SERGE HUTIN
1927-1997
L'INITIÉ

Serge Hutine

ARTICLES DIVERS

Serge Hutin est né le 2 avril 1927 à ... et décédé le 1er novembre 1997 à la Maison de retraite de Prades (Pyrérénes orientales). Franc-maçon, il avait atteint les plus hauts grades du Rite Ecossais avant de relever l'Ordre maçonnique hermétique de rite égyptien, proche de celui créé et pratiqué par Cagliostro, ordre dont il était le président d'honneur. Auteur de plusieurs dizaines d'ouvrages incontournables sur l'ésotérisme et les sciences occultes en général, Serge Hutin ne se contentait pas d'écrire des livres ou des articles très bien documentés sur le sujet, mais se révéla aussi comme un remarquable praticien.

Il est vrai que pour celui qui s'aventure dans ce monde étrange et sulfureux de l'occultisme, il est absolument nécessaire de "raison garder". L'enthousiasme et la curiosité toujours inassouvie de Serge Hutin l'entraînait à côtoyer certaines limites qu'il lui arrivait parfois de franchir.

MYSTÈRES DE LA FORÊT DE FONTAINEBLEAU
Les rochers "sculptés" de la forêt

Il existe, répartis à travers le monde, de multiples témoignages rocheux que l'on verse au nombre des «fantaisies de la nature», et qu'il serait donc absurde d'attribuer à la quelconque volonté délibérée d'un ou plusieurs hommes. Sur les côtes françaises de la Manche se dresse un rocher appelé «chapeau de Napoléon» d'après sa forme si caractéristique, mais ce témoignage curieux de l'érosion marine existait plusieurs millions d'années avant la naissance de l'illustre Empereur !

Est-ce à dire que tout rocher ayant une forme précise et significative soit à ranger parmi ces innombrables jeux naturels de l'érosion ? On rencontre, en certains sites, répandus à travers le monde, des formations qui poseraient au contraire l'irritant problème d'une possible action délibérée de la main de l'homme.

Érosion naturelle ou main de l'homme ?

La question se poserait tout spécialement à propos de toute une série de formations rocheuses du vaste massif forestier de Fontainebleau. Bien con-nues, pour nombre d'entre elles, des randonneurs familiers du site, voire des simples promeneurs du dimanche, se réduiraient-elles vraiment toutes à de purs et simples jeux géologiques de la nature ?

A propos de certaines, une réponse négative s'imposerait : il semble en effet s'agir manifestement non du séculaire effet na-turel de l'érosion progressive des grès mais d'authentiques sculptures, bel et bien réalisées par une ou des mains humaines. L'exactitude des contours s'y avère vraiment trop précise pour que le jeu des forces naturelles suffise à l'expliquer.

Il en est plusieurs exemples caractéristiques. Dans la zone forestière qui avoisine le village célèbre (si cher aux peintres) de Barbizon, on trouve un rocher de vaste dimension, à nul autre pareil, nommé d'après sa forme, «l'éléphant de Barbizon».

Habileté artistique

Il serait impossible d'y voir l'effet du jeu automatique de l'érosion au fil des siècles. Il s'agit manifestement d'un rocher qui fut bel et bien sculpté - et par quelqu'un doté, pour l'époque primitive où il œuvrait, d'une habileté artistique hors du commun. Non seulement le contour du gros animal se trouve aisément reconnaissable, mais sa position prise, loin d'être stéréotypée, se trouve comme observée, prise sur le vif. Un sculpteur animalier réaliste moderne n'aurait pas fait mieux !

Autre témoignage significatif : le gros rocher en forme d'ours (l'animal se reconnaît d'emblée) situé juste au centre du fond des gorges de Franchard. Et il y a ce détail étrange : l'ours y est figuré la tête tournée vers le ciel - et pas n'importe où, puisque le regard de l'animal se dirige vers le nord, indiqué par l'Étoile polaire dans la constellation de la Grande Ourse.

Tortue géante

Ce n'est pas tout : à de nombreuses reprises, on trouve dans le massif de Fontainebleau un rocher figurant (là encore, avec une exactitude figurative vraiment remarquable) une tortue géante avec sa carapace. Il existe aussi plusieurs rochers qui reproduisent, eux, une otarie avec un réalisme tout aussi saisissant, excluant donc d'éventuelles fantaisies de la nature.

Chose curieuse, l'hypothèse même que certains des rochers de la forêt de Fontainebleau aient ainsi été sculptés de la main de l'homme (et, n'hésitons pas à le dire, par de véritables artistes de leur lointaine époque), fait tout de suite hausser les épaules de la majorité des archéologues professionnels. Ne s'agirait-il pas tout bonnement - nous serinent-ils - des effets, pouvant prendre une allure volontiers déconcertante avou-ons-le, de l'érosion naturelle s'exerçant au long des millénaires sur les formations rocheuses en grès ?

Quant aux rares roches qui, comme le fameux éléphant de Barbizon ou les tortues de Franchard, semblent manifester la main de l'homme, il s'agirait, disent les sceptiques, de réalisations tou-tes modernes, sculptées à leurs moments perdus par un ou deux amoureux de randonnées solitaires en forêt.

Cela aurait pu commencer avec les grands sylvains Denecourt et Colinet (ces deux éminents gardes forestiers qui, au fil des ans, réalisèrent au siècle dernier la première exploration méthodique du massif forestier - mais ces deux hommes, aux multiples qualités,... ne savaient pas sculpter), pour se poursuivre par les divertissements ultérieurs de quelque promeneur artiste. La preuve en serait - poursuivent les sceptiques - la présence dans ces quelques authentiques rochers sculptés d'espèces animales (l'éléphant, l'otarie, les tortues géantes) totalement absentes de la région même aux époques lointaines. Mais j'ajouterais tout de suite : qu'en fut-il autrefois ?

Protohistoire

A mon avis, les rochers sculptés de la sylve bellifontaine furent bel et bien réalisés à une époque que je situerais dans ce qu'on nomme la protohistoire (car, plus haut dans le temps, l'usure se serait fait lourdement sentir où la faune comprenait une série d'espèces animales disparues depuis (dont l'éléphant et les ours). Sans doute même faudrait-il admettre la survivance (d'où la présence de quelques otaries) d'un assez vaste résidu aquatique laissé par la mer, qui avait longtemps occupé le site.

Un point important pour l'étude de ces rochers manifestement sculptés de la main de l'homme (avec la possibilité d'avoir su accentuer les contours suggérés à l'origine par une formation matérielle), serait de ne pas les considérer comme des jalons isolés mais comme ayant fait partie d'un ensemble, fort complexe, d'itinéraires initiatiques à parcourir, jalonnant une série d'épreuves à subir par des rites ressortissant tout à la fois de la magie et des croyances religieuses primitives.

Ces rites se trouvaient, selon toute vraisemblance, accomplis de nuit, à la seule clarté des étoiles et de la lune. Avec un foyer rituel spécialement disposé en des points précis du parcours. Il a du exister dans la forêt plusieurs de ces parcours initiatiques. L'un, qui se déroulait dans les gorges de Franchard, devait se terminer par la vision subite - éclairée par la lumière polarisée de la lune - de l'ours géant au regard dirigé vers l'étoile polaire.

La caverne d'Augas

Un autre devait culminer dans la grotte la plus vaste de la forêt : la caverne d'Augas, qui devait jouer à l'époque protohistorique le rôle d'un véritable temple.

Depuis de nombreuses années, la caverne d'Augas s'est hélas trouvée presque complètement ensablée (effet du ruissellement des eaux). Cela vaudrait sans doute la peine d'y pratiquer des fouilles. Je me souviens, tout enfant (en 1936), alors que la caverne d'Augas, alors fort accessible parce que très partiellement ensablée, comportait deux grands rochers sculptés (dont l'un, si je me souviens bien, avait la forme d'un crocodile), que le gardien nous éclairait - vision hallucinante - de sa petite lampe.

