à Montigny, rue du Loing, pendant la guerre 1939-45.

Après avoir publié de 1905 à 1910 d'importants mémoires de Géologie consacrés à la Forêt de Fontainebleau dans le Bulletin de l'Association des Naturalistes de Levallois-Perret animée par son ami le docteur Maurice Royer qui vint alors s'installer à Moret-sur-Loing, Henri Dalmon fonda avec lui, en 1913, L'Association des Naturalistes de la Vallée du Loing, dont il fut la cheville ouvrière pendant 27 ans et qu'il présida en 1925 et 1945.

Homme de terrain, observateur sagace, esprit curieux et méthodique, écrivain doué pour la diffusion du savoir, Henri Dalmon fut un naturaliste complet et polyvalent. Mais il fut davantage: lui-même, qui s'accomodait mal des contraintes sociales et menait volontiers une vie marginale, se qualifiait de "naturien"; il fut même le dernier que nous connûmes.

Biologiste rigoureux et précis, explorateur infatigable et pénétrant des richesses naturelles gâtinaises, visionnaire mystique à ses heures, Henri Dalmon s'est distingué par la puissante originalité de son verbe. Révélé au grand public par deux ouvrages devenus classiques: "Fontainebleau, antique forêt de Bierre" (Collection Les Livres de Nature, Stock 1931) et "La Vie des Saisons" (Delagrave 1939) consacré aux phénomènes naturels de la Vallée du Loing, il y témoigne d'une plume curieusement évocatrice, d'un style "naturien" très élaboré qui en fait le plus personnel de nos auteurs de terroir.

Familier du vieux langage forestier, cynégétique et folklorique du Pays de Bière, Dalmon alimente sa phrase d'une sève piquante, insolite, tour à tour énigmatique, sonore, audacieuse ou désuète. Cette vigueur; du coloris, ce don de puiser le lyrisme aux sources les plus réelles de la nature, se sont accusés dans ses textes postérieurs qu'il nous a confiés et que nous avons publiés à Fontainebleau: "Mystères en Pays de Bière" (1943), "La Sylve de Bière, centre culturel et magique" (1945) ou qui sont restés inédits dans nos archives: "Le livre de Nature" son "Feuillet en Forêt de Bière", "La Forêt intangible" ou "Le Grand Forestier de Bière".

L'œuvre du Naturaliste est d'envergure, teintée du même lyrisme pour la forme mais basée sur des observations scientifiques rigoureuses. Dès 1905, Henri Dalmon s'intéressa au Massif de Fontainebleau et en décrivit les faciès géologiques qu'il enrichira de plusieurs mémoires (1925,1932).

Il a publié des itinéraires géographiques en Val de Loing (1913-38), des observations climatologiques saisonnières (1920-27), des études sur la faune (1924-35), les oiseaux (1921-36), la flore (1926-27), les champignons (1906-23), les eaux du Loing et leur peuplement (1932), la Préhistoire et les gravures rupestres (1909-26), la phytogéographie de la Forêt de Fontainebleau (1913-38). Il a organisé et dirigé de nombreuses excursions, notamment à Bourron, Montigny, en forêt, de 1911 à 1927 et les compte-rendus qu'il en publia sont autant de véritables monographies régionales.

Son dernier travail, inachevé et inédit, est une monumentale "Vie des Oiseaux" illustrée de 400 planches originales qu'il offrit au Musée d'Histoire naturelle de la Rochelle; 36 de ces dessins grandeur nature qui évoquent par la minutie du trait les célèbres planches d'Audubon, furent projetés en diapositives lors d'un hommage que la Rochelle rendit au zoologiste en 1961 après lui avoir dédié une rue trois ans plus tôt.

Le souvenir d'Henri Dalmon, chercheur désintéressé et homme de bien, reste vivace à Bourron-Marlotte et en zone Fontainebleaudienne. Sa fille, Mme Juliette Bécue, séjourne parfois à Bourron ou à Fontainebleau, rue Le Nôtre, auprès de sa fille. Le docteur Bécue exerça longtemps à Bourron-Marlotte et fut lui-même Naturaliste et administrateur de l'Association de la Vallée du Loing de 1929 à 1935; il est décédé en 1972. Henri Dalmon a fortement marqué par sa personnalité et ses travaux la recherche naturaliste régionale. Il reste pour nous, qui nous efforçons depuis 42 ans de compléter et de poursuivre son œuvre, un exemple. Au moins dans la ligne intellectuelle, car dans la pratique, les contingences de civilisation ont rendu depuis plusieurs décades une vie naturienne telle que fut la sienne totalement inadaptée et impraticable dans la société contemporaine.»

