Roland Bonnet
passa plusieurs années de sa vie
à étudier le paranormal sous toutes ses formes.


Roland Bonnet

Chasseur de fantômes
Globetrotter, journaliste, écrivain et cinéaste, Roland a passé plusieurs années de sa vie à étudier les sciences occultes. Il s'est intéressé plus particulièrement à la magie, à la sorcellerie, aux apparitions, aux fantômes, aux maisons hantées et aux ovnis. Souvent témoin à charge afin de dénoncer les fraudes et les manipulations..

L'enfance de Roland Bonnet a baigné dans le mystère. Sa mère et sa tante s'adonnaient toutes deux aux sciences conjecturales, aux médecines empiriques, aux magies populaires.

Un jour Roland Bonnet, grand reporter à la TV, rencontre Nina, médium extralucide. Et que pensez-vous qu'il arriva ? Ils se marièrent, pour le meilleur et pour le pire.
Nina et Roland Bonnet forment forment désormais un couple hors du commun.

Dans le numéro 31 de la revue Science et Magie, Roland nous a raconté ses relations avec l'irrationnel et ses expériences du surnaturel. Il nous livre ci-après quelques réflexions personnelles à ce sujet.

POUVOIR MAGIQUE : TOUT EST POSSIBLE !
Croire ou savoir, là est la question à laquelle personne n'est en mesure d'apporter de réponse satisfaisante pour tous. A celui qui croit, aucune explication n'est nécessaire. A celui qui doute, aucune explication n'est possible.

Les choses comme les gens n'ont d'autres pouvoirs que ceux qu'on leur prête. Ceux qui croient au pouvoir des sorciers, des marabouts, des gourous fondateurs-animateurs de sectes qui exploitent la candeur, la crédulité, la confiance ou la stupidité de leur prochain c'est leur affaire... et tout peut arriver, tout est possible !

Confrontés aux résultats parfois positifs qu'ils obtiennent, les farceurs et imposteurs de l'irrationnel qui prétendent "être choisis, révélés, investis", sont dupés à leur tour, convaincus alors qu'ils sont non plus des initiés, mais des élus ! Ils se couillonnent eux-mêmes et parviennent à couillonner encore plus de monde et obtiennent donc plus de résultats. Plus que jamais... tout leur est possible ! Après avoir longtemps navigué dans ces eaux troubles, je sais de quoi je parle !

Depuis plus de quarante ans, on veut me faire dire que je suis sorcier, que je détiens des pouvoirs parce que j'ai parlé avec conviction de ce sujet, que je l'ai présenté à la télévison. Il m'est arrivé, au cours de conférences, en utilisant des trucs, en commettant des supercheries, de soulager des misères ou d'impressionner mes interlocuteurs. Or, je ne dispose d'aucun pouvoir.

Si vous voulez devenir sorcier, c'est-à-dire un mage obtenant des résultats positifs auprès de patients déboussolés, hallucinés, parce qu'ils se disent et se croient sincèrement envoûtés, ensorcelés, possédés... voici ma recette :

Devenir sorcier
Vous devez être à la fois psychologue, psychanalyste, curé et médecin de campagne d'autrefois (personnages qui savaient écouter et donner l'impression qu'ils s'imprégnaient des tourments de leurs patients alors que bon nombre d'entre eux, n'en avaient rien à f... !)

Le "bon" sorcier, le thaumaturge, doit permettre à son patient de reprendre confiance en lui, de se prendre en charge, de ne plus rejeter ses malheurs sur autrui mais sur lui-même et surtout de prendre ses responsabilités. En bref de la même manière qu'il s'est auto-détruit, le patient doit s'auto-guérir.

Ce n'est pas simple !
Un bon praticien, un mage, guérisseur ou sorcier de talent, doit avoir du charisme, être bon comédien et pratiquer la magie du verbe. Selon le patient, il est bon de l'impressionner par un cérémonial, de porter sur soi quelques artifices tels un talisman, un pantacle ou un gris-gris qu'il faut "charger" par un rituel (simulacre) au cours de la consultation.