Et cela vous amusera sans doute d'apprendre ma réaction d'enfant : comme nous venions, en famille, de visiter la Caverne des Brigands (autre lieu célèbre de la forêt), j'avais dit tout haut (ce qui avait excité l'amusement de tous) que ce devaient être «des rochers sculptés par les brigands».

Quant aux gorges de Franchard, le site a tout pour avoir été utilisé pour un long parcours initiatique nocturne : lent cheminement circulaire au sommet, jalonné par quelques passages un peu difficiles et de petites grottes ; puis l'itinéraire amenait lentement les récipiendaires vers le bas, pour leur faire atteindre la sculpture centrale : ce grand rocher en forme d'ours, au regard dirigé vers l'étoile polaire.

Formation naturelle

Évidemment, il est facile aux géologues de nous faire remarquer avec raison que les chaos de grès bellifontains existaient déjà par l'effet d'une formation toute naturelle, avant l'apparition de populations humaines dans les sites en question - ceux de Franchard comme les autres. Pourtant, si ces sites existaient auparavant, ils furent modifiés en vue, par la suite, de leur utilisation pour la célébration de mystères rituels.

Dans ce but, des interventions en conséquence (sculpture de rochers, aménagements d'itinéraires), avaient été

Jeu de piste nocturne

Chose curieuse, des indices indéniables indiquent des foyers récents (pas n'importe où, toujours allumés en des points précis). Il serait certes facile d'imaginer des scouts campant dans la forêt et s'amusant à organiser aux gorges de Franchard, par exemple, un jeu de piste nocturne.*

Personnellement, nous croirions bien plutôt à la survivance tardive (devenant sans doute bien plus rare au fur et à mesure que s'accroit la fréquentation touristique de l'immense forêt) de mystères initiatiques nocturnes, liés au culte lunaire et durant la nuit entière, initiations magiques qui doivent encore frapper énormément l'imagination de ceux qui les vivent. Mais dont l'impact devait être tellement plus considérable encore lorsque les lampes de poche étaient inconnues, et que la forêt ne comportait pas les innombrables sentiers si patiemment aménagés au siècle dernier par le minutieux travail des «grands sylvains» Denecourt et Colinet.

Malgré les haussements d'épaules des archéologues obstinément sceptiques, de nombreux clichés photographiques - nous pensons à ceux réunis par Edith Gérin et aussi par Marc Schweizer, - des curiosités qui peuplent le si vaste massif forestier de Fontainebleau apportent la réponse (définitive selon nous) à l'obsédante question : oui ou non, certains des rochers de Fontainebleau, voire bon nombre d'entre eux, attesteraient-ils une intervention délibérée de la main de l'homme ? En tenant évidemment compte que dans certains cas, les sculpteurs anonymes du lointain passé aient pris pour point de départ des formes suggérées par une quelconque fantaisie de la nature.

La découverte d'un poète

Il ne serait pas sans intérêt de signaler la découverte faite au début des années 60 par un vieil ami : le grand poète vénézuélien, et archéologue amateur Robert Ganzo.

Découverte, dans la partie du massif forestier située sur le territoire de Milly-la-Forêt, d'une grotte de très faibles dimensions (il nous la fit visiter), mais présentant l'originalité d'avoir toutes ses parois recouvertes d'une écriture dont les caractères évoqueraient tout de suite l'idée d'une forme primitive de l'alphabet cunéiforme du Moyen-Orient.

Voyez l'ouvrage (malheureusement épuisé) de Robert Ganzo : L'histoire avant Sumer. Un black-out archéologique à peu près total se trouva hélas établi d'emblée sur ladite découverte, pourtant indéniable. Pourquoi donc ? Parce qu'elle allait à contre-courant d'une idée consacrée : celle de l'origine moyen-orientale de l'écriture cunéiforme. Que fallait-il donc conclure de la découverte d'une forme primitive de celle-ci sur le futur territoire de la Gaule ?

Un labyrinthe

Voici une autre curiosité qu'il eût été intéressant d'étudier, mais qui a disparu hélas. Dans une zone de la forêt de Fontainebleau (l'ami qui m'en parlait évoquant ses souvenirs d'enfance, avait omis de m'en indiquer l'emplacement exact), au centre d'une vaste clairière, se trouvait placé un gros rocher percé d'un labyrinthe de petites galeries dans lesquelles on ne pouvait circuler qu'à plat ventre et en rampant. Les gosses de la commune voisine avaient pris l'habitude d'y jouer à cache-cache, et donnaient au dit rocher ce surnom significatif : « le métro » (à cause de ses galeries).

Malheureusement, les autorités locales, craignant qu'un éboulement mortel se produise et reculant devant les frais d'organiser un gardiennage permanent des lieux, fit sauter le dit rocher à la dynamite, peu avant la seconde guerre mondiale. Dommage irréparable, car ce «métro» des gosses servait sans nul doute dans la protohistoire, de théâtre à un rituel initiatique de reptation. Il devait s'y trouver des symboles.

Chose curieuse, la forêt de Fontainebleau, au si riche folklore légendaire, n'a pas utilisé - semble-t-il - les rochers et cavernes pour l'alimenter. Signalons pourtant une bien curieuse tradition, mais rapportée non par un auteur français, mais par une Anglaise, Enid Eaton (qui lui a consacré tout un livre).

Selon elle, il existerait sous le massif forestier de Fontainebleau une immense cité souterraine d'époque antédiluvienne - et où, chose tout aussi étrange, se trouverait caché le trône du souverain secret de la France. Car, suivant cet auteur, l'ancienne France aurait toujours eu, en parallèle, deux souverains : celui qui occupe l'Histoire connue, et un monarque secret, veillant, lui, sur la destinée occulte de notre nation. Plus exactement, ce souverain disposerait, toujours suivant le même auteur - d'un second trône dissimulé dans les profondeurs de l'île de Tombelaine (qui fait face au Mont Saint-Michel). Laissons-lui l'entière responsabilité de ses affirmations !

Patapoufs et filifers

Georges Duhamel avait écrit pour les enfants un récit humoristique de bonne venue : Patapoufs et Filifers - les gros et les maigres habitants respectifs de deux royaumes souterrains rivaux, dont l'accès commun se trouverait dépendre d'un long escalier mécanique se trouvant dissimulé dans une caverne de la forêt de Fontainebleau.

Je me souviens avoir vu dans un journal enfantin du tout début des années 40 (j'avais alors onze ans), le Journal de Tati, un roman-photo dont l'insolite point de départ était le suivant : découverte, dans une caverne de la forêt de Fontainebleau, d'un appareil permettant de dédoubler tout être vivant (animal ou humain) en ses parties bonne et mauvaise. Je me souviens aussi (mais j'ai malheureusement un trou de mémoire), avoir lu, au milieu des années 50, un excellent conte dans la revue mensuelle Fiction, au sujet insolite : l'existence, dans un ensemble rocheux, d'un itinéraire secret d'escalade menant ceux qui l'empruntaient à une grotte en laquelle ils demeureraient captifs pour l'éternité.

Chose curieuse, aucune œuvre majeure (fantastique ou de science-fiction) ne semble s'être inspirée des secrets de la forêt de Fontainebleau. Lieu mystérieux, énigmatique entre tous, pourtant...

(© Serge Hutin et Science & Magie, 1991)

 
UNE ÉTRANGE MÉSAVENTURE EN FORÊT

Voici la bien curieuse histoire relatée par une correspondante méridionale, amie de longue date. Malgré les années écoulées, le souvenir lui en reste, précis et ineffaçable. Au tout début des années 60, un dimanche d'automne encore chaud et ensoleillé, son mari (haut fonctionnaire des Postes), et elle, frisant la quarantaine alors, profitaient d'un séjour à Paris pour - en compagnie d'une jeune amie prénommée Charlotte, âgée de 28 ans, visiter Fontainebleau et sa région.

C'était le début de l'après-midi, mais, - précisons-le, - ni l'amie en question, ni ce couple n'avaient consommé d'alcool au déjeuner.

