SYLVIO CURMONDO
Une personnalité hors du commun

Curmondo
Sylvio Curmondo entre la bombarde et le donjon de Fouras
Dans les années 70, je reçois à la rédaction de Science et Magie, un petit ouvrage curieux d'un auteur inconnu : Le Triomphe des Anges par Sylvio Curmondo. Le texte en lui-même et les illustrations n'offraient rien de particulièrement transcendant si ce n'est un style, un ton, un sujet hors de toute mode, hors de l'air temps.

Il me proposait un autre ouvrage : Qui était Jeanne La Lorraine, Pucelle énigmatique L'Histoire a menti.

Intrigué, je reçus l'auteur, un Belge, avec qui je m'entretins durant plusieurs heures.

L'homme d'une exquise politesse, gardait de ses origines ce délicieux accent qui nous fait sourire, et j'appris, au fil de la conversation que Sylvio Curmondo n'était qu'un psenudonyme – on s'en doutait – et qu'il portait le beau titre de Marquis de Beauffort, que son frère le comte Geoffroy de Beauffort était un bibliophile renommé.

Je n'ai édité aucun de ces ouvrages qui sortaient trop du domaine populaire qui était alors notre fonds de commerce, mais je publiai dans Science et Magie, sa belle et passionnante Histoire des Clochers tors et quelques autres articles comme celui du mystère qui entoura la mort d'Albert Ier, le Roi Chevalier, textes que vous trouverez ci-après.

Lancastre
Manoir de Lancastre
J'ai rendu visite à Sylvio Curmondo qui demeurait alors à Fouras, s'étant séparé de son domaine de Lancastre près de St Ferreol. En fait Sylvio paraissait s'ennuyer, et il me semblait que cette nouvelle villégiature ne correspondaitt pas à ce qu'il en avait attendu.

En fait c'était plutôt sa femme qui se trouvait à l'étroit dans ce milieu petit bourgeois provincial.

Ils habitaient pourtant une belle maison arrangée avec goût, mais les parties de cartes entre voisins accompagnées du thé et des petits fours traditionnels ne suffisaient pas à cet érudit passionné.

Avant de repartir dans son pays, il écrivit une petite histoire de cette ville au passé prestigieux, Fouras, hier et aujourd'hui.

Curmondo Fouras 2
Sylvio Curmondo devant sa maison

La mort d'Albert Ier le Roi Chevalier
Le 17 février 1934, Albert Ier dit "le Roi Chevalier" se tuait au cours d'une escalade sur les bords de la Meuse, plongeant la Belgique dans l'affliction.

Son corps fut retrouvé tard dans la nuit et la terrible nouvelle n'éclata que le 18 à l'aurore.

A l'occasion du 60e anniversaire de la disparition du Souverain belge, un journal bruxellois rappelait que ce même 17 février 1934, à l'heure de la chute qui causa le décès du Roi, au cours d'une conférence faite au célèbre collège Saint-Michel, sis dans la capitale, un père jésuite par un étrange lapsus parla "de la mort admirable du Souverain", fait que, bien évidemment, il ignorait totalement…

Or, il se fait qu'un historien, témoin de l'événement dont il a transcrit les détails, en donne une version qui dépasse l'entendement.

Cela prouve combien l'Histoire, môme récente, est souvent sujette à caution ! Suivant ce témoignage de première main, il ne s'agissait nullement d'un jésuite, mais bien du père Samson, oratorien, disciple du père Labertonnière, très en vogue à cette époque de l'immédiat avant-guerre.

Au cours d'une conférence dont le sujet était précisément la mort, l'orateur, après avoir cité quelques exemples de décès célèbres s'était livré à une improvisation pour le moins surprenante, s'interrogeant sur ce que serait « la mort de votre admirable roi Albert. » Jamais il ne prononça les termes : « L'admirable mort du Roi Chevalier » ! Ceci démontre de façon péremptoire qu'en l'occurence, il ne s'agissait nullement d'un lapsus... mais de quoi, alors ? Mystère !

Sylvio Curmondo nous raconte une autre anecdote, datant de sa jeunesse. Cela dit, il existe de vrais miracles de ce type, mais il restent l'exception.