Pierre DOIGNON

Dr HENRI DALMON
Un praticien pas comme les autres
Extrait de «Souvenirs d'un funambule»
Le Dr Henri Dalmon aimait beaucoup les originaux. Outre ses amis naturalistes, coureurs des bois et escaladeurs de rochers à la recherche de la plante rare, de la gravure rupestre ignorée, de l'oiseau ou de l'insecte pas encore répertorié, il fréquentait volontiers les êtres en marge.

Ainsi devint-il l'ami d'Edmond Pelletier le charmeur de vipères de Recloses, qui lui apprit à saisir ce serpent venimeux par la queue, sans se faire mordre, lorsqu'il sommeillait au soleil lové sur une roche.

Edmond Pelletier
Edmond Pelletier le charmeur de vipères de Recloses
Il apprivoisa également Barbarin, un joyeux ivrogne sans domicile fixe, jeune vagabond à l'esprit caustique sans doute cousin de Césarin le mendiant de Bar-le-Duc dont Edmond de Goncourt parla dans son Journal.

Ce Barbarin était un fils de famille de la haute bourgeoisie bellifontaine ayant mal tourné. En effet, après des études classiques dans un collège religieux où il avait côtoyé le gratin de la bonne société, il avait jeté sa gourme pour plonger dans une bohème parisienne avinée et droguée, subsistant de combines et de larcins, jusqu'à ce qu'il connût la prison.

La famille bien pensante, le sortit discrètement de là, mais Barbarin était incorrigible et loin de s'amender, il s'amusait à faire chanter quelques puissants de la cité: notaire, magistrats, gros commerçants, dont il connaissait de sordides détails de leur vie intime ou de celle de leurs proches.

Ne craignant ni la maréchaussée ni la prison qu'il appelait sa maison de repos, il passait ses journées à mendier assis devant la porte des notables, à tutoyer leurs épouses, à interpeller en latin le curé, faisant rire la populace à leurs dépends!

Ce charismatique voyou avait un bagout d'enfer, une drôlerie irrésistible et si communicative que ses frasques lui attiraient la sympathie des gens simples et la crainte du bourgeois.

Le dimanche, à la sortie de la messe, il aimait à offrir son bras à Mme la sous-préfète assistant seule à l'office pour cause de laïcité ou à s'afficher lors de cérémonies officielles aux côtés de la jeune, ravissante et peu farouche épouse du commandant de la gendarmerie, pour faire enrager son mari engoncé dans son grand uniforme.

Le Dr Dalmon, qui avait gardé une âme d'enfant et un tempérament de Robin des Bois, aimait bien ce marginal, et le tirait volontiers des griffes des policiers lorsque la bonne société cherchait à s'en débarrasser pour l'enfermer un temps dans ses geôles. Il faut dire que Dalmon portait au fond de lui un cœur de libertaire, préférant la fréquentation de Zo d'Axa à celle de Camille Mauclair.

«Souvenirs d'un funambule»

rochers
Le Massacre des grands rochers
par Henri Dalmon
«Il y a cent ans, un réfugié, Franz Zeltner, citoyen suisse, un ami de Kosciuszko le libérateur de la Pologne, voulut débiter nos rochers sur une échelle insoupçonnée jusqu'alors des carriers de ce pays; il obtint une concession de soixante-six hectares pour exploiter le pavé, au Chat.

Le Long Rocher, du haut de la plate-forme où campaient les hommes du bronze, domine la vallée de quatre-vingts mètres. Les ateliers de débitage ouverts à cet endroit furent reliés au canal latéral du Loing par un chemin de fer à ficelle.

Cette invention, extraordinaire pour l'époque, ruina, heureusement, l'entrepreneur. Mais cette ruine n'arrêta pas pour cela les ouvriers du pays, qui, eux, s'en tiraient toujours avec quelques sous de bénéfice et un matériel moindre.