La promenade d'abord motorisée, emprunta en forêt la route des hauteurs de la Solle cette voie forestière si pittoresque parallèle à une importante crête d'un chaos de gros rochers en grès, qui présentent la forme précise - d'un réalisme impressionnant - de gros animaux fabuleux, dont des otaries. Formes sûrement obtenues par l'intervention volontaire, à l'époque protohistorique, d'une ou plusieurs fort habiles mains humaines.

La voiture des Delsanti se dirigea ensuite vers le grand carrefour où se trouve dressée la Croix du Grand Veneur. Cette désignation ne renvoyant pas du tout - précisons-le - au chef des équipages des véneries royales d'antan, mais à une légende fantastique qui se retrouve fréquemment dans le folklore. Celle d'un personnage surnaturel, un grand sorcier peut-être ? Qui sait, le diable ? Le souvenir ancestral d'une divinité fort ancienne du paganisme qui mène dans le ciel nocturne sa redoutable meute d'êtres maléfiques.

A diverses reprises, des promeneurs ou des chasseurs égarés dans la nuit en forêt affirment l'avoir aperçue - pas forcément toujours des inconnus, puisque le roi François Ier (que nous retrouverons tout-à-l'heure) figura, en leur nombre. Revenons à l'aventure de nos amis. Ils eurent l'idée d'aller admirer dans le secteur, les roches sculptées du Cuvier-Châtillon - qui sont parmi les plus belles de la Forêt, (elles ont forme de tortue, de lion, etc.)

Cédons la parole à Madame Delsanti : «Notre véhicule garé pour quelques minutes, nous avançâmes dans un sentier ravissant, qui menait à une sorte de clairière, limitée par des rochers dressés d'environ deux mètres de haut.

Une curieuse succession de notes

Et c'est alors, que tout bascula. Il y eut d'abord la musique. D'étranges sons en vérité. On n'y reconnaissait aucune mélodie familière à l'oreille, mais une curieuse succession de notes, tantôt aigües, tantôt très graves - comme des gouttes d'eau, des perles de cristal s'égrenant dans l'eau, accompagnées peut-être d'un chant de flûte... Et puis, autour de nous, comme un piétinement de sabots sur les feuilles, et l'écho de rires lointains.»

On pense tout de suite à ces êtres mythologiques (faunes, sylvains, etc.), à la forme humaine mais dotés d'attributs animaux (une toison, des sabots de chèvre). Tout d'un coup, com-me prise d'une étrange possession, Charlotte - l'amie du couple - lança ses affaires (sac, etc.) sur le sol, puis se jetant à terre, s'y roulait en postures érotiques, semblant s'accorder aux séquences de l'étrange musique.

Mais, continuons le récit donné par Madame Delsanti :

«Moi-même, je me sentais étourdie et je me dirigeais vers l'un des rochers qui bordaient la clairière, quand mon mari, posant la main sur mon épaule, déclara :

- Partons d'ici, je ne reconnais pas ce paysage. Vite, allons-nous en !

Ramassant les objets dispersés par Charlotte, nous parvînmes à la faire se redresser. Et, rompant l'espèce de cercle invisible qui nous enserrait, nous l'entraînâmes le plus vite possible vers un autre chemin, balisé celui-là.

Accès à une autre dimension ?

Il nous fallut près d'une heure pour retrouver la Croix du Grand Veneur, notre voiture et la civilisation. Nous gardions un silence prudent, essayant d'ignorer les piétinements de sabots derrière nous et les rires moqueurs, qui finirent par diminuer, puis cesser tout à fait.

J'avais, la nuit suivante, fort mal dormi, poursuivie par le piétinement de faunes cornus, si proches de moi, qu'étendant la main, j'aurais pu toucher leur pelage roux, semblable à celui d'un cerf.»

De quoi pouvait-il s'agir en cette si curieuse expérience ?

D'une soudaine voyance à trois, mais dont le médium inducteur aurait été Charlotte qui aurait fait subitement participer les trois personnages, transportés dans le lointain passé, aux rites magiques de l'ancien culte païen jadis associé aux rochers sculptés ?

Voici ce qu'écrit Madame Delsanti :

«Pour ma part, je crois qu'il existe encore, sur la terre, dans des sites très spéciaux, des possibilités d'accès à d'autres dimensions, où existent - ou subsistent - des êtres différents de nous, qui interfèrent parfois notre atmosphère, et nos vies.»
 

(© : Serge Hutin et Science & Magie, 1991)

 
FRANÇOIS Ier
Charbonnier est maître chez lui

Reportons-nous à l'époque du fastueux François Ier, bâtisseur du château de Fontainebleau - et grand chasseur devant l'Éternel. De son temps, le si patient travail (un vrai ouvrage de bénédictin, à sa manière concrète) de balisage minutieux de la forêt (il ne sera accompli en fait que par les deux «grands sylvains» du siècle dernier, Denecourt et Colinet) ne se trouvait même pas ébauché. En dehors des quelques routes qui la traversaient, le massif forestier bellifontain tout entier demeurait un labyrinthe pratiquement inextricable, dont personne - à l'exception des travailleurs forestiers (bûcherons, charbonniers) qui y œuvraient, y vivant même dans leurs primitives huttes - ne connaissait la disposition exacte.

Des points de repère

Le chasseur qui s'y aventurait trop profondément, et sans avoir pris l'élémentaire précaution de savoir prendre des points de repère précis, pourrait donc y errer des heures durant.

C'est justement ce qui survint un jour au roi François Ier. Chassant dans la forêt en solitaire, il avait fini par s'y égarer. La nuit tomba, et le souverain perdu se trouva plongé dans les ténèbres inconnues ; pas rassuré (on le conçoit), malgré la fidèle compagnie de son cheval familier. Tout d'un coup, il vit surgir le salut : au milieu d'une clairière, une assemblée d'hommes (sans nul doute des forestiers), réunis autour d'un vaste brasier.

Le roi s'approche

Le roi s'approcha, pour se trouver tout de suite arrêté par deux des personnages qui l'ayant aperçu, lui intimèrent l'ordre de ne pas continuer.

- Pourquoi donc ?

- Dans cette clairière va se dérouler une initiation à la charbonnerie.

Précisons qu'au XVIe siècle, il s'agissait d'un compagnonnage des travailleurs de la forêt (charbonniers, bûcherons, etc.) - pas du tout de redoutables conspirateurs (d'ailleurs, il n'existait pas encore de républicains, en France).

François Ier, homme très éclairé et curieux de tout, répliqua que même pour lui le Roi, cela constituerait un honneur d'être admis à la recevoir, cette initiation forestière.

Il s'entendit répondre : «Seul le Maître de la Vente (nom symbolique d'une loge de charbonniers) peut en décider. Charbonnier est Maître chez lui.»

Telle est l'origine - méconnue - de cette expression familière !

Inutile de dire que la candidature royale se trouva d'emblée acceptée. Et François Ier fut donc le premier - et l'unique - roi de France à avoir été initié aux mystères du compagnonnage forestier.


 
(© Serge Hutin et Science & Magie, 1992)

 
MYSTÈRES DU CHÂTEAU DE ROCHEMAURE

Les ruines imposantes de l'ancien château féodal de Rochemaure (au sud de Valence), situées sur un piton rocheux qui domine la Vallée du Rhône, comportent sa chapelle - ruinée elle aussi. Celle-ci avait son petit secret, bien connu des spécialistes en numérologie traditionnelle. Il s'y trouvait en effet (la pierre sera volée hélas par des inconnus, qu'on ne retrouvera sans doute jamais) un petit bas-relief porteur en grandes lettres de ce carré magique demeuré si largement énigmatique, malgré que les patients efforts d'érudits spécialistes (dont notre regretté ami Alex Bloch, de Rouen) se soient tant efforcés de l'élucider :

SATOR
AREPO
TENET
OPERA
ROTAS

La formule latine y demeure la même, qu'on la lise horizontalement (à l'endroit puis à l'envers) puis en colonne verticale. Il s'agit visiblement d'une courte phrase codée, et dans laquelle (en vertu de la tradition ésotérique), chacune des lettres correspond à un nombre déterminé. Le total, y demeurerait le même, qu'on ait procédé verticalement ou horizontalement à l'addition des dits chiffres.