Soixante années en arrière
Avant la Seconde Guerre mondiale, le Quartier Léopold comptait parmi les bijoux de Bruxelles. La rue de la Loi, qui mène à l'Arc de Triomphe du Cinquantenaire, était encore une vaste et paisible artère, qui servait d'épine dorsale à une série de rues bordées de maisons bourgeoises caractéristiques et de magnifiques hôtels particuliers, fiefs de nombreuses familles aristocratiques.

Aujourd'hui, ces adorables immeubles ont disparu. Peu après l'Exposition Universelle de 1958, a débuté le massacre d'innombrables constructions d'un style charmant, qui ont fait place à d'horribles bâtisses abritant des "bureaux" d'un parfait anonymat.

Passant l'autre jour par la rue Joseph II, qui eut son heure de gloire, j'ai regardé avec épouvante l'édifice pharanonique qu'a érigé une société à cet endroit.

C'est ici, que le "miracle" s'est produit. Le souvenir d'événements passés s'était estompé dans ma mémoire : il y a ressurgi lorsque je me suis trouvé en face d'une triste mutilation des lieux...

Brusquement, je me vis ramené 60 ans en arrière. Des faits étranges, une aventure qui tourna à la dérision, me revinrent à l'esprit.

L'hôtel particulier, qui avait été rasé en 1990, s'étalait à la "une" des journaux de 1935. Il était occupé par le baron de Roisin, un sceptique, et par son épouse, fervente de pélerinages, bigote et crédule. Mes parents habitaient la maison voisine.

La rumeur se répandit
Un beau jour, on parla de christs qui saignaient, rue Joseph II ! La rumeur s'en répandit avec une incroyable célérité. Une longue queue se forma sur le trottoir, canalisée par des agents de police en tenue d'époque, avec leurs casques blancs immortalisés par Hergé.

On pénétrait dans l'hôtel par une vaste porte cochère, puis on accédait à l'étage par un superbe escalier. Traversant un somptueux palier rehaussé d'une vierge de Rubens, on entrait dans le premier salon, et on voyait, sur deux tables, des chapelets et des christs de diverses natures.

Toutes ces croix avaient "saigné", et, sous chacune d'elles, une tôte de Jésus, couronné d'épines, se détachait au milieu d'une énorme tache de sang, recueillie par un linge de soie blanche. La foule admirait le reste de la "collection" dans le second salon.

Le spectacle avait de quoi émouvoir et tout le monde criait au prodige ! Des journalistes, parfois venus de loin, s'affairaient en tous sens. Le crucifix de mon chapelet avait – bien entendu – lui aussi "saigné".

Pendant trois jours, plusieurs milliers de personnes défilèrent dans le bel hôtel, subitement hissé au rang des "endroits à voir absolument", admirèrent ces "objets de dévotion", et s'en furent pleinement convaincues qu'une nouvelle fois, le Ciel s'était manifesté.

Un faux miracle
Mon père et le baron, ayant tous deux des doutes, se rendirent à l'archevêché de Malines et alertèrent la police. Les enquôteurs remontèrent rapidement la filière : la baronne avait une richissime amie, aussi crédule qu'elle. Femme d'un opulent industriel, elle employait une servante. Cette dernière, poussée par une véritable haine de la Religion, avait monté de toutes pièces ce faux miracle. Un simple masque de plâtre et un seau de sang de poulet furent découverts dans une cave qu'elle avait louée.

L'affaire tourna court. On parla de manipulations anticléricales à propos de la domestique, et on oublia bien vite les phantasmes de la pauvre baronne. Il est vrai qu'avant 1940, on signalait en Europe une apparition miraculeuse par mois.

J'atteste que cette histoire est authentique : je n'ai changé que les noms des acteurs. S.C.