Ficelle
Wagonnet de la Ficelle
Jusqu'en 1875, les lieux retentirent du bruit des tranchets sur le grès sonore. On ne pourrait pas en Forêt, si ce n'est peut-être au Rocher Fourceau, «affreusement mutilé par les carriers», disent les guides, trouver un endroit plus, activement exploité.

Les roches les plus admirables, les plus belles par leur forme et leur volume, moutonnaient en chaos, fixé aux flancs d'une dizaine de vallées profondes.

Pour l'entrepreneur, on alla y «casser les roches» pour la première fois et le crime de lèse-Nature se poursuivit jusqu'à ce que les carriers, rendus phtisiques par la maladie du rocher, eussent abandonné les lieux pour venir mourir au village, de fièvre hectique.

Le massacre finit faute de combattants.

La Gaillouche
Gaillouche
Louis-François Genty dit La Gaillouche
Certains jours, on voit assis, sur les débris de la Caverne du Croc Marin, un vieillard sec, osseux parcheminé. C'est la Gaillouche, le dernier survivant des massacreurs. Dans sa famille, les femmes meurent centenaires; sans doute à cette résistance propre au sang maternel doit-il de ne pas avoit péri comme les autres.

Lorsqu'il est bien luné, j'arrive à le faire causer. C'est de lui, de première bouche, que je dois une connaissance exacte de la question.

Je suis assez bien avec cet homme de pierre, pour tenir mon franc-parler :

«Alors, comme l'assassin, on vous retrouve au lieu du crime?»

La Gaillouche ne répond pas directement à la question, mais oppose un autre interrogatoire:

«Vous v'là donc en promenade ?

- Comme vous voyez !»

Le dialogue tourne à l'indienne, mais le bonhomme me sait suffisamment documenté par ailleurs pour ne pas lâcher le morceau. Je connais son point faible: la politique. C'est par là, tout à l'heure, que je parviendrai à l'avoir.

Tous les carriers sont communistes, peut-être parce qu'ils ont conservé de père en fils la tradition des vieux droits d'usage en Forêt par droit naturel, peut-être parce que la vie en batterie, dans les lieux solitaires, en liberté relative, entraîne la discussion entre compagnons sur des points difficiles à aborder au cabaret.

Toujours est-il que le carrier est rouge, cramoisi - et la Gaillouche est connu parmi tous les carriers de pierre dure, et de pierre tendre, sur trois départements, pour la solidité de ses opinions. Par la Révolution de 1830, sorte de rétrospective, j'entre dans un cercle de questions moins banales.

Sans aucune lueur de violence dans les yeux, le vieux carrier me regarde fixement et expose le point de vue professionnel. On sent s'allumer, dans son cerveau, les feux du souvenir. Il peuple ces lieux solitaires d'ombres disparues.

Nous voilà au temps du Pavé, sur lequel courait la poste, arrachant des étincelles dans les grelots et les claquements de fouets.

«D'abord, il faut manger, et l'on ne gagnait guère à casser la roche...»

L'intermédiaire était un intermédiaire nécessaire, mais peu généreux.

«Je vous assure qu'il fallait en écaller ! - et d'un geste court, il montre le tas énorme d'écalles autour de nous, les déchets de taille.

- C'est le rebut qui nous tuait.»

Chaque canton, désigné par les Eaux et Forêts à l'entrepreneur pour l'exploitation, était divisé en ateliers où s'installaient les batteries.

La batterie réunit trois ou quatre ouvriers dirigés par un chef d'atelier qui travaille avec eux, les paye, d'ordinaire à la journée, en s'entendant directement, à ses risques et périls, avec l'entrepreneur, pour le prix des pavés.

carriers
Carrière de grès
L'entrepreneur, en liaison avec les ingénieurs des Services publics, qui indiquent les qualités requises par la marchandise et les lieux d'extraction, un commissaire des carrières établissent les relations avec les Eaux et Forêts. Le nom des ouvriers était donné au capitaine forestier qui signait les livrets, fixait le nombre des batteries, suivant les certificats délivrés par les ingénieurs. Les particuliers s'approvisionnaient dans les rebuts des services, notamment en coins pour appareiller les murs de leurs maisons.

Il semble que l'exploitation des grès de la Forêt, qui s'est faite de temps immémorial par droit naturel d'usage (puisqu'à la Vignette de Recloses, on retrouve un atelier néolithique d'outillages en grès cliquart, de date campignienne), soit devenue, à partir du XVIe siècle, comme l'exploitation des arbres; une industrie de plus en plus réglementée par l'administration royale.

