Perceval-le-Maure


AH ! QUE LA CRISE EST JOLIE !


Ah ! Que la crise est jolie ! Vive la décroissance !

Plus forte fut notre folie, plus belle sera la chute ! Consommons moins, vivons mieux !

L'ambition humaine n'a pas de limites. L'avidité des hommes est incommensurable.

Si le plus bel arbre de la terre ne monte jamais jusqu'au ciel, il arrive que le ciel foudroie l'homme qui se prend pour Dieu.

Toujours plus, plus loin, plus vite, plus gros, plus haut, plus riche, plus con; L'homme rêve, consomme, consume, détruit tout jusqu'à se détruire lui-même !

Quelle étonnante destinée que celle de cet animal magnifique et curieux qui veut détrôner Dieu et ne sera jamais qu'un insecte moins libre qu'une mouette, plus lent qu'une gazelle, plus fragile qu'un tardigrade, moins utile qu'une abeille, plus bête qu'un morpion !

Voilà quelques millions d'années déjà, les dinosaures ont tenté de conquérir la terre, mais corps énorme et petite tête, ils ont péri à jamais, sans doute victimes d'un météore géant ou de quelques éruptions volcaniques.

L'homme venu après le dinosaure, descendant de la même famille qu'un singe velu, mais né nu comme un ver, corps fragile, vulnérable, à cervelle agile est venu caracoler en tête des autres espèces.

Et le voilà maître de la Terre, marchant sur la Lune, souhaitant gagner le ciel, mais incapable de se gouverner lui-même, de freiner l'énurésie de ses couilles, impitoyable destructeur de son environnement, victime de sa belle intelligence.

Pourtant toute la beauté du monde, toutes ses richesses, le bonheur et la science véritable sont à sa portée, mais le ver est dans le fruit, la laideur dans la beauté, la méchanceté dans la perfection, le grain de beauté se révèle bubon.

Parvenu à l'un de ses butoirs, à l'apogée de sa trajectoire parfaite, le balancier se retourne brusquement et se propulse sans état d'âme vers l'autre extrême.

Rien n'est jamais acquis durablement, tout coule, tout roule, tout fuit, tout se compose, se décompose et se recompose, dans tous les sens, de bas en haut, de long en large, du pire au meilleur et du meilleur au pire.

La guerre engendre la paix, une paix qui s'éternise conduit à la guerre, rien n'est éternel, rien n'est irrémédiable, tout est dans tout et tout est dans rien. La perfection se transforme en pourriture.

La fantastique expansion de la matière et des galaxies qu'elle a engendrées depuis le big-bang, se rétractera un jour pour se tasser sur elle-même, avant de s'engouffrer dans un trou noir et de se retrouver de l'autre côté du miroir.

Cet admirable ballet des électrons qui nous composent et façonnent toutes choses nous conduira ivres de joie et dansant d'allégresse au pot commun, d'où chacun de nous renaîtra pour une nouvelle fête, dans une bouse ou une rose, dans la plume d'un aigle ou l'anus d'un cafard.

En attendant, jouissons, souffrons, ennivrons-nous, pensons, prions, la vie est si belle et si éphémère, si abjecte et si parfaite, et que chaque seconde de l'éternité nous fasse jouir intensément dans l'œil même du cyclone.

Amis, entrons en dissidence, entrons en résistance,

Souvenons-nous de David, de Gandhi, de Winkelried, de Jean-Paul II, de Lech Walesa, de Soljénitsyne... le Mur tombera, à Jérusalem comme à Berlin, le Tibet et la Palestine seront libres, tandis que de nouveaux monstres surgiront du sein même de la résistance pour mieux nous asservir.

Amis, prenons notre avenir en mains
Notre volonté et notre joie de vivre traceront le chemin

Partout amis, rions au nez des importants, moquons les médiatiques, esclaffons-nous en croisant un bling-bling endimanché. Rendons la vie impossible aux grands et petits chefs ...

Rayez la voiture des glorieux, crachez-leur à la figure, écrasez leurs pieds fragiles, salissez leurs "Gucci", cassez leur Rollex, compissez-leur "Escada", coupez au cutter leur "Satya", conspuez-les ! Traitez-les de ploucs, de merdeux ! Le bling-bling n'a pas d'humour, il n'aime pas la moquerie ! Il est vulnérable au "qu'en-dira-t-on". Crachez-lui à la figure, ricanez à son passage ! Résistez !

Partout, toujours, en toutes circonstances traînez les pieds, désobéissez, retardez, faites obstruction, enrayez la machine à broyer, faites sauter les barrières qui vous enferment, faites semblant, ironisez, déglinguez, cisaillez ... affaiblissez l'ennemi jusqu'à ce qu'il tombe !

N'achetez plus que l'indispensable, ne placez plus l'argent dans les banques, faites du troc, vivez écolo, travaillez au noir, restez solidaires, n'ayez plus confiance qu'en vous-mêmes et en vos amis, tendez la main, votez blanc, inutile de choisir : votez pour le plus con !

Amis, amusons-nous, dansons sur le volcan !
Dans CHALLENGES du 14 mai 2009
Un gentil financier nous annonce quelques jolies secousses

Ce soir, dîner avec l'associé français d'un des plus grands fonds d'investissement anglo-saxons.

Celui-ci juge fragile le redressement boursier, dans de petits volumes et, selon lui, surtout lié aux gesticulations des États. Il nous décrit les «inéluctables» tempêtes à venir, au nombre de cinq :

- l'assurance-vie qui rémunère à 4,5% de l'argent placé à 1,5%, grâce aux plus-values immobilières et - «comme Madoff !» - avec l'argent des nouveaux entrants;

- les LBO en échec, qui plombent les banques; les fonds de pension, déjà en difficulté lorsque la Bourse était à son zénith.

- les cautionnements accordés aux clients, comme dans le cas de Boeing, d'EADS ou d'Alstom.

- la dette des entreprises, dont 500 milliards de dollars exigibles entre 2011 et 2013.

Pour lui, seule l'inflation pourra conjurer le désastre. En espérant que ce ne soit pas la guerre !

Pessimiste, ce jeune financier fait un parallèle avec la seconde moitié du XIXe siècle. Pour ne pas rembourser les montagnes de dettes accumulées auprès de la Chine, l'Angleterre lui avait déclaré la guerre, suivie par sept autres pays occidentaux, dont la France. Une histoire de «guerre de l'Opium», vite traitée dans les manuels occidentaux, étudiée en détail par les écoliers chinois.

Perceval-le-Maure

A suivre !

 
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