On ne connaît aucun détail précis sur ce bas-relief, porteur du fameux carré magique. Il ne s'agissait pas d'un ajout tardif : tout laisse entendre que ce témoignage fut laissé par l'architecte même de ladite chapelle. Rappelons que les maçons opératifs du Moyen-Age - ceux qui édifieront les cathédrales gothiques ? possédaient parmi leurs secrets, c'est manifeste, une réelle connaissance de ceux de la numérologie sacrée. Reportez-vous, par exemple, au livre classique de Paul Naudon : Les origines religieuses et corporatives de la franc-maçonnerie (chez Dervy-Livres).

Il sera donné à la chapelle des ruines du château féodal de Rochemaure de servir, bien malgré elle, de théâtre, à une époque récente (les années 60), pour des secrets magiques du genre, eux, le plus maléfique : célébration nocturne de toute une série de messes noires. Il ne s'agissait pas d'un simple prétexte aux divertissements pervers érotiques collectifs. Ces rassemblements de magie noire s'achevaient par le sacrifice rituel d'un tout jeune enfant sur le corps féminin qui servait d'autel à l'officiant. Comme aux plus beaux jours (si l'on peut dire) de «l'affaire des Poisons», au grand siècle.

La police s'était évidemment mêlée de mener son enquête. Ces satanistes, se le tenant pour dit, cessèrent Dieu merci, de hanter les lieux. On ne retrouvera hélas jamais les protagonistes. On sait seulement qu'il ne s'agissait sûrement pas de gens de la région - et que ces ignobles satanistes venaient de bien plus loin donner libre cours à leurs rites pervers. Les habitants de Rochemaure n'avaient pas été sans remarquer la présence, garées certaines nuits, d'une série de voitures dont la majorité portaient des plaques minéralogiques de la région parisienne.

Et, à voir ces beaux véhicules hauts de gamme on se trouvait obligé de conclure qu'il s'agissait de gens «de la haute», comme on dit. Certes, aucune disparition de jeunes enfants n'avait été signalée sur les entrefaites dans le secteur. Les protagonistes de ces sinistres messes noires devaient donc s'approvisionner (si l'on peut dire) ailleurs pour avoir des proies juvéniles à leur disposition.

(© Serge Hutin et Science & Magie, 1993)

 
Une étrange rumeur :
LA SOCIÉTÉ SECRÈTE DE LA FORÊT DE RAMBOUILLET

Il y a une dizaine d'années environ, le récit intitulé «Les poissons» - réalisé pour l'une des chaînes (il n'y en avait encore que trois au total) de la télévision française - avait obtenu un succès mérité. Le thème qui donnait pleine satisfaction aux fantasmes qui circulent si volontiers sur les société secrètes dans l'imagination populaire, y était fort bien mené. On vivait réellement l'histoire.

Quelle était-elle donc? Le héros, aboutit par hasard un soir dans un manoir, (sorte de «folie» 18e siècle) situé en lisière de la forêt de Rambouillet, y tombait sur ce qui lui semblait être une soirée mondaine chic, fort plaisante. Sauf peut-être que les invités semblaient bien sérieux dans leur comportement, au lieu de s'y amuser franchement.

L'épicentre de la soirée était constituée par un vaste aquarium trônant dans un salon intime dans lequel évoluaient de gros poissons (d'où le titre donné au récit).

Le héros entamait une conversation - personne ne lui avait encore adressé la parole - avec la très belle jeune femme, en tenue de soirée, qui se trouvait assise là, isolée. La sympathie réciproque s'installait tout de suite entre les deux jeunes gens. Une conversation prenait place. Mais les paroles de la si belle jeune femme prenaient un tour franchement bizarre. Elle laissait entendre à son interlocuteur qu'il n'aurait sans doute pas du se trouver dans les lieux.

Il s'agissait, comme le héros semblait le comprendre, d'une assemblée tout-à-fait confidentielle ? Celle d'une société secrète extrêmement fermée, attirante et inquiétante tout à la fois. A des révélations merveilleuses ne s'ajoutait-il pas une chose effrayante entre toutes qui se laissait entrevoir ? Rien moins, chaque année, que le sacrifice rituel de l'un des membres, rendant ainsi possible une nouvelle affiliation au groupe.

Le héros, sur le conseil de son interlocutrice, ne tardait pas à quitter discrètement les lieux. Mais il arriva, ce que l'on devinait : le personnage se rendit compte qu'il avait bel et bien connu dans cette soirée un coup de foudre, il n'eut dès lors cesse d'arriver à retrouver la si splendide jeune inconnue. Il ignorait totalement son identité.

Le rêve lui sembla d'abord facile à réaliser. Ne retrouva-t-il pas sans effort, en lisière de la forêt, la si belle demeure (tout de suite reconnue) où s'était déroulée son aventure nocturne ? Il osa sonner, et engagea la conversation avec la propriétaire des lieux. Dès la première question, celle-ci tomba des nues : aucune soirée (elle s'en serait bien aperçue) n'avait eu lieu la nuit précédente, chez elle. Il devait donc y avoir confusion ?

Mais le jeune homme était persuadé n'avoir pas fait erreur. Et résolut de continuer ses discrètes enquêtes personnelles. Après la confirmation de divers indices, il finissait par rencontrer - en la personne d'un voyant et occultiste de fête foraine, d'âge déjà respectable ? quelqu'un très au courant de l'étrange mystère.

Oui, la société secrète des «Poissons» existait bel et bien. Mais le «mage» conseillait très fermement à son jeune interlocuteur d'oublier carrément toute l'affaire, car, disait-il, il s'agissait de gens extrêmement puissants, contre lesquels tout éventuel appel à la police ne servirait à rien, lui-même risquait très gros, en osant en parler à demi mots.

Le héros s'obstinait dans son enquête sur la belle inconnue et le groupe mystérieux dont elle était membre. Erreur fatale, puisque l'implacable société secrète, s'étant rendue compte d'une curiosité intempestive à son égard, y mettait une fin radicale.

Le malheureux se trouvait donc discrètement liquidé. La toute dernière séquence du récit (où le héros cherchait désespérément - de dangereux intrus semblaient guetter dans son immeuble  à appeler de chez lui police-secours, mais s'apercevait que les fils du téléphone venaient d'être coupés par une main inconnue, était fort impressionnante dans son raccourci.

Il s'agissait certes d'un récit imaginaire réalisé pour la télévision, non de faits réels filmés en reportage ? Pourtant, aurait-il existé naguère (avec même survivance jusqu'à aujourd'hui) une société secrète dont les membres se réunissaient dans un domaine situé en lisière de la forêt de Fontainebleau ?

La rumeur en courut longtemps sur place. Et, chose remarquable, Georges Bataille, aurait déclaré lors d'une conversation amicale, qu'à son avis cela pouvait correspondre bel et bien à une réalité cachée. A l'importante différence que la dite société secrète, cultivant la haute magie érotique, ne serait sans doute nullement allée jusqu'au meurtre rituel.


(© Serge Hutin et Science & Magie, 1993)

 
SOUTERRAINS DU VIEUX PARIS<

Si les catacombes, dont l'entrée la plus connue (celle d'où partent toutes les visites en groupe se trouve dans l'un des deux pavillons de la place Denfert-Rochereau, ont été auréolées au fil des années de ténébreux «secrets» par l'imagination populaire (1), leur origine se révélerait pourtant bien prosaïque. N'utilisa-t-on pas ces vastes cavités, anciennes, carrières, pour se débarrasser, en les y enfouissant, de l'amoncellement séculaire des ossements dans les vieux cimetières (dont celui des Innocents) désaffectés à la fin du 18e siècle ?