LE MYSTÈRE DES CLOCHERS TORS

par Sylvio Curmondo

LE MYSTÈRE DES CLOCHERS TORS
Puiseaux gravure ancienne
Curieusement, c'est en m'intéressant à Yolande d'Aragon, la prodigieuse belle-mère du Dauphin, qui monta de toutes pièces l'Affaire Jeanne d'Arc et qui possédait le château de Baugé, que je me suis heurté au mystère des "clochers tors". En effet, à quelques lieues au nord de Saumur, il existe cinq églises, dont les clochers présentent l'étrange caractéristique d'être littéralement "vrillés".
Disputes de spécialistes
Ces tours énigmatiques sont groupées dans un petit pays charmant - le Baugeois - où s'est également déroulée une célèbre bataille, qui vit l'armée française, sous la conduite du Dauphin, écraser les Anglais, le 22 mars 1421, victoire que les historiens ignorent superbement, Dieu sait pourquoi ?
Le Vieil-Baugé
Le Vieil-Baugé
Les "clochers tors" ont suscité de nombreuses querelles entre spécialistes, se voulant plus informés les uns que les autres. Mais on ne m'enlèvera pas de l'esprit qu'en l'occurrence, certains silences se révèlent particulièrement éloquents si j'ose dire ! En fait, nul ne connaît la vraie raison de ces remarquables anomalies, qui marquent le paysage, mais ne retiennent guère l'attention des cohortes d'automobilistes survoltés. Jusqu'ici, quantité de chercheurs ont en vain tenté de percer le secret de ces insolites architectures.

D'après certaines statistiques, il existerait 79 clochers "tordus" en Europe - 35 en France, 19 en Allemagne, 8 en Autriche, 8 en Belgique, 3 en Angleterre, 2 au Danemark, 1 en Italie et 3 en Suisse - dont l'immense majorité se présente sous forme octogonale.

Sur le total, 46 flèches "tournent" de gauche à droite, alors que 26 "virent" de droite à gauche. Et l'ensemble de ces mouvements giratoires ne dépasse jamais le huitième de tour, ce qui - sur pareille hauteur - ne représente qu'un pourcentage marginal, suffisant pourtant pour retenir l'intérêt d'un observateur moyen.

Où est la vérité ?
Les méthodes restrictives, voire ésotériques, utilisées jadis pour la coupe et le séchage des bois, n'ont nullement empêché les charpentes de "vriller", pas plus d'ailleurs que les procédés modernes, qui permettent d'abattre des arbres quasi en toutes saisons et d'utiliser des poutres à peine sciées. On notera qu'il existe des "tordus" de tous les âges.

Il va de soi que les villageois, voyant leur clocher prendre de curieuses allures, ont échafaudé de truculentes légendes. Presque chaque bourg possède la sienne. L'imagination populaire s'y donne libre cours et la plupart d'entre elles évoquent la main des fées ou tournent autour de facéties du diable, qui aurait - pour de multiples raisons - mis à mal l'édifice religieux local.

D'autres font état de noces où, pour mieux contempler la fête, la flèche se serait courbée et le Ciel aurait éternellement puni sa curiosité... Plus intéressante serait l'influence du vent, qui aurait exercé une sorte de torsion, à force de souffler dans la même direction.

Cette hypothèse me semble bien hasardeuse et ne s'expliquerait que dans le cas de charpentes légères et fragiles... et encore!

Quant au bois trop frais - qui se tord de gauche à droite en vieillissant - il ne résoud pas tous les problèmes, il s'en faut de beaucoup. D'aucuns ont évoqué la pluie, à la suite de la perte d'ardoises, d'autres ont prétendu que certains charpentiers "arrosaient" un peu trop leur ouvrage... sur place! Tout ceci reste, bien entendu, à démontrer. Un "ésotéricien" imaginatif s'est donné bien du mal à élaborer une thèse farfelue, mettant à contribution la Lune et ses pouvoirs attractifs et magiques !

Les Compagnons

A mon modeste avis - si quelque phénomène a pu se produire dans l'un ou l'autre cas pour l'une des raisons ci-dessus invoquées - l'œuvre géniale des "clochers tors" revient aux Compagnons et à eux seuls. Dans un domaine aussi complexe que la charpente, il est exclu d'attribuer à d'autres qu'à des spécialistes, détenteurs de secrets immémoriaux, une œuvre d'une aussi grande exigence, doublée d'une invraisemblable régularité.

