L'histoire du château de Bourron a été contée cent fois par de plus savants que moi. Par Henri Froment (1) notamment. Je vais donc me contenter d'en retracer quelques pages curieuses en feuilletant les souvenirs de ses hôtes de passage.Le jeune Robert-Louis Stevenson, qui préférait Grez ou Moret à Bourron, écrit *:
«Nemours et Moret, bien qu'étant très pittoresques, ont été peu fréquentés par les peintres. Ce sont en vérité des bourgades trop populeuses ; elles ont leurs manières à elles et seraient en mesure de résister au sévère processus de colonisation. Montigny a été quelque peu négligé, ce qui est étrange. Achères et Recloses attendent toujours un pionnier.
Quant à Bourron, il n'en est pas question, car ce n'est qu'un autre Gretz sans la rivière, sans le pont ni la beauté et de tous les lieux possibles à l'ouest de la forêt, seul Marlotte mérite d'être mentionné.
Je connais à peine Marlotte et, très probablement pour cette raison, je ne m'y sens guère attaché. L'endroit m'apparaît comme un hameau tape-à-l'œil et disgracieux. L'auberge de la mère Antonie (sic) est sans attrait et sa principale rivale, bien qu'assez confortable, est banale.
Marlotte a un nom; c'est un endroit célèbre; si j'étais un jeune peintre, je le laisserais seul à sa gloire. Que le jeune peintre aille plutôt à Fontainebleau et pendant qu'il s'abrutit d'études qui lui apprennent l'aspect mécanique de son métier, qu'il aille marcher au grand air et se faire le serviteur de la gaieté et, sans cueillir ni herboriser, qu'il suive les humeurs de la nature. C'est ainsi qu'il apprendra - ou apprendra à ne pas oublier - la poésie de la vie et de la terre, ce qui, quand il aura trouvé sa voie, le protégera d'une reproduction sans joie.
Quant au château, petite copie médiocre de celui de Fontainebleau, il accueille des bourgeois et des nobles prétentieux, qui n'ont de conversation que le fusil à la main, et dont un véritable artiste n'a que faire. »
* Extrait de "Fontainebleau, village communities of painters" (dans Across the plains with other memories and essays", 1900) et de "Forest notes" (dans Letters and Miscellanies.