Si les Catacombes sont si aisément accessibles aux touristes, leur partie visitée représente quelque chose d'une étendue insignifiante par rapport à l'interminable dédale des anciennes carrières désaffectées, dont les matériaux servirent, au long des siècles, à bâtir la capitale.

Des plans détaillés

Mais ce si vaste ensemble n'est point du tout, en dépit de ce que le public pourrait croire, terra incognita. La Ville de Paris possède un service spécial, l'Inspection des Carrières, qui dispose des plans détaillés de tout l'ensemble. Il apporte les renseignements indispensables pour toute construction d'immeubles, sur tout le territoire visé - qui déborde largement d'ailleurs (vers la banlieue sud notamment) le secteur des catacombes proprement dites. N'existerait-il donc aucun secteur parisien susceptible d'abriter d'authentiques énigmes et secrets souterrains ?

La réponse est négative : il existe bel et bien aujourd'hui encore, deux secteurs du Vieux Paris qui abritent tout un ensemble de galeries et salles non répertoriées sur les cartes de l'Inspection des Carrières. Tout d'abord - et c'est le gros morceau, sous toute la superficie de l'ancien quartier du Temple (qui tient son nom des moines-chevaliers au blanc manteau, originellement seul maître de tout ce secteur urbain, et dont le centre n'était autre que le fameux donjon, quartier-général de l'Ordre et résidence du grand maître). L'autre secteur, d'étendue bien plus modeste, se situerait rive gauche de Paris, sous le vénérable secteur (victime hélas en surface des urbanisations et rénovations successives) de la place Maubert à la rue Mouffetard et, rive droite, de la place d'Aligre.

Un trésor de légendes populaires

S'y était longtemps épanoui tout un trésor fascinant de légendes populaires, si merveilleusement inventoriées par notre regretté ami Jacques Yonnet dans ses passionnants "Enchantements sur Paris" (parus chez Denoël en 1954, et réédités chez Phœbus sous leur titre d'origine).

Mais pourquoi donc ces deux secteurs souterrains parisiens ignorés n'en feraient-ils pas en fait qu'un seul en rapport direct avec le mystère templier ? Cela supposerait, évidemment, que la liaison soit opérée grâce à un fabuleux franchissement inconnu de la Seine.

Comment l'admettre, nos aïeux n'ayant pas disposé - et pour cause ? de l'outillage sophistiqué, très spécial, qui permit les grands travaux souterrains modernes ? Et ne devrait-on pas hausser les épaules devant l'idée même de cavités qui, pour l'un comme l'autre de ces secteurs du Vieux Paris, se situeraient à une profondeur inférieure à celle des lignes de métro et des égoûts contemporains ? Au surplus, avec tous les travaux qui nécessitent de creuser des fondations en profondeur, les soi-disant souterrains «templiers» mystérieux n'auraient-ils pas été découverts depuis belle lurette en fait ?

Il serait peut-être pourtant loisible (sans pouvoir certes en apporter la preuve de penser que d'éventuelles trouvailles aient été faites mais sans être déclarées - non pour raisons fantastiques ou à la suite de la découverte fortuite d'un amas de pièces d'or mais, tout bonnement, pour éviter les complications (appel aux services spécialisés qui dépendent des Beaux-Arts) entraînées par la déclaration à l'Hôtel-de-Ville d'éventuels vestiges archéologiques. Durant une période plutôt longue les grands travaux (édification d'immeubles neufs à la place des bâtisses vétustes démolies) s'étaient trouvés arrêtés place d'Aligre, fin des années 60 et début de la décennie 70 suffisamment longtemps pour que, dans ce chantier à ciel ouvert, se fussent trouvées dévoilées des entrées discrètes menant non pas aux anciennes caves de maisons démolies, mais plus bas, à ce qui semblait être l'amorce d'un complexe réseau inconnu de vieilles galeries souterraines.

Des marginaux, les uns inoffensifs (vieux clochards), les autres bien moins (petits trafiquants de drogue et d'armes légères) avaient d'ailleurs mis à profit ce long abandon des lieux pour s'y ménager des caches discrètes et commodes.

Des caches templières

Mais à quoi auraient donc pu servir tous ces souterrains (tant ceux de l'ancien quartier du Temple que ceux du secteur de la place Maubert ?) On pense évidemment tout de suite à des trésors cachés. Et cela n'aurait rien eu d'étonnant, puisque l'Ordre du Temple avait si bien su développer ses activités financières. Non, certes au niveau individuel (les chevaliers prononçaient le vœu monastique de pauvreté), mais à celui de l'Ordre dans son ensemble. Rien donc d'étonnant à imaginer que les plus grandes caches bancaires templières (formées de pièces de monnaie dans la majorité des cas, avec éventuellement des barres d'or pour les réserves de vraiment notable importance) aient pu se trouver dans les dits souterrains.

On pourrait même, à la limite, imaginer que - contrairement aux hypothèses les plus courantes ? ce soit à Paris précisément qu'on ait été cacher le prodigieux trésor majeur de l'Ordre.

En outre, il serait loisible d'imaginer que le vaste ensemble souterrain de Paris ait été non seulement conçu comme un éventuel lieu de refuge, mais comme devant servir aussi aux cérémonies cachées, aux rituels ésotériques propres au Cercle Intérieur de l'Ordre du Temple.

Ainsi s'expliquerait la découverte fortuite, au voisinage de l'Hôtel de Ville, tout au début des années 60, d'une petite salle souterraine ogivale en laquelle chacune des clefs de voûte aboutissait à une sculpture en forme de main. Ce symbole étant traditionnellement associé à la justice, peut-être s'y déroulait-il des jugements intérieurs à l'Ordre ( à l'encontre de chevaliers ayant commis une infraction à la règle.)

Au début de l'année 1967, j'avais - à la suite d'une conversation impromptue portant sur le Vieux Paris de l'Ordre du Temple ? noué connaissance avec un brave homme qui me sembla de longue date familier de sa petite histoire. Il me dit avoir trouvé ce secret décisif : l'itinéraire souterrain conduisant à l'emplacement secret même du grand Trésor des Templiers. Je me reprocherai toujours d'avoir si longtemps attendu avant d'oser demander à ce chercheur ses coordonnées (nom et adresse). Car, lorsque j'y songeai enfin, ce fut trop tard comme vous allez le constater.

Une crypte ignorée

Revu (je m'en souviens fort bien) lors d'un colloque - organisé au Grand Orient de France (rue Cadet), au printemps 1967 - sur «la franc-maçonnerie au siècle des lumières», ce monsieur m'avait dit qu'il allait en avoir le cœur net. En possession de la clef en procurant l'entrée, il allait donc, à l'église Saint-Paul (rue du faubourg Saint-Antoine) ouvrir la petite porte donnant accès à une crypte ignorée, elle-même en discrète communication avec le dédale des souterrains «templiers» de Paris. Il était sûr d'accéder au fameux Trésor majeur ?

Soit dit en passant, ce qu'il m'avait dit attestait quelque chose de plutôt étonnant ? que, semblait-il, la perpétuation du secret se serait donc trouvé connue de l'architecte ayant bâti l'église Saint-Paul (dont l'érection fut pourtant si postérieure à l'Ordre du Temple).

De cet homme, je n'eus plus jamais de nouvelle (directe ou indirecte). Se serait-il donc irrémédiablement perdu dans les mystérieux souterrains ? Parler du Trésor des Templiers me fait souvenir aussi d'un grand ami disparu : Pierre Sadron, mort tragiquement (vous allez le voir) en 1973. Il était, lui, persuadé que l'accès principal aux souterrains templiers de Paris se situait place d'Aligre.

Il en avait trouvé confirmation par ses propres promenades solitaires jalonnées de moments prolongés d'observation méthodique des lieux sur le chantier si longtemps laissé à l'abandon. «L'entrée secrète doit se trouver là ?», me disait-il.