Certaines de ces flèches ont pu se courber ou s'affaisser sous le poids des ans ou la violence des éléments (comme celle du clocher de Plougrescant que nous avons montrée dans le N° 41 de Science & Magie). Mais qu'un clocher devienne "tors" se révèle autrement difficile. On en connaît qui sont "vrillés" jusqu'à mi-course, puis droits ensuite. Du grand art ! Par leur dextérité, les Compagnons du Bois ont voulu montrer à tout un chacun qu'il n'est rien d'impossible à celui qui - possédant des procédés de fabrication réservés à une toute petite élite - est en mesure de réaliser ce que le vulgaire ne songera même pas à comprendre...

Clocher tors de Plougrescant
Clocher tors de Plougrescant

Témoignages :
LE VAMPIRE DE PONTIGNÉ
Un paysan d'Anjou, ruiné et couvert de dettes, s'était donné au diable pour éviter la prison. La nuit, une fois par semaine, il se transformait en chauve-souris pour commettre de mauvais coups. A la faveur de ce déguisement, le vampire commit tant de crimes et de désordres, que les villageois se virent obligés de faire venir un exorciste. Le prêtre, ayant forcé le diable à comparaître, lui demanda le nom de celui qui se dissimulait sous le déguisement, car, si l'on soupçonnait le fermier c'était sans la moindre preuve.
LE VAMPIRE DE PONTIGNÉ
Clocher tors de Pontigné

Le Malin l'indiqua à contre cœur
Le Malin l'indiqua à contre cœur. L'exorciste, en homme sage et avisé, épia le suspect et finit par le surprendre à l'instant de sa transformation. C'était dans le clocher de l'église de Pontigné que le paysan ensorcelé se réfugiait le soir venu, délaissant ses vêtements pour devenir vampire et, ainsi travesti, courir les campagnes à la recherche de sang frais.

L'exorciste ordonna au curé qui l'accompagnait de faire sonner les cloches, tandis que lui-même se rua sur le fermier juste au moment où il venait de changer de forme et s'enfuyait par une ouverture. Le saisissant par une patte, l'exorciste voulut le ramener dans le clocher, mais la bête le griffa sauvagement, se débattant comme un beau diable. Alors, d'un coup de crucifix le prêtre lui sectionna une patte qui lui resta dans la main.

C'était une main d'homme
Déséquilibré, le vampire s'envola à tire d'ailes, en poussant des cris épouvantables, entraînant le clocher dans sa fuite.

Le lendemain, les habitants de Pontigné découvrirent avec effroi la forme étrange qu'avait pris leur clocher.

En allant visiter le paysan suspect, l'exorciste, le trouva au lit, l'avant-bras enveloppé dans des linges sanglants, et l'on s'aperçut qu'il n'avait plus de main droite.

VIEIL-BAUGÉ

Clocher de Viel -Baugé

Le célèbre clocher de Vieil-Baugé, en Maine-et-Loire, est à la fois "tordu" et "courbé".

On y rapporte que, du temps de Yolande d'Aragon, deux ducs y épousèrent le même jour des sœurs jumelles.

A la sortie de l'office religieux, les jeunes épousées sacrifièrent au rite de "l'embrassade publique".

Mais, scandale ! elles se mirent l'une comme l'autre, à échanger les plus tendres baisers, chacune avec... son beau-frère !

Gaillards, les nombreux invités de la noce, d'abord stupéfaits, furent pris d'un formidable fou-rire qui s'entendit des lieues à la ronde. Et le clocher, amusé par la scène, se "tordit" de rire, lui aussi !

SAINT-OUTRILLE

Le clocher de Saint-Outrille

Le clocher de Saint-Outrille, dans le Cher, est d'abord "tordu", puis droit... le grand art !

Deux légendes se rapportent à cet étrange clocher. La première veut que cette flèche se redresse lorsque trois jeunes filles – vierges et originaires du lieu – se marieront, le même jour, dans l'église qui la supporte.

La seconde prétend qu'une vieille femme voulut déloger le diable, qui avait élu domicile au sommet de la tour.

Effrayé, le Malin prit la fuite en hurlant. Mais, furieux d'être chassé de son perchoir, il tordit le clocher d'un seul coup de son énorme queue, qu'il avait enroulée au faîte de l'édifice.

LES CLOCHERS TORS INTRIGUENT...