Toujours est-il qu'en août 1830, les carriers de la Forêt s'assemblèrent au nombre d'au moins cinq cents pour essayer de s'affranchir de toute entrave.

«A chaque coup dur, dit la Gaillouche, les carriers ne manquèrent pas de travailler pour leur propre compte par toute la Forêt et cela, non en mauvaise tête, mais parce que l'Administration ne dirige plus.»

«Si on nous avait donné, en 1870, des places pour travailler, cela ne serait pas arrivé. Enfin, bref, puisque ça vous intéresse, si nous avons abattu, mon père et moi, les trois chambres du Cro Marin pour en faire du pavé, nous en avions reçu l'autorisation tacite du garde Pézé: «Elles ne sont pas marquées sur la carte», a-t-il dit. Et en deux ans, nous avons tout débité, sauf le surplomb qui reste : il était trop mauvais.»

«A ce moment-là, le pavé valait cinq sous, et il fallait vivre.»

Ainsi, la plus belle caverne de la Forêt de Bierre a disparu pour toujours.

Henri Dalmon :
Fontainebleau antique forêt de Bierre

Dalmon etudiant
Henri Dalmon étudiant en médecine

Dans le N°3 de la revue anarchisante L'UNIQUE (août-septembre 1945) Henri Dalmon publia un résumé doux-amer de sa vie.

Acte de jeune, rêve de vieux
«Oui, nous voilà libres, libres de vraie liberté et vraiment libres de liberté.

Nous avons quitté les cuistres de collège ou de faculté, fermé les livres et répondu pour la dernière fois au dernier examen.

Deux ans d'école maternelle et dix ans de collège, six ans d'école de médecine et un an de régiment : près de vingt ans de bagne en somme sont derrière nous.

On n'en parlera plus, on les oubliera ; elles sont déjà oubliées.

Tenant ma fille de la main gauche, mon fils de la main droite et ma compagne riant derrière moi, nous galopons dans la forêt, ne cueillant rien, n'abîmant rien, mais respirant à pleins poumons, nous soûlant de joie, de bonheur et d'espace.

Jamais plus il ne sera question d'autre chose que de nature et ses merveilles.

En un coin de village proche les bords de notre forêt devenue notre mère grande, nous vivrons désormais avec les chèvres, les poules, les abeilles et toutes sortes d'arbres fruitiers qui nous feront vivre de leurs fruits, en toutes saisons.

Et cela nous mènera sans calendrier, sans marque de temps, ni contraintes d'aucune sorte, naturellement.

Notre seul désir est de voir, en plus de nos amis les hôtes de la forêt, voir quelques hommes heureux de notre bonheur venir le partager.

Voilà ce que nous avons vécu au début de ce siècle, car ceci n'est ni une utopie, ni un rêve, mais un fait vécu, merveilleusement vécu.

À vingt et un ans, un bourgeois a pris notre fille, il était riche et ils s'aimaient.

À vingt et un ans, l'État, a pris notre fils, il était sain, beau, intelligent et moral : un naturiste, pour en faire un marin.

Aujourd'hui, ma femme inconsolable pleure sur une tombe.

Mais ma famille s'est agrandie. Dans mon coeur, mon amour se gonfle pour une nuée de jeunes que je connais pas.

Ce n'est plus ma fille et mon fils que j'emmène pour la première fois en forêt en un jour éphémère de liberté, mais cette nuée de jeunes pour l'éternité.

Il me semble comme cet homme qui purgea une ville d'Allemagne de ses souris, que j'entraîne avec moi la jeunesse entière pour la faire disparaître en cette forêt immense qu'est devenue la terre régénérée, et la sauver de la mort des villes et des monstres qu'elles abritent.

Je voudrais avoir la flûte de Pan pour opérer, réaliser cet enlèvement, une utopie.»

Quelques ouvrages d'Henri Dalmon :
"Mystères en Pays de Bière"
"Fontainebleau, antique forêt de Bierre"
"La Forêt intangible"
"La Sylve de Bière, centre culturel et magique" (1945)

Dr Dalmon : L'antique forêt de Bierre

Amis de Bourron-Marlotte

 
 
Haut        Accueil         La Perle du Gâtinais         Anecdotes