Ces objets prennent le relais afin de permettre la guérison du patient. S'il pratique une religion, dites-lui que vous priez pour lui chaque soir, à une heure précise, afin de le brancher sur votre esprit en prise directe avec l'au-delà, avec votre guide, votre ange-gardien, un saint particulier, ou tout simplement avec la divinité.

Si votre consultant n'est plus croyant au sens traditionnel, s'il n'a plus confiance en Dieu, s'il veut ou accepte de faire appel à des «forces obscures», invoquez les démons ou même Satan en sa présence, et branchez-le par un cérémonial approprié (fumigations, grimoires, musiques syncopées) sur ces puissances infernales auxquelles il croit et auxquelles il attribue l'ultime pouvoir de le soulager.

Je ne crois qu'au pouvoir de l'argent !
Mais révéler cela au téléspectateur ou au lecteur, c'est le décevoir... Que resterait-il de David Copperfield s'il nous dévoilait ses trucs ? (Tous ces trucs, ces tours de magie sont brevetés et s'achètent, parfois très cher).

Personnellement, je ne crois qu'au pouvoir de l'argent. Et dans ce domaine aussi, - les nouvelles des journaux et de la télévision nous le prouvent chaque jour, Tout est possible !

Roland Bonnet - Saint-Germain Beaupré

Enquête

LA MAISON ÉLECTRIQUE
Chasseur de fantômes est un métier lucratif pratiqué par des médiums, des exorcistes, des curés défroqués, ou tout simplement par des gens comme vous et moi. Notre ami Roland Bonnet s'est improvisé chasseur d'esprits et ausculteur de maisons hantées à plusieurs reprises, à la suite de ses émissions télévisées. Il nous reconte ses interventions.

L'émission télévisée "Lorsque Satan était roi en Alsace" dont j'étais le producteur-délégué amena, bien évidemment à moi, pas mal de déséquilibrés et quelques personnes "sensées" ayant vécu ou vivant des situations bizarroïdes. Parmi elles, un jeune couple dont la maison faisait des siennes, se comportait comme un être facétieux, ou était visitée par un esprit particulièrement taquin.

Il s'agissait d'une maison ancienne rénovée. Toute l'installation électrique avait été refaite l'année précédente. Quand, brusquement, depuis deux mois, des phénomènes inquiétants à force de répétition, se produisaient. Il semblait qu'une main invisible actionnait les interrupteurs reliés à l'éclairage des différentes pièces et aux divers appareils électroménagers.

Le moteur d'un congélateur avait grillé, le tube cathodique d'un téléviseur avait implosé, etc. Pour ce couple, pas très porté au surnaturel, la maison était peut-être bien la proie d'esprits ou de démons et il avait demandé l'aide de l'Église. Le prêtre exorciste avait fait chou blanc, malgré prières et rituels appropriés.

Je visitai la maison, y séjournai deux jours et une nuit. Rien. Je l'auscultai à ma manière. Toujours rien. Puis je poussai mon enquête en dehors de la maison. Je découvris, grâce aux confidences de l'épouse de l'électricien qui avait travaillé sur l'installation électrique, que son mari employé par un installateur, avait travaillé au noir sur ce chantier. Au moment du règlement, le couple n'avait pas tenu ses engagements et refusé de payer l'ouvrier. Or, quelques mois après (et cela coïncidait étrangement avec le début des manifestations insolites dans leur maison), l'électricien était mort accidentellement, électrocuté, sur un autre chantier.

Vengeance posthume ?
Alors quid des phénomènes? Vengeance posthume de l'électricien blouzé? Je fis part de mes découvertes au couple, plutôt gêné, et même un peu effrayé. Pour les calmer, et du fait qu'ils m'avaient bien rétribué, - alors que je n'avais rien demandé -, je leur conseillai d'aller asperger discrètement d'eau bénite la tombe de l'artisan défunt. J'apportai même l'eau bénite, - qui de vous à moi ne l'était pas, - et je les accompagnai au cimetière, me fendis d'une prière bidon pour le repos d'une âme qui traînait peut-être dans la maison maudite, déjà bénie sans effet par le prêtre exorciste, sans doute avec de l'eau aussi peu bénite que la mienne !
La maison flambe
Résultat : quelques semaines plus tard, la maison flambait alors que le couple était en vacances. Fort heureusement pour eux, ils étaient très bien assurés.