Les clochers tors

Clocher tors de Rochechouart (Limousin)
Qu'ils soient "irréguliers", "vrillés", "tordus", "grotesques", "tournés", "flammés", "hélicoïdaux", "en spirale", "enroulés", "en volutes", "à arêtes courbes","en pyramide octogonale spiralée", "tortus", "en limaçon", ou, selon le langage populaire, "saoûls", "bourrés" ou "endiablés", les clochers tors ont fait couler beaucoup d'encre.

Longtemps, des spécialistes se disputèrent sur l'origine de leur curieuse apparence que les uns attribuaient à la volonté délibérée d'un constructeur, d'autres aux forces de la nature, les plus imaginatifs à des interventions surnaturelles, angéliques mais le plus souvent diaboliques.

En fait, comme le suggère notre ami Sylvio Curmondo et la plupart des architectes contemporains, si quelques clochers tors le sont devenus par accident, la plupart ont été conçus par des compagnons inventifs, élaborant leur "chef d'œuvre" en grandeur nature, hypothèse corroborée par les admirables plans qui nous sont parvenus.

La Société Archéologique de Puiseaux et l'Association "Les Clochers tors d'Europe", s'efforcent de réunir tous les documents à leur sujet et ont publié un remarquable ouvrage illustré dont nos lecteurs trouveront la référence plus loin.

SAINT-MAURICE DE MERVANS

Mervans, en Saône-et-Loire

Mervans, en Saône-et-Loire, possède un très curieux clocher "tors". Rares sont les "clochers flammés" recouverts de tuiles comme celui de Mervans, qui date de la Renaissance. L'histoire et les légendes entourant cet édifice valent la peine d'être contées. Au Moyen-Age, la bourgade était surtout connue pour sa léproserie. L'église de Mervans, elle, date du XIVe siècle. Elle a toujours été placée sous le patronage de saint Maurice. (voir encadré).
Les faits marquants
Des événements qui ont émaillé son histoire, nous retiendrons quelques faits marquants :

– D'abord cette messe de "purification" qui y fut célébrée, le 21 septembre 1636 après la prise de Verdun-sur-le-Doubs par les Impériaux commandés par Lamboy et Forkak, général des Croates.

– En 1764, selon le bulletin paroissial, «François Chauveau, couvreur à thuile domicilié à Ourouxest mort de la chute du cloché de Mervans le 7 juillet 1764 et a été enterré après être relevé par la justice le lendemain.»

– En 1793, une bande de révolutionnaires de 12 hommes et plus venant des communes voisines fit irruption dans l'église pour la dévaster. Ils dirigèrent leurs armes sur un bas-relief en bois sculpté représentant les saintes femmes au pied du crucifix. Leurs fusils s'enrayèrent et aucune des balles ne partit. C'est ainsi que cette œuvre précieuse fut miraculeusement épargnée.

– Des trois cloches de l'église, les deux plus petites furent volées durant la révolution.

– Dans la nuit du 3 au 4 avril 1902, une grande partie de l'église s'effondra. La veille de l'accident, un architecte avait inspecté l'église et déclaré qu'elle n'était pas en mauvais état. Mais miraculeusement son célèbre clocher flammé, fièrement dressé au-dessus de son antique charpente, sortit indemne de l'éboulement de l'église. L'église dut attendre plus de vingt ans avant d'être restaurée.

– En 1908, le conseil municipal envisagea même la vente du clocher, de sa cloche de 1509 et de l'horloge, pour la somme de 2.030 F. Cette décision fut annulée, car elle prévoyait la démolition du clocher aux risques et périls de l'éventuel acquéreur et la transformation du cimetière entourant l'église en place publique.

– L'église restaurée fut bénie le 9 août 1925.

LÉGENDES

Le clocher flammé de Mervans

Le clocher flammé de Mervans dont la construction date de la période flamboyante du gothique anglo-normand est à l'origine de curieuses légendes. L'une raconte "que le clocher de Mervans aurait été construit en une seule nuit par des fées, laissant quelques trous à dessein. Ces trous n'ont jamais pu être bouchés car tous les matériaux qu'on y mettait tombaient d'eux-mêmes".

