Pionnier de l'aviation

PAUL CASTAIBERT
(Simacourbe 1883-1951 Montevideo)

Castaibert
Paul (Pablo) Castaibert
Pionnier de l'aviation en Argentine, Paul Castaibert fut l'un des premiers constructeurs de ce pays, sinon le premier, à y fabriquer des avions, en petite série artisanale. Construire en série pour l'époque était de construire plusieurs avions en même temps, cela n'a pas en effet le même sens qu'aujourd'hui.

Né en France dans le village de Simacourbe (Pyrénées-Atlantiques), Paul Castaibert est le fils unique d'une famille de paysans. Après l'enseignement primaire, il aida son père aux travaux agricoles.

A l'âge de 25 ans, en 1908, il a un choc en assistant à Port Long aux exhibitions des frères Wilbur et Orville Wright sur le terrain d'aviation de Pau (proche de son village natal). Le richissime banquier Lazare Weiller, qui présidait à la Compagnie Générale de Navigation Aérienne, venait de conclure avec les deux aviateurs américains un accord de licence pour qu'ils présentent en France un certain nombre d'épreuves de vol, notamment avec passager, et assurent la formation de trois pilotes désignés par l'Aéro-Club de France.

Passionné de mécanique, Paul Castaibert s'était fait la main sur son vélo dont il améliora sans cesse les performances. Il s'intéressait aussi à l'automobile avant de découvrir à Pau les fabuleux mystères du vol aérien.

Il émigre vers l'Argentine
Ne tenant plus en place, le jeune homme décide de voir du pays et, l'année suivante, il profite de l'opportunité qui se présente de partir pour l'Argentine. Le voilà, en 1909, installé, dans le quartier résidentiel de Palermo à Buenos Aires, où il apprend la nouvelle fabuleuse que Louis Blériot vient de traverser la Manche à bord de son Antoinette,

Pour subsister, il installe un atelier de réparation automobile où, travaillant comme un forcené et bénéficiant d'une chance insolente, il réussit à attirer une riche clientèle lui permettant de faire de son garage une entreprise rentable.

Sur sa lancée, il crée une annexe de location de voiture avec chauffeur. Un an plus tard, sa flotte comporte 6 voitures embryon du service de taxi de la ville.

Profitant de son aisance et des relations acquises, Paul Castaibert décide de se vouer à sa passion secrète: l'aviation.

Il s'était lié avec Jorge Newbery, un aérostatier connu, qui lui avait confié l'entretien de son automobile.

Atterrissage
Castaibert monoplan 910-1
S'inspirant de la Demoiselle de Santos Dumont dont il avait vu des photos, Paul commence à bricoler son premier appareil dans son garage même, au printemps 1910, le dotant d'un moteur Anzani de 35 cv. Le 17 octobre, il loua, un modeste hangar sur le terrain de la Villa Lugano, à l'enseigne de Construction et Réparation d'aéroplanes où il transporta et paracheva sa machine. La plupart des pionniers qui s'exerçaient au vol depuis ce terrain étaient des amateurs de ballons, rares étaient encore ceux qui construisaient des plus lourds que l'air.

Le plus surprenant était que Paul Castaibert ne connaissait rien au pilotage, qu'il n'était jamais monté à bord d'un avion même comme passager, et le voilà sans aide extérieure, décidant d'apprendre à piloter de manière empirique aux commandes d'un appareil de sa propre fabrication.

A bord de son premier avion, le modèle 910-1° il s'élance sur la piste, sa machine effectuant quelques soubresauts, mais sans parvenir à décoller. Sans se décourager de ce premier échec, il récupère des pièces de son premier appareil et construit un nouveau modèle : le 911-2°.