Alors ? Etait-ce l'esprit du mort qui, agacé par nos simagrées autour de sa tombe, s'était énervé?

Etait-ce un coup monté par les propriétaires qui voulaient mettre un terme à leurs ennuis, qui avaient recommencé?

Etait-ce une malfaçon de l'artisan qui provoqua un court-circuit, puis l'incendie?

Etait-ce "autre chose" de plus terrifiant? Laissons-nous frissonner. Je n'ai jamais pu tirer l'affaire parfaitement au clair.

MATHILDE
Notre vie n'est plus possible, gémit ma correspondante au téléphone, l'esprit de grand mère hante notre maison et revient chaque nuit discuter avec notre fils Jérôme. De nous quatre, seule Mathilde n'est pas... dérangée.

Jérôme (12 ans), Mathilde (18 ans), leur père (45 ans), son épouse (39 ans) et Hélène, la grand-mère paternelle décédée à l'âge de 82-83 ans, avaient formé une famille des plus unies et des plus harmonieuses, comme on en voit très peu.

Jérôme adorait sa grand-mère qui l'avait pratiquement élevé. Lorsque la vieille dame tomba malade et dut s'aliter définitivement, Jérôme s'affola comprenant que sa grand-mère quitterait bientôt sa vie terrestre. Adepte du spiritisme, Hélène promit à son petit-fils de ne pas s'inquiéter, que la mort n'était pas une fin, mais un passage, et autres arguments bien connus chez les spirites, que rien ne pouvait les séparer, et qu'elle viendrait lui rendre visite, lorsqu'elle serait dans l'au-delà.

Hélène s'était éteinte en pleine nuit, alors que Jérôme regardait un film d'épouvante à la télévision ! Traumatisé par cette disparition tragique, Jérôme dut s'aliter à son tour et vécut, lui et sa famille, des heures pénibles, d'autant que l'esprit d'Hélène ne donnait pas signe de vie.

Je connaissais bien Mathilde, une fille passionnée d'illusionnisme que j'avais présentée à Gérard Majax et à quelques prestidigitateurs régionaux. De voir son frère miné physiquement et moralement, l'affectait profondément.

Hélène traverse le miroir
Quelques mois s'écoulèrent après la disparition d'Hélène, sans apporter un mieux dans l'état de l'inconsolable garçon, jusqu'au jour où Hélène traversa le miroir et se manifesta à grands renfort de raps avant de faire entendre sa voix. Pour le plus grand bonheur de Jérôme qui refit surface, recouvra santé et joie de vivre. Il ressuscita littéralement, alors que ses parents, effrayés, ne surent que penser, ni comment affronter une situation aussi insolite. C'est pourquoi ils firent appel à moi.

Je n'avais pas revu Mathilde depuis quelque temps, mais je m'étonnai qu'elle ne m'ait pas contacté elle-même pour me signaler cette singulière histoire. Lorsque je la revis au sein de sa famille dans leur maison hantée par l'esprit de la grand-mère, elle paraissait plus sereine, se félicitait de ce miracle, trouvait presque normal que la vieille demeure familiale soit devenue le théâtre de manifestations sonores venues d'outre-tombe. Pour elle, seule la "résurrection" de Jérôme comptait. Il me fallut une semaine pour découvrir le pot-aux-roses.

Mathilde était elle-même la "réincarnation" de la voix de la défunte Hélène. Pour sortir son frère de sa désespérance, notre mystificatrice avait mis à contribution cette fantastique faculté que nous négligeons plus ou moins : l'Imagination. comment avait-elle procédé ? Tout simplement en suivant des cours de ventriloquie au-près d'un prestidigitateur professionnel qui lui enseignait également le close-up (Manipulation spéciale pratiquée par les illusionnistes). Dénoncer Mathilde aux autres membres de la famille aurait provoqué à coup sûr un nouveau drame.