Dans sa Légende du clocher de Mervans, le poète Claude Perraut rapporte que Maître Crétin compagnon charpentier, installé dans la flèche du clocher, jeta vers minuit un plein seau d'eau bénite sur Satan en train de tordre le clocher. Le Malin, couvert d'horribles brûlures, s'enfuit, laissant le charpentier abasourdi devant son clocher irrémédiablement tordu.

Source :Sylvie Monin : L'église de Saint-Maurice de Mervans

LA LÉGENDE DE SAINT-MAURICE

La légende de Saint-Maurice

En 285 de notre ère, à Agaune - aujourd'hui Saint-Maurice dans le Bas-Valais (Suisse) -, Maurice commandait, avec son adjoint Candide, une légion romaine entièrement composée de soldats chrétiens. Cette légion était appelée «thébaine» parce que ses soldats avaient été recrutés à Thèbes, en Égypte. L'empereur Marcus Aurelius Valerius Maximianus (250-310) plus connu sous le nom de Maximien, venait d'être déclaré "Auguste" et de se voir confier la conduite de l'Empire d'occident par Dioclétien.

L'Empire romain alors en plein marasme politique, connaît également des luttes d'influence religieuses. Alors que Dioclétien conserve Jupiter comme dieu protecteur, il impose Hercule comme dieu tutélaire à son protégé. De passage dans le Valais, avec des troupes importantes, Maximien veut restaurer dans l'armée le respect dû aux dieux traditionnels de Rome. Apprenant que les chefs et les soldats de la Légion thébaine s'étaient convertis au christianisme, il leur enjoignit de sacrifier à Hercule ainsi qu'aux dieux tutélaires de la Rome païenne. Maurice le centurion, Candide et la plupart de leurs hommes, refusèrent. Alors, les surprenant par ruse, Maximien les fit massacrer jusqu'au dernier.

Saint Maurice donnera son nom à la ville près de laquelle il mourut. Il devint le saint national de l'Helvétie lorsque Sigismond roi des Burgondes y eut fondé un monastère, sur le lieu de son martyre, en l'an 517. Son enseigne, croix blanche sur fond rouge, deviendra l'emblème national de l'Hélvétie et demeure aujourd'hui encore celui de la Suisse (confédération helvétique).

LE DÉMON DE L'ÉGLISE DE MERVANS
Un voyageur anglais de la fin du XIXe siècle, originaire de Chesterfield, cité britannique qui possède elle aussi un clocher "tors", séjourna plusieurs mois en Bourgogne. Dans ses carnets de route, il narre à sa manière, l'histoire du clocher vrillé de Mervans. « Ce curieux édifice survécut à plusieurs cataclysmes. La première fois ce fut la foudre qui embrasa le clocher, la seconde fois une forte tempête décoiffa l'église, la troisième la guerre passa par là.

Les anciens du village racontent que, dans le temps, une bohémienne brûlée vive pour faits de sorcellerie, aurait maudit le curé de Mervans qui l'avait dénoncée, et jeté un sort sur l'église. Ainsi, durant des lustres, un vilain diable pervers s'installa dans le clocher, narguant les villageois par ses niches, ses facéties et ses calembredaines, troublant les messes par des pets sonores et des exhibitions inconvenantes.

Le vil petit gnome osait même, sans vergogne, déféquer et uriner sur les fidèles à la sortie de la messe, et, la nuit, il empêchait les curés successifs de dormir en leur inspirant des songes lascifs. Le jour où les villageois, désireux de retrouver la paix, en appelèrent à l'évêque pour qu'il délègue des frères exorcistes afin de le chasser, le démon se vengea en tordant le clocher dans sa fuite.»

Chesterfield et son clocher tors
Chesterfield et son clocher tors

Eglise Saint-Jean à Liège (Belgique)
Église Saint-Jean Baptiste à Liège (Belgique). Clocher composé d'une tour carrée, romane, datant du XIIIe siècle, surmontée d'une flèche de 28 mètres, recouverte d'ardoise et qui tourne de 1/8e de tour, de gauche à droite. Elle subit aussi un dévers de plus d'un mètre. La torsion serait due à un défaut de construction !

Accueil          Guide du Mystère        Mélusine