Pierre Sadron

Pierre Sadron connaîtra une mort tragique, toujours environnée de mystère. Une nuit qu'ayant voulu, venant d'arriver à la gare d'Austerlitz, au retour d'un voyage en province, la fantaisie lui avait alors pris sans doute de rejoindre tranquillement à pied son domicile (situé aux alentours de la place Maubert). Il eut hélas la malencontreuse idée, après avoir traversé la Seine, de prendre pour raccourci la traversée d'un square obscur - initiative fatale, ce dernier étant estimé de longue date mal famé  : n'avait-il pas été le théâtre d'agressions. C'est ce qui justement arriva : Pierre Sadron, assailli dans le dit square par un groupe de plusieurs Maghrébins, y fut laissé pour mort, le corps percé par soixante-quatre coups de couteau.

Tragique ironie du sort : ses blessures n'étaient pas mortelles, et il s'en tirait donc par un séjour prolongé en clinique. malheureusement survint l'impensable : au moment où débutait la convalescence, tout se mit soudain à empirer, jusqu'à une mort très rapide du malheureux. Pourquoi donc ? L'arme de l'un des agresseurs était empoisonnée.

On ne retrouva jamais les assaillants de Pierre Sadron, et son tragique décès demeure toujours enveloppé de mystère.

Deux explications seraient possibles. L'une : Sadron aurait été victime de la vengeance implacable d'une sinistre secte de magiciens noirs (au sens occulte de l'épithète), dont il aurait percé les secrets.

Et, de fait, comment expliquer qu'il ait reçu 64 coups de poignard - pas un de plus, pas un de moins ? L'autre hypothèse, moins fantastique, mènerait tout bonnement à un acte criminel imputable au «milieu».

Les visites et stations si nombreuses et prolongées effectuées par Pierre Sadron sur le grand chantier abandonné de la place d'Aligre, auraient excité la méfiance de l'une des petites bandes de malfrats qui utilisaient les lieux pour y cacher la drogue ou les armes dont ils faisaient le trafic.

Et, le prenant pour un flic, chargé de les surveiller, ils auraient purement et simplement fait alors appel à des «collègues» tueurs pour liquider le bonhomme.
 

(1) Un roman de Gaston Leroux fait même état de la survivance en-dessous des Catacombes, depuis l'époque médiévale, dans une partie encore inviolée, de toute une petite colonie humaine inconnue. Ses membres ont fini, après plusieurs générations de survie en l'obscurité totale, par d'avenir aveugles héréditaires.


(© Serge Hutin et Science & Magie, 1991)

 
L'ÉTRANGE PYRAMIDE DE FALICON


Dans un roman fantastique anglais de Dennis Wheatley, écrit au début des années 40 : The Devil rides out («Le diable part en randonnée» en serait une traduction familière), qui met en scène une secte secrète de satanistes ... l'épisode terminal horrible se déroulait en l'arrière-pays niçois. Les adorateurs du Diable, célèbraient leur rituel magique suprême qui culminait par le sacrifice d'une vierge, vouée à Satan dès sa naisance, dans la "ténébreuse grotte des chauve-souris" (cave of the bats).

Cette grotte des chauve-souris n'avait-elle existé que dans l'imagination du romancier ? Il se trouve que vers la banlieue nord de Nice, existe bel et bien (à la seule différence que le singulier se trouve employé), une "grotta della rapignata" (grotte de la chauve-souris, en dialecte niçois).

Et la dite grotte ne manquera pas d'être davantage encore entourée d'une aura de mystère, si nous constatons qu'elle sert elle-même de soubassement à une petite structure monumentale énigmatique (étudiée par deux grands amis : Robert Charroux, disparu hélas à la fin des années 60, et Guy Tarade toujours bien vivant, Dieu merci). Quelle chose, donc ? Le petit monument (ne vous attendez surtout pas à quelque chose d'imposant) appelé Pyaramide de Falicon, d'après sa silhouette.

Cette bizarre structure, érigée à une époque incertaine (mais qui pourrait sans doute se situer vers la fin de la protohistoire) aura posé bien des interrogations que ne démentiraient ni Charroux, ni Tarade, malgré leurs si remarquables efforts pour les résoudre.

Mais il y a mieux : suivant une tradition locale, le célèbre mage britannique Aleister Crowley, lors d'un séjour sur le Côte d'Azur, aurait présidé tout un rituel de haute magie cérémonielle, se déroulant en deux parties : l'une dans un templs secret souterrain de l'O.T.O. (Ordo Templis Orientis ou Ordre du Temple d'Orient), société secrète dont Crowley fut grand maître, l'autre en la Grotte de Falicon, celle de la Chauve-souris.

A mon avis, ce templs souterrain caché de l'O.T.O. n'est nullement un mythe. Je me souviens qu'une amie bien chère (et plutôt informée, de par ses fonctions, commissaire de la DST à Nice), Marie-Rose Baleronouwer - hélas disparue d'une manière tragique en 1972 , m'avait montré dans le secteur un fort étrange petit édifice trapu de forme géométrique (il comportait cinq faces) dont l'accès n'était nullement évident ?pour l'atteindre, il fallait se frayer un chemin à travers une véritable petite jungle herbue qui s'épanouissait sur les vastes terrains vagues entourant la pyramide de Falicon. Marie-Rose m'avait déclaré que le dit ùonument n'était sûrement pas "la tombe d'un jeune jésuite tué accidentellement dans les parages», pieuse version répandue chez les habitants du secteur.

Aleister Crowley

Rien de chrétien dans sa sobre ornementation. Et, d'après mon amie, la porte métallique comportant un jour supérieur, ayant forme d'une étoile à six branches - le sceau de Salomon, l'hexagramme) était celle de l'escalier descendant jusqu'au temple souterrain secret.

Celui-là même où aurait officié le célèbre Aleister Crowley. Il a depuis surgi peut-être hélas l'impossibilité d'aller reconnaître aujourd'hui l'état des lieux dans ce secteur de la banlieue nord de Nice. Depuis 1971, la pyramide et le monument existeraient-ils encore ? Il se peut que tout le périmètre ait fait l'objet de l'une de ces grandes opérations immobilières propres à la région. Perpétrées par de grands promoteurs disposant en fait de pouvoirs de possibilités (au besoin fort discrètes) que nos plus puissants seigneurs d'avant la Révolution ne possédaient pas. N'avait-on pas vu disparaître dans le scteur sud de Nice, le vallon obscur - site classé pourtant ?, lors des restructurations urbaines qui sévirent dans le secteur de l'avenue de la Californie ?

Il se peut donc fort bien (je souhaiterais certes que nos lecteurs m'apportent la preuve du contraire), que le site énigmatique dont je viens de vous parler ne soit plus qu'un souvenir, depuis de nombreuses années déjà.


(© Serge Hutin 1993)

 
LE VÉRITABLE SECRET DU FABULEUX TRÉSOR
DE RENNES-LE-CHÂTEAU

On sait la littérature considérable suscitée par le fameux «Trésor de Rennes-le-Château» grâce auquel l'abbé Bérenger Saunière - cet humble petit curé de campagne ? aurait pu disposer tout d'un coup des revenus des milliardaires de la Belle Époque.

De toute manière cette fortune subite de l'abbé Saunière n'est pas du tout un mythe : on le vit devenir bel et bien capable, brusquement, non seulement de faire rebâtir l'église paroissiale suivant ses plans et de s'ériger une fort belle demeure personnelle, mais de mener un train de vie absolument fabuleux.

Personnellement, je suis donc persuadé que le Trésor de Rennes-le-Château n'était pas du tout mythique - et que ce fut bel et bien en y puisant que l'abbé Saunière put connaître sa soudaine fortune.

Mais de quel trésor pourrait-il s'agir ? Rien moins sans doute que de la cache majeure de l'Ordre du Temple ? laquelle se serait trouvée justement dans le secteur de Rennes-le-Château (la Commanderie du Bézu s'y trouvant bel et bien).

