Conseils
pour celle que la passion a conduite au crime

par Sœur Saint-Chrisostome
Le poison est stupide et cruel, le lacet compliqué et laid, la noyade souvent impossible, le vitriol sans résultat définitif; le couteau est bien, mais dans le ventre, parce que plus haut on rencontre les côtes et le revolver est mieux.

La meilleure mort est la mort sans phrases. Il est déplorable que la victime ait le temps de s'expliquer avec la police. La victime manque généralement de générosité et fait des déclarations contraires aux intérêts de la défense.

Dissimuler le cadavre dans une malle, s'enfuir et nier donnent à penser qu'on est coupable. Il vaut mieux aller pleurer tout de suite chez le commissaire. Un crime avoué est à moitié pardonné.

Si l'on a un peu de religion, on est très bien vue à Saint-Lazare.

Dire la vérité à son avocat, c'est ébranler sa conviction et lui ôter de sa force.

Il est excellent de citer quelques personnes honorables qui viendront affirmer qu'elles ne savent rien de l'affaire, mais que l'accusée est incapable d'avoir fait ce qu'on lui reproche. L'accusée l'a fait mais les jurés en sont moins sûrs.

Lorsque tout est fini et que le président demande à l'accusée si elle a quelque chose à ajouter à sa défense, il n'est pas mauvais de dire : « Je l'ai tué, mais je lui pardonne ».

Après l'acquittement, on peut remercier les jurés. C'est leur donner un bon encouragement. Mais il faut être bref et ce n'est pas une nécessité. Le verdict est acquis et ce sont des paroles inutiles...

Signé : Sœur Saint-Chrysostome,
de la Rémission des Péchés,
ancienne Sœur tourière de Saint-Lazare

Trouvé dans un Crapouillot datant de 1953

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