Ce fut à mon tour de faire fonctionner mon imagination. Une seule solution : faire intervenir Hélène, par l'intermédiaire de son "porte-parole". L'esprit de la défunte serait chargé d'une lourde mission : faire comprendre avec beaucoup de ménagements à son petit fils que les Esprits Supérieurs la contraignaient à franchir une nouvelle étape sur le chemin de la lumière éternelle et que - trois fois hélas - elle ne pourrait plus se manifester et dialoguer avec Jérôme. Mais, en rappelant avec insistance, histoire de mettre du baume au coeur du gamin et lui faire avaler la pilule sans trop de déception, que l'âme de grand-mère Hélène, à sa manière, invisible, discrète et muette, le protégerait de là-haut et lui permettrait d'éviter les écueils de l'existence. A moi d'écrire les textes pour Mathilde.

Durant 5 semaines, elle joua l'esprit de la grand-mère à la perfection. Par une vingtaine d'interventions, de plus en plus éloignées les unes des autres et de plus en plus courtes, elle tenta de convaincre son frère.

Complice
Complice de cette supercherie, j'espérais de toutes mes forces que notre plan n'échouerait pas. Il tint la route. Par contre, et cela je ne l'avais pas prévu, le père et la mère devinrent encore plus fanatiques de spiritisme que leur fils Jérôme. Au point d'aller se recueillir sur la tombe d'Allan Kardec à Paris. Ils fleurirent aussi quotidiennement la dernière demeure d'Hélène, auprès de laquelle ils priaient. Pour couronner le tout, ils s'inscrivirent à une association spirite dans le but de forcer l'esprit de la vieille dame à revenir parmi eux.
LA MAIN D'ALPHA
Je me souviens aussi d'avoir combattu et chassé un esprit inexistant (pour moi), mais bien présent quoiqu'invisible pour un vieux monsieur terrorisé, en projetant des flammes qui jaillissaient de ma dextre, grâce à un appareil utilisé par les illusionnistes appelé la "main d'Alpha". Peu habile de mes dix doigts, quand il s'agit de travaux manuels ou de manipulations spécifiques* utilisés par les prestidigitateurs, insuffisamment entraîné, j'avais failli me brûler. Ce qui n'aurait pas manqué de me faire passer pour un hurluberlu aux yeux de mon consultant, si je m'étais mis à jurer et hurler de douleur, en me débarrassant de ma "main d'Alpha".

J'ai aussi détecté de faux esprits avec un non moins faux compteur Geiger, et pratiqué de la géobiologie des plus fantaisistes, agrémentée de basse-magie, pour parvenir à mes fins. Car, très souvent, pour rééquilibrer un patient déphasé, il m'a fallu à son illusion en opposer une autre, plus acceptable, plus raisonnable celle-là, que je pouvais donc maîtriser puisque j'en étais l'auteur.

Mon rôle d'ausculteur de maisons perturbées fut comparable à celui d'un détective. Là, pas question de tricher. Observation, sagacité, lucidité, sang-froid, raison gardée, esprit critique, étaient de mise. Par contre, mon rôle d'infirmier auprès des habitants de demeures suspectes fut plus cool : fantaisie et déraison avaient autant d'importance que l'art de prêter l'oreille. J'ai alors joué les rôles conjugués de prêtre et de médecin de campagne dont, autrefois, la mission première était pour l'un comme pour l'autre, de savoir écouter et de donner l'impression de partager les angoisses, les appréhensions, les affres, les tourments de l'autre, pour les combattre et les vaincre ensemble.

Peu importaient les moyens, les procédés peu orthodoxes que j'ai estimés nécessaires. Seul, un résultat positif comptait. Mais je dois reconnaître que j'ai été également confronté à des situations jusqu'ici inexpliquées, à de véritables mystères.

Comment expliquer que, dans l'ancienne salle d'armes d'un château datant du temps des Croisades, la nouvelle propriétaire des lieux, - une femme très artiste, très romantique, mais remarquablement équilibrée - voyait de temps à autre son corps se couvrir de stigmates en forme de croix de Saint-André, grecques ou de Malte? Stigmates qui disparaissaient quelques heures après que la jeune femme ait quitté cette salle considérée depuis des générations comme étant hantée.

Par qui ? Par quoi ?

Roland Bonnet


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