Aimé Richardt : Jean Hus


JEAN HUSS
(1371-1415)
Précurseur de la Réforme


Un livre d'Aimé Richardt
Bien que né dans une très modeste famille de Bohême, Jean Huss - ou Jan Hus - fit de bonnes études à l'Université de Prague, qui le conduisent au baccalauréat en théologie et à la maîtrise ès arts libéraux (1396). Ordonné prêtre en 1400.

Sa carrière fut brillante. Doyen de la faculté de théologie de Prague, il enseigna à l'université et y remplit des fonctions importantes, dont celle de recteur en 1409-1410, bénéficiant de la protection du roi Venceslas Ier, souverain contesté, en conflit avec son archevêque.

Dans un premier temps, Jean Huss se montra loyal envers l'Église et ses supérieurs à qui il devait tout, entra dans les ordres, obtint de nombreux titres et se vit choisi comme chapelain par la reine Sophie de Bavière, sa souveraine.


Aimé Richardt
Jean Huss précurseur de Luther

En 1402, Jean Huss fut nommé prédicateur à la chapelle de Bethléem à Prague, où ses prêches attiraient jusqu'à 3000 personnes.

Grâce à son intelligence, à sa foi très vive et à son charisme, Jean Huss, eût accompli une brillante carrière s'il n'avait pris connaissance des écrits hérétiques de John Wyclif (1330-1384) et ne se fût senti blessé et troublé dans ses convictions par les déplorables dérives du haut clergé.

Sa vie se déroulant lors du grand schisme d'Occident (1378-1417), les excès et les oppressions exercés envers ses concitoyens l'amènent à douter de la justesse de l'enseignement de l'Église romaine par rapport aux Évangiles, et à remettre en cause sa loyauté personnelle envers une Papauté dissolue et divisée. (En effet, plusieurs papes rivaux, installés à Rome, en Avignon et à Pise, se disputaient férocement la primauté, instaurant une papauté tricéphale.)

Nonobstant ses doutes, Jean Huss poursuivit sa mission pastorale, prêchant dans la langue du peuple pour mieux se faire comprendre, vitupérant la richesse des prélats, la simonie du trafic des indulgences, leur vie scandaleuse. En 1409, lorsque les écrits de John Wicliff furent condamnés par une bulle pontificale, qui ordonna la destruction de ses ouvrages, il prit sa défense.

S'ensuit une période de sévères algarades, de disputes théologiques acerbes, de coups bas, de trahisons, au cours de laquelle Jean Huss se défend pied à pied, attaquant souvent avec panache. Mais ses adversaires, qui s'entredéchiraient entre eux, surent se liguer contre ce réformateur, ami du peuple, des pauvres, trop ardent contempteur de leurs vices, de leur arrogance et de leurs simonies.


Le 6 juillet 1415, Jan Huss, selon le jugement du concile de Constance qui le condamnait comme hérétique, fut ‚æréduit à l'état la¥cæé et conduit au supplice. Le bourreau lui arracha les vêtements., l'affubla d'une mitre de carton sur laquelle sont peints des diables. Il est emmené vers le bûcher au milieu d'une foule en colère : on le lie au poteau, entouré de paille humide et de fagots et le feu est mis au bûcher.
Aimé Richardt


Aimé Richardt (à gauche) lors de la présentation d'un de ses livres
« Chaque nouveau livre d'Aimé Richardt est une agréable découverte » ai-je dit en parlant de son Érasme.

De formation scientifique, il écrit des ouvrages qui ne sont jamais un pensum d'homme de lettres, ne suintent pas l'ennui d'un produit universitaire. Ses biographies secrètent un parfum subtil et nous incitent à mieux connaître la personnalité qu'il décrit sans pédantisme.

Avec Jean Huss, Aimé Richardt nous plonge dans cette époque complètement folle de la fin du Moyen-Age, où l'on s'entretuait pour des idées, on s'égorgeait pour des symboles, on se massacrait pour des virgules, où l'on enfermait dans des couvents de jeunes vierges, filles puînées, pour s'approprier leur héritage. Une époque où trois papes se disputaient le trône pontifical, où l'on brûlait des saintes comme sorcières, où l'on crevait les yeux, châtrait, noyait des enfants pour favoriser l'accession au pouvoir d'un frère préféré ou privilégier le bâtard d'une favorite.

Aimé Richardt navigue dans ces périodes troubles, ces milieux malsains, avec une jouissance de gourmet. Il possède l'art et la manière de parler librement de ces personnalités hors du commun, qu'il n'a évidemment pas connues, qu'il n'aime pas forcément, dont il ne partage ni les croyances ni les appétences, mais dont il sent le caractère exceptionnel, dont il a saisi l'essence rare, même si elle lui semble parfois nauséabonde.

Il sait nous communiquer les sentiments de ses personnages comme nul historien professionnel, agrégé, englué dans les exigences universitaires, ne saurait le faire. Comme Balzac, il picore les vers luisants, collectionne les pépites, harmonise les nuances, cisèle des caractères inoubliables.

J'ai lu personnellement la plupart des ouvrages d'Aimé Richardt, auteur atypique et attachant, gardant de chacun d'eux le souvenir indélébile dont il veut faire bénéficier ses lecteurs. (MS)



Monument Jean Huss érigé à Prague en son souvenir

 

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