Castaibert 911-2
Castaibert 911-02
Devant les efforts de cet autodidacte entêté, les pilotes de la base ayant déjà effectué quelques sauts de puce, observent avec scepticisme les nouvaux essais de Castaibert. Après s'être plusieurs fois élancé sur la piste sans décoller, l'appareil esquissa quelques "tressauts" prometteurs, suivis de petits bonds, avant de décoller de quelques centimètres au raz des pâquerettes. (fin 1911).

Jorge Newbery vint assister à l'inauguration de l'usine de son ami à bord de son Blériot XI.

«Le 10 février 1912, enfin, Castaibert prend son élan sur 70 mètres à bord de son modèle 912-3 et décolle pour un vol de 38 minutes. Il atteint une altitude de 700 mètres, survole plusieurs localités aux alentours avant de revenir en ligne droite, et d'atterrir selon une trajectoire parfaite. Pendant tout le vol, la stabilité de l'avion fut remarquable.»

Castaibert 912-3
Premier atterrissage du Castaibert 912-3
L'aviateur apprit ainsi à voler sur ses propres avions et, en avril 1912, Roland Garros de passage en Argentine pour la promotion de ses prestigieux avions Morane G et H, rencontre Paul Castaibert qui lui présente son modèle 912-3 au manche duquel il va obtenir le Brevet International de pilotage N° 12. Il reçoit les plus grands éloges du célèbre pilote, son compatriote.

Pour parfaire leur performance et promouvoir ses avions, Paul Castaibert effectue plusieurs dizaines de vols dans différentes provinces argentines, notamment vers Mendoza, Salta, Catamarca. Il survole à plusieurs reprises la localité de Pellegrini qui abritait alors une importante colonie française.

Au cours de ces tournées de présentation, Paul Castaibert envoyait volontiers des cartes postales de son appareil, à ses amis et à sa famille restée en France.

Mon amie Joséphine Verdier, possède encore une de ces cartes postales reçue au Pays basque par sa grand-tante Hardoy de son parent aviateur.

Uruguay

Castaibert en Uruguay
Paul Castaibert devant son modèle N°3
Paul qui avait appris à piloter tout seul les appareils qu'il construisait lui-même, devint un excellent instructeur. Il forma un certain nombre de pilotes dans son école, élèves enthousiastes qui achèteront ses avions. En 1914, l'Uruguayen Francisco Bonilla, dont il fut le maître, l'incitera à venir parfaire une aviation uruguayenne balbutiante et démunie.

Castaibert qui aime le risque, parvient, en 1916, à vendre 5 de ses avions à l'armée uruguayenne formant le noyau de son aviation militaire. A la fin de l'année 1916, il ferme et vend ses installations en Argentine pour s'installer à Montevideo début 1917. Nommé jefe de taller (chef d'atelier) de la Escuela Militar de Aviacion (EMA), il participe à la formation de l'embryonnaire Force Aérienne Uruguayenne.

Le 10 août 1918, le directeur de l'EMA et grand ami de Castaibert, le lieutenant uruguayen, Juan Manuel Boiso Lanza (1887-1918), effectue une tournée de démonstration en France. Il se tue au cours d'un vol à Port Long près de Pau aux commandes de son avion.

Très affecté par cette disparition, Castaibert résilie en novembre de la même année toutes ses fonctions auprès de l'aviation uruguayenne. Renonçant à l'aéronautique, il se vouera désormais jusqu'à la fin de sa vie à la fabrication, la réparation et à la vente d'automobiles.

Il décède à Montevideo le 18 mai 1951. L'Aero Club Argentino l'honorera en tant que précurseur de l'Aviation Argentine.

4 Modeles Castaibert

Les 4 modèles d'avions construits par Paul Castaibert

Source :
Paul Castaibert : Pionnier de l'aviation argentine
Sur l'autoroute qui longe Villa Lugano près de Buenos-Aires, se dresse une maquette grandeur nature de l'un de ses avions. C'est le dernier vestige subsistant ici de la saga du pionnier de l'aviation Don Pablo Castaibert.
Timbre
Sur les pas de Paul Castaibert :

Simacourbe

 
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