Si les moines-chevaliers au blanc manteau prononçaient à titre personnel le vœu monastique de pauvreté, l'Ordre était, lui, devenu fabuleusement riche au niveau temporel du fait de ses activités bancaires menées à l'échelle de tout le monde méditerranéen.

Au moyen-âge, il n'existait pas de billets de banque, et les réserves bancaires ne pouvaient donc consister qu'en monnaie d'or ou d'argent. Mais, si chaque commanderie possédait sa cache de pièces, ne serait-il pas normal de penser qu'il ait existé aussi une cache bancaire majeure et constituée, elle, de barres d'or (les lingots modernes n'existaient pas encore) ?

Pourquoi ne pas supposer que l'abbé Saunière ait découvert cette cache majeure de la Banque du Temple ? Il existe un curieux témoignage - celui de la sœur de lait de Marie Denarnaud ( la fidèle servante - et compagne ? du curé de Rennes-le-Château).

Celle-ci déclara avoir vu dans une pièce de la Villa Bethornia (la résidence que l'abbé Saunière s'était fait bâtir), toute une série de barres d'or bien rangées en ligne espacées. Le fait que l'abbé Saunière ait découvert rien moins que cette cache bancaire majeure de l'Ordre du Temple n'excluerait évidemment pas la possibilité de l'existence ailleurs de deux ou trois autres réserves bancaires.

Et, sans parler aussi d'une quasi existence certaine dans les composantes du Trésor, d'objets sacrés et de manuscrits secrets - patrimoine particulièrement cher à l'Ordre, bien que n'ayant pas du tout consisté, lui, en espèces sonnantes et trébuchantes.


(© Serge Hutin et Science & Magie, 1993)

 
DU BON USAGE DES RÊVES


Le mystère des rêves et leur rapport avec notre destinée a de tout temps intrigué les hommes. Serge Hutin nous propose ici ses réflexions personnelles sur le sujet toujours d'actualité, puis nous raconte un de ses rêves anciens dont il nous fournit ensuite l'explication par un spécialiste.

De même que pour l'immense masse de souvenirs qu'enregistre notre mémoire à tous, c'est bien le discernement qui se révélerait comme une qualité fondamentale, essentielle, incontournable, dans le domaine onirique. Nous rêvons tous (même - les découvertes de la psychologie scientifique la plus récente l'ont prouvé - ceux d'entre nous qui sont persuadés, en toute bonne foi, ne jamais le faire. Simplement, ils oublient tout au réveil). Voici un phénomène quotidien d'une banalité extrême.

Pourtant, une connotation de mystère, d'étrange, d'insolite s'attache encore à ce phénomène si courant. N'est-ce déjà pas curieux que, sommairement vêtu et reposant sur un lit, nous fassions en rêve - et habillés de pied en cap - des actes fort divers, pouvant se montrer d'une complexité extrême ? En rêve, nous accomplissons les mêmes gestes qu'à l'état de veille ; nous pouvons emprunter divers moyens de transport, visiter des régions inconnues.

Il nous arrive même (cela peut sembler idiot, mais nous en aurons tous fait quelque nuit l'expérience) qu'un rêve comporte un épisode de sommeil - et, au cours duquel... nous rêverons, au second degré en somme !

En fait, l'examen objectif de nos rêves nécessiterait bel et bien l'exercice poussé de notre faculté de discernement.

Il est diverses catégories de rêves, des plus insignifiants voire déroutants au plus énigmatiques.

Il existe des rêves dont l'origine est directement (et bassement) organique. Je veux parler - exemple significatif de ceux qu'ils soient agréables ou fort déplaisants, consécutifs à un trop bon repas bien arrosé.

A un niveau déjà plus profond, on trouverait les épisodes oniriques qui résultent d'un désir instinctif essentiel. Il y a les cas extrêmes, bien compréhensibles, du jeûneur (forcé ou volontaire) qui voit en rêve des festins plantureux ou encore de l'ascète tourmenté par ses tentations lubriques.

Le rôle des répressions d'ordre sexuel était particulièrement significatif, comme l'ont bien vu Sigmund Freud et ses disciples. Pas seulement chez les religieux astreints à la continence, mais chez l'individu normal de nos sociétés. Rares (il faut le reconnaître) sont, parmi nous, les êtres susceptibles de vivre en la compagnie d'un partenaire sexuel parfait - auquel cas les rêves érotiques n'auraient plus aucune raison d'être.

Freud avait mis le doigt sur un processus onirique essentiel (Voyez sa Science des Rêves) : la symbolisation. S'il arrive que les phantasmes sexuels s'expriment d'une manière directe, chez le dormeur (qui éprouvera les mêmes impressions que lors de l'accomplissement d'un coït à l'état de veille), les désirs d'ordre sexuel useront volontiers de toute une série de « ruses » indirectes par le jeu des symbolisations - dont Freud puis ses continuateurs ont dressé le répertoire détaillé. Par exemple : le phallus pourra prendre pour image symbolique le feu d'une épée ou tout autre objet pointu, l'organe féminin celle d'un creux ou d'une coupe, ou des eaux - mais le répertoire complet des dites images serait interminable.

Symboles concrets

A noter que le processus de symbolisation n'est pas, dans les rêves, particulier au seul domaine des insatisfactions sexuelles. Il s'agit vraiment, c'est évident, d'une loi psychique générale. Chacun de nous aura pu constater que les rêves peuvent (mais les deux éventualités se combinent volontiers) soit reproduire des scènes tout à fait semblables (ou très voisines) de celles vécues à l'état de veille, soit comporter des éléments (personnages ou lieux) jouant le rôle de symboles concrets.

Les anciens mettaient déjà fort bien l'accent sur la nécessité d'une distinction à établir entre les rêves. Ceux-ci ne pouvaient-ils pas - admirez le langage imagé - sortir par deux portes : celle de corne (que franchissent les rêves du genre banal) ou celle d'ivoire (par laquelle nous viennent les songes de la catégorie supérieure, ceux qui nous transmettent un message) ?

Dans la catégorie des rêves supérieurs, il faudrait évidemment placer ceux de nature prémonitoire comme ceux (à l'opposé) susceptibles de nous faire déboucher sur des épisodes vécus lors d'une existence antérieure.

Mais, tout au sommet, il faudrait placer une sorte vraiment à part parmi les rêves supérieurs : ceux où surgissent des images symboliques qui proviendraient non du subconscient individuel du rêveur mais d'une couche supérieure, commune à l'espèce humaine dans son ensemble : l'inconscient collectif que Jung avait fort bien étudié et décrit.

Comment étudier nos rêves ?

La méthode traditionnelle - celle héritée des antiques clefs des songes - est d'ordre monographique. Autrement dit, chaque rêve isolé fera l'objet d'une étude particulière. A l'époque actuelle, une autre méthode s'est trouvée développée (voyez par exemple le livre important de notre ami Bernard Mirande publié aux Editions Astres (Paris). Elle repose au contraire sur un suivi méthodique, tout au long d'un mois entier ou même davantage, de tous les rêves faits par un sujet - qui, dès le réveil, devra les noter soigneusement sur un carnet (avant donc que ne puisse commencer à jouer le mécanisme naturel d'oubli croissant) les rêves qu'il vient de faire durant la nuit passée.

Un exemple personnel

Nous pensons, en ce qui nous concerne, qu'il existe bel et bien certains rêves particulièrement frappants, pouvant être uniques (alors que d'autres se reproduisent) et dont une étude monographique se suffirait donc à elle-même.

Nous allons (le moi est haïssable, certes...) en donner un exemple personnel, particulièrement frappant fait au mois de février 1960 (1). Rêve d'une précision extrême, et dont le souvenir est demeuré gravé tel quel dans notre mémoire.

«Une très grande cité aux monuments d'allure antique (colonnades, etc). Elle est bâtie en hauteur, dominée au sommet par un vaste temple dont le toit se trouve revêtu d'un métal brillant, qui étincelle aux rayons du soleil.

Dans la cité, des hommes et des femmes, tous vêtus d'une tunique blanche. Simplement, certains des hommes portent des attributs militaires (casque, épée, etc.).

Une route circulaire stratégique fait le tour de la cité. J'y circule en compagnie de trois autres personnes (dont une jeune femme brune), dans un assez petit véhicule découvert - dépourvu de roues et qui, sans le moindre bruit circule à une dizaine de centimètres au-dessus du sol.

Au-delà de la route, une accumulation de défenses du genre fils de fer barbelés, chevaux de frise, etc. Après, c'est une immense plaine déserte, qui semble s'étendre à perte de vue, jusqu'à l'horizon.

Une immense armée

Dans la plaine, une immense armée assiège la cité

Des fantassins en hordes innombrables - mais pas des guerriers ordinaires : ce sont des squelettes métalliques vivants, au crâne doté d'yeux humains (des robots? des humains robotisés ?). De temps à autre, un rayon lumineux très étroit et rectiligne part du sommet du temple, et anéantit d'un seul coup une multitude des squelettes métalliques vivants.

Mais cela ne sert à rien, les vides sont aussitôt comblés, et il semble y en avoir davantage encore. Ensuite, vient une autre séquence : la jeune femme brune (celle en compagnie de laquelle j'étais dans le véhicule découvert) et moi, nous nous engageons dans un passage souterrain, dont la sortie se trouve, nous le savons, située loin dans la plaine, au-delà de l'innombrable armée des squelettes en métal.» Comment interprêter un tel rêve ? On pourrait assurément en tenter diverses explications symboliques. Mais je donnerai ici l'interprétation que m'en avait suggéré un vieil ami britannique, décédé en 1972, Gérard Heym (haut dignitaire de la célèbre société secrète de l'«aube dorée» (Golden dawn).

Suivant celui-ci, ce rêve si étrange ne serait autre qu'une réminiscence empruntée à un épisode vécu au cours de l'une de mes incarnations antérieures - celle où, vers la fin de l'Atlantide, (le toit étincelant du grand temple était en orichalque, cet alliage atlante d'or et d'argent) j'aurais connu la révolte de la multitude des malheureux esclaves (robotisés par une invention démoniaque). Je laisserai à chacun de vous le soin de conclure !

(1) Nous allions alors (le 2 avril) avoir 31 ans.


 
(© Serge Hutin et Science & Magie, 1993)

 
LE RÊVE EXTRAORDINAIRE D'UN ENFANT DE SEPT ANS

A l'âge de 7 ans, je fis un rêve fantastique, tout à fait horrifiant et fabuleux. Non seulement, j'en ai toujours gardé en moi - j'aurai 68 ans le 2 avril prochain ? le souvenir et demeuré d'une précision extrême. Mais je puis dire que ces images oniriques n'auront cessé de hanter mon imagination au fil des années...

«Après une longue descente souterraine, j'aboutis dans une petite pièce carrée - sorte de sanctuaire aux murs tendus de lourdes draperies rouges. Au milieu, au autel noir cubique, qu'occupe sur presque toute sa surface un buste à mi-corps d'une teinte que l'on pourrait caractériser comme étant d'un vert pâle et livide. C'est le buste d'une femme, aux seins imposants. Son abondante chevelure, ruisselant en arrière sur les épaules est blanche. Les yeux sont rouges.

Ce buste est vivant, ce n'est pas du tout une statue passive. Je m'approche. De sa bouche, la femme me mord successivement entre les yeux, sur le côté gauche de la poitrine et au sexe.

Au cours de ce rêve, je ne me voyais pas comme le petit gosse que j'étais à cette date, mais comme un adulte.

Je me réveillai en sursaut, terrorisé.» Évidemment, un psychanalyste freudien ne manquerait pas de considérer ce rêve de jeune enfant comme apportant de l'eau à son moulin - la clef sexuelle d'un tel rêve étant évidente. Le buste de femme serait une symbolisation directe de la mère castratrice, cette figure qui hantait le subconscient du petit garçon.

Je précise pourtant que le buste féminin vivant n'avait pas du tout le visage de ma maman, ni d'ailleurs davantage celui d'une personne (parente ou amie) de l'entourage familial ou de ses relations directes.

C'est pourquoi, à mon avis, la solution la plus approchée de l'énigme serait donnée par un psychologue des profondeurs se réclamant de l'école de Carl-Gustav Jung. Le buste féminin serait à considérer alors comme un véritable archétype, une image de la Mère Divine, de la Grande Déesse tout à la fois redoutable et bénéfique.

On penserait à la déesse hindoue Dourgâ, à la divinité magique lunaire Hécate, à l'une des formes terribles d'une Tarâ tibétaine, à la Shekinah des kabbalistes, etc. Je précise bien, que le garçonnet de sept ans que j'étais alors n'aurait pu se trouver conditionné (et pour cause) par des recherches approfondies touchant à l'étude comparée des religions, à certaines mythologies, etc.

Il faudrait mettre de côté également l'hypothèse commode d'une influence sournoise exercée sur l'imagination du gosse par la figure inquiétante d'un tableau fantastique ou encore d'une planche étrange sur un ouvrage de la bibliothèque familiale : il n'y en avait pas dans tout l'appartement familial, j'en suis sûr.

Au point de vue occulte, il serait évidemment loisible de voir dans ce rêve une image empruntée à une incarnation antérieure (celle où j'aurais pu, par exemple, être initié aux ténébreux mystères souterrains d'Hécate. Il y aurait aussi l'interprétation possible par une sorte d'annonciation onirique, chez le jeune enfant, de se trouver au nombre des êtres prédestinés à suivre - devenus adultes ? une voie initiatique. C'est ainsi que la morsure devrait se trouver alors interprétée.


 
(© Serge Hutin et Science & Magie, 1993)

 
RÊVE PRÉMONITOIRE

Il y a un an, je fis un rêve très surprenant, très précis. Je vis mon père - quatre-vingts ans ? descendre à cheval la rue du Mont-blanc où nous demeurons. Très droit, sur son beau cheval noir, il guidait sa monture au pas, sans se laisser impressionner par le flot ininterrompu de voitures qui le frôlaient.

Soudain, toujours dans mon rêve, je vis surgir une grosse moto rouge qui fonçait elle aussi en direction du lac. Le cœur battant je vis que c'était mon fils Herbert qui la pilotait. Arrivé à la hauteur de son grand-père, mon fils ralentit, cabra sa moto en acrobate pour le saluer, avant d'accélérer.

L'instant d'après, au carrefour à l'entrée du pont du Mont-Blanc, un camion fou surgit grillant le feu rouge et heurta violemment la moto de mon fils. Au même moment, deux cents mètres plus haut, la monture de mon père effrayée par le crissement de freins brutal d'un camion se cabra et désarçonna son cavalier.

Je me réveillai à ce moment-là très angoissée et le corps en nage. J'appelai mon père qui vivait à la campagne et dirigeait encore son haras malgré son grand âge. Tout allait bien. Rassurée, j'appelai mon fils qui terminait ses études à Zurich. Lui aussi était en bonne santé.

Or, une semaine plus tard, mon père était grièvement blessé lors d'une chute de cheval survenue lors de sa promenade quotidienne.

Frôlé par un camion sur une route étroite sa monture avait fait un brusque écart. Le même jour, Herbert en route pour le canton de Vaud pour passer le week-end chez son grand-père, se tuait sur l'autoroute, heurté par un poids-lourd. (Elfried B. - Suisse)

LIVRES
Serge Hutin
LES SOCIÉTÉS SECRÈTES
Collection Que Sais-je ?
Presses Universitaires de France

Réédité enfin, pour la nème fois, ce petit ouvrage de base que toute bibliothèque sérieuse se doit d'abriter, est à nouveau disponible dans les bonnes librairies. En 120 pages denses, complétées par une bibliographie rigoureuse, ce manuel résume ce que tout honnête homme curieux doit savoir des sociétés secrètes, dont le renouveau actuel ne surprendra pas l'initié.


  Serge Hutin (assis) et Jean Boully